Algérie 1989-1990 Succès électoral des islamistes Le succès électoral des intégristes du Front islamique du salut (FIS) et l'effondrement du...
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Algérie 1989-1990
Succès électoral des islamistes
Le succès électoral des intégristes du Front islamique du salut (FIS) et
l'effondrement du Front de libération nationale (FLN) sont les deux événements
politiques qui, l'un découlant de l'autre, ont marqué l'année 1990.
La révolte
de la jeunesse en octobre 1988 avait dynamité près de trente ans de dictature du
parti unique, contraignant le chef de l'État Chadli Bendjedid à promettre des
"réformes" qui allaient changer le paysage politique algérien.
En février 1989,
une nouvelle Constitution entérinait ainsi le multipartisme.
Seize mois plus tard, le 12 juin 1990, les premières élections libres de
l'Algérie indépendante faisaient l'effet d'un coup de tonnerre.
Sauf dans les
grandes villes, la bipolarisation aura été la règle compte tenu de l'appel au
boycottage lancé par le FFS (Front des forces socialistes) de Hocine Aït-Ahmed
et par le MDA (Mouvement pour la démocratie en Algérie) d'Ahmed Ben Bella.
Le
FIS s'est emparé de toutes les grosses concentrations urbaines, parvenant aussi
à s'implanter dans les villes moyennes et dans les campagnes.
Les islamistes ont
ainsi obtenu 54,25% des voix des votants pour les municipales et 57,44% pour les
assemblées de willayas contre 28,13% et 27,53% au FLN.
Le nombre important des
abstentions - officiellement 35,86% - a notamment souligné que cette
bipolarisation a été vécue comme un choix impossible entre la peste et le
choléra.
Les "indépendants" ont remporté pour leur part 11,66% des voix, le
Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) 2,08% et le Parti national
de la solidarité et du développement (PNSD), 1,64%.
La participation a été très
faible en Kabylie (20%).
Le rejet plus fort que la peur
L'Algérie n'a pas pour autant sombré dans l'intégrisme.
En raison de son
caractère local ce scrutin ne remettait pas immédiatement en cause l'équilibre
institutionnel du pays.
On a assisté avant tout à un vote-sanction contre le
FLN, symbole d'un pouvoir et d'un régime usés jusqu'à la corde.
Le vote FIS a
exprimé le comportement oppositionnel de toute la rue algérienne.
Celle-ci n'a
pas tant opté pour un projet religieux, que contre un système jugé "illégitime",
"corrompu" et indifférent aux préoccupations quotidiennes de la population.
Bénéficiant d'un vide politique de trois décennies qui les a fait apparaître
comme les "repreneurs" d'un pouvoir déliquescent, les islamistes étaient devenus
en effet les seuls dépositaires d'un discours politique et social contestataire
et radical, voire d'une certaine utopie solidariste et du populisme véhiculé
hier par l'ex-parti unique.
Le FLN, en fermant les yeux sur les actes d'intolérance et les exactions des
islamistes, voire en les manipulant, croyait tirer profit de la peur qu'ils
inspiraient.
C'est le contraire qui s'est produit, le rejet de la politique
menée depuis l'indépendance se révélant plus fort encore que cette peur.
Les dissenssions internes qui ont continué à miner l'ex-parti unique ne l'ont
par ailleurs pas aidé à affronter le FIS.
En septembre 1989, le chef de l'État,
Chadli Bendjedid limogeait le Premier ministre Kasdi Merbah qui fut pendant
quatorze ans le chef de la redoutable Sécurité militaire, et était accusé de
ralentir l'application des réformes.
Mais la nomination pour lui succéder de
Mouloud Hamrouche, un technocrate compétent, fidèle de Chadli, ayant joué un
rôle de premier plan dans l'élaboration des réformes mais ne possédant pas
l'autorité nécessaire pour les faire appliquer, n'a pas suffi à rompre avec la
logique d'un FLN parti hégémonique, sinon unique.
Les grandes marches du printemps
Cette nomination n'a pas empêché davantage la poursuite des sempiternelles
luttes de pouvoir.
De retour au Comité central du parti, à l'occasion de son VIe
congrès en novembre 1989, les "barons" de l'ère boumediéniste ont mené la vie
dure à Chadli et à son gouvernement, contestant un Bureau politique dont ils
étaient exclus, et réclamant pour certains le retour de l'ancien président Ahmed
Ben Bella.
Un débat souvent dérisoire car se déroulant entre des hommes
totalement coupés de la masse de ceux qui peuvent voter, se mobiliser ou
provoquer une explosion dans le pays.
Le succès d'une marche du FLN, le 17 mai, qui réunit quelque 200 000 personnes
ramenées de tout le pays par trains, bus, avions et même bateaux, a pu abuser
ses responsables.
Cette marche était l'avant-dernière d'une série qui a marqué
le premier semestre de 1990 ; la rue devenant en quelque sorte un institut de
sondage grandeur nature.
En effet, le 8 mars, 5 à 6 000 femmes manifestaient
dans les rues d'Alger pour réclamer l'abrogation du code de la famille et
l'égalité des droits avec les hommes.
Le 20 avril, le FIS organisait une
démonstration de force devant la présidence de la République, exigeant la
dissolution de l'Assemblée nationale populaire et des élections législatives
dans les trois mois.
Ce rassemblement impressionna plus par sa discipline
paramilitaire et son silence mortuaire que par son nombre (de 60 000 à 70 000
personnes).
Le FLN y perdait
Co
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Encyclopédie de l'État du monde
encore de son crédit en annulant, par crainte de ne pas tenir la comparaison, la
manifestation qu'il avait convoquée le même jour.
Le 10 mai, 80 000 personnes dont plus d'un tiers de femmes - marchaient à Alger contre la violence,
l'intolérance et pour la démocratie, à l'appel de quatre partis dont le RCD et
le PAGS (Parti de l'avant-garde socialiste).
Aidée par un soutien médiatique
considérable, cette marche a en tout état de cause marqué l'éveil de la....
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