Algérie 1990-1991 État de siège L'année 1991 devait être celle de la consolidation du processus démocratique avec la tenue des...
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Algérie 1990-1991
État de siège
L'année 1991 devait être celle de la consolidation du processus démocratique
avec la tenue des premières élections législatives pluralistes de l'Algérie
indépendante.
Quelle que soit l'issue de ce scrutin qui a été reporté, cette
année aura été marquée par le fait que, pour la seconde fois en deux ans et
demi, l'armée est intervenue pour rétablir l'ordre.
1990 avait vu le succès, lors des élections municipales du 12 juin, du FIS
(Front islamique du salut), qui avait exigé la tenue d'élections législatives
anticipées.
Mais cette victoire, pour l'essentiel, fut surtout une défaite du
FLN (Front de libération nationale), le parti au pouvoir depuis l'indépendance
en 1962, symbole d'un système usé jusqu'à la corde.
La tolérance du gouvernement à l'égard des islamistes jusqu'au début de 1991
aura permis au FIS d'occuper le terrain et de multiplier les actes
d'intimidation, face à un pouvoir n'en finissant pas de se déchirer.
On a ainsi
assisté, au cours du second semestre 1990, à la marginalisation - ou au départ de plusieurs responsables de l'ancien parti unique et de l'ancien appareil de
sécurité.
Le 22 septembre, le chef de l'État Chadli Bendjedid annonça la
dissolution de la Sécurité militaire (SM).
La redoutable police politique
devenait, du moins officiellement, un organisme chargé du seul
contre-espionnage.
L'assassinat, en octobre, de Saïd Mécili, un cousin d'Ali
Mécili - l'opposant algérien abattu à Paris en 1987 sur ordre de la SM -, a
cependant montré les limites de cette dissolution.
Élections ajournées
Auparavant, le remaniement gouvernemental du 25 juillet 1990 avait introduit une
nouveauté de taille, significative du rôle de l'armée, en recréant le poste de
ministre de la Défense, confié au général Khaled Nezzar; cette fonction était
assurée depuis 1965 par le président de la République.
L'année s'est achevée sur une démonstration de force, le 27 décembre, du Front
des forces socialistes (FFS) dirigé par Hocine Aït-Ahmed, qui a réuni à Alger
plus de 500 000 personnes "contre l'intolérance politique et religieuse" et
contre la loi sur l'arabisation adoptée précipitamment la veille par l'Assemblée
nationale.
La gestion du phénomène islamiste - sur lequel se sont greffées les luttes
internes du régime - allait bouleverser les échéances du pays.
Les principaux partis avaient vu dans les dispositions de la loi électorale
devant s'appliquer pour les législatives du 27 juin 1991 une volonté de
"truquage".
Mais c'est le nouveau découpage électoral, qui défavorisait avant
tout le FIS, qui a mis le feu aux poudres.
Le 25 mai, ce dernier proclama une grève générale "illimitée" jusqu'à obtention
du changement de la carte électorale et d'une élection présidentielle anticipée.
La perte de popularité du FIS - liée à la déception causée par sa mauvaise
gestion des communes, la découverte de stocks d'armes chez certains de ses
militants et la concurrence de deux partis islamiques, An-Nahda Islamiya de
Abdallah Djaballah dans le Constantinois et surtout Al Irshad wa Islah de cheikh
Nahnah - pouvait sans doute expliquer son refus d'accepter un futur verdict des
urnes moins favorable qu'espéré.
De plus, la guerre du Golfe avait terni son
image.
Après avoir renvoyé tout le monde dos à dos, le mouvement, pourtant
financé par l'Arabie saoudite, s'était spectaculairement rallié à l'Irak dans
l'espoir de capitaliser les sentiments pro-irakiens de la population.
L'échec relatif de sa grève générale allait conduire les islamistes à une
dangereuse escalade.
Ils multiplièrent marches de protestation et occupations
des places de la capitale jusqu'à la première intervention, le 2 juin, des
brigades anti-émeutes.
A l'aube du 5 juin, après trois jours d'affrontements
violents et plusieurs morts à Alger, Chadli Bendjedid annonça l'état de siège,
la démission du gouvernement et le report des élections législatives.
Mais à
peine désigné le nouveau Premier ministre - Sid Ahmed Ghozali -, le pouvoir
allait permettre au FIS de présenter sa défaite sur le terrain comme une
victoire politique.
Les autorités annoncèrent en effet, outre la tenue d'un
scrutin législatif, une élection présidentielle anticipée.
Le 25 juin, la décision....
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