Algérie 1994-1995 Une "guerre sans chiffre" Encadré : La plate-forme de Sant' Egidio L'année 1994-1995 n'a laissé aucun répit à...
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Algérie 1994-1995
Une "guerre sans chiffre"
Encadré : La plate-forme de Sant' Egidio
L'année 1994-1995 n'a laissé aucun répit à l'Algérie dont la population s'est
trouvée confrontée à la montée en puissance du "terrorisme islamiste" et à la
répression accrue et "sans états d'âme" des forces militaires et paramilitaires.
A la mi-1995, le nombre des victimes de cette double violence dépassait, sans
que l'on puisse toutefois en donner un bilan précis, le chiffre de 30 000 morts,
avancé fin 1994 par le département d'État américain.
La "guerre sans image" dans
laquelle s'est trouvé plongé le pays après l'arrêt du processus électoral et
l'instauration de l'état d'urgence en janvier 1992 est aussi apparue comme une
"guerre sans chiffre", puisque le gouvernement contrôlait totalement
l'information en s'assurant de la docilité des médias.
Les deux parties en lutte, pouvoir et islamistes, ont cherché, au travers
d'attentats spectaculaires et d'opérations "coup de poing", à faire basculer le
rapport de forces, chacune en sa faveur, ne réussissant toutefois à obtenir
qu'un relatif équilibre, remis quotidiennement en cause par les actions des uns
et des autres.
Selon certaines sources, à cette date, un tiers du "pays utile"
(nord de l'Algérie) échappait totalement ou en partie au contrôle des
militaires.
Ces derniers, en revanche, avaient encore bien en main la majorité
des villes et en particulier la capitale, Alger, mais les quartiers populaires
restaient le vivier où venaient puiser les groupes islamistes armés circulant en
toute impunité dans de larges zones suburbaines.
Sur le terrain, les bilans disponibles, officiels mais partiels, ont confirmé la
recrudescence des accrochages et l'âpreté des combats entre les troupes d'élite
de l'armée et les groupes armés islamistes, les plus radicaux se rangeant sous
la bannière du Groupe islamique armé (GIA).
Ce dernier, aux structures et aux
effectifs peu connus - 2 000 à 3 000 militants selon les sources les plus
fiables -, "éclatés" en petites cellules ayant chacune un "émir" à sa tête, et
qui se serait surtout implanté à l'Est et dans le Centre, a revendiqué la
plupart des attentats qui ont ensanglanté le pays et les assassinats
d'étrangers.
L'extension des violences
Le 30 janvier 1995, un attentat à la voiture piégée, contre le commissariat
central de la capitale, a fait 42 morts et 286 blessés, pour la plupart des
civils.
Cette spectaculaire attaque suicide à la voiture piégée, revendiquée par
le GIA, a donné le coup d'envoi à une série d'attentats à l'explosif visant des
édifices publics, des immeubles abritant des familles de policiers, des
infrastructures routières, etc.
Au total et selon le ministre de l'Intérieur
d'alors, Abderrahmane Meziane-Cherif ("homme fort" du cabinet Sifi, limogé le 2
juillet), 2 725 actes de sabotage ont été commis en 1994 contre "des secteurs
touchant à la vie quotidienne des citoyens".
Les groupes armés ont ainsi
incendié plus de 600 écoles, 224 mairies ou sous-préfectures, 1 218 camions, 356
autocars et minibus, 7 locomotives...
Par ailleurs, la violence a gagné des régions jusque-là épargnées.
Ainsi en
est-il allé de la Kabylie, aux portes d'Alger, qui s'enorgueillissait d'être une
"petite Suisse" algérienne, et des régions sahariennes du Sud, où se trouvent
concentrés les champs pétrolifères et gaziers, principales sources de recettes
en devises du pays.
Le relief montagneux de la Kabylie favorise l'implantation
de maquis ou, du moins, de zones de repli provisoire.
Assassinats, coups de main
contre les villages pour récupérer des fusils de chasse, affrontements entre
islamistes armés et forces de sécurité ont attesté que la situation dans cette
région s'est dégradée d'une manière inquiétante.
Au sud, le 5 mai 1995, un
commando armé a mené une attaque contre les locaux d'une filiale algérienne de
la compagnie américaine Bechtel à Ghardaïa, à 600 km d'Alger.
Cinq étrangers y
ont été tués.
Dès lors, les milieux pétroliers internationaux n'ont plus caché
leurs inquiétudes de voir les islamistes s'attaquer à un secteur jusque-là
épargné par les attentats.
L'armée, qui a eu à gérer deux périodes d'état de siège, en octobre 1988 - après
la sanglante répression d'émeutes populaires - et en juin 1991, ainsi que l'état
d'urgence en vigueur à compter de février 1992, s'est trouvée en première ligne
pour tenter de circonscrire les maquis islamistes, contre lesquels elle a lancé,
au cours du printemps 1995, notamment à Aïn Defla (Centre-Ouest) et Jijel (Est),
des opérations militaires d'envergure aux résultats apparemment peu probants.
Elle a aussi prêté main-forte, grâce à son soutien logistique, aux nombreuses
opérations de "ratissage" menées par la police en milieu urbain.
Ses corps
d'élite et notamment ses fameux "ninjas" en cagoule ont continué d'assurer dans
les faits le plus gros de la besogne sécuritaire,....
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