Algérie 2000-2001 Des émeutes sans précédent En entamant son mandat, le 15 avril 1999, le président Abdelaziz Bouteflika avait suscité...
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Algérie 2000-2001
Des émeutes sans précédent
En entamant son mandat, le 15 avril 1999, le président Abdelaziz Bouteflika
avait suscité l'espoir d'une partie de ses concitoyens qui voyaient en lui sinon
l'homme "providentiel", du moins une personnalité capable de jeter les bases
d'un retour à la paix civile et d'engager des réformes tous azimuts pour sortir
la société de la profonde crise la frappant depuis une décennie.
Deux ans après
son élection, la majorité des Algériens avaient perdu leurs illusions.
Par
ailleurs, les émeutes en Kabylie et les imposants défilés de protestation à
Alger et Tizi Ouzou, déclenchés par l'assassinat d'un jeune, Massinissa Guermah,
le 18 avril 2001 dans la gendarmerie de Béni Douala, et qui ont fait
officiellement entre 60 et 80 morts et occasionné d'importants dégâts matériels,
ont constitué la plus grave crise qu'a eu à affronter le président algérien
depuis son arrivée au pouvoir.
La violence persistante et le manque flagrant de résultats en matière de
réformes économiques et sociales ont visiblement effrité le soutien populaire du
président.
Selon un sondage publié début avril 2001 par le quotidien privé El
Watan, la cote de popularité d'A.
Bouteflika est passée de 65 % à 41,9 % en
l'espace d'un an ; 39,2 % des personnes interrogées pensant qu'il n'avait pas
les mains libres, 22,2 % seulement se disant satisfaits de ses réformes
économiques.
La politique de "concorde civile", dont la pierre d'angle était une amnistie des
militants islamistes "n'ayant pas participé à des crimes de sang" et qui était
destinée à restaurer l'unité sociale (elle fut approuvée massivement par
référendum en septembre 1999), est apparue pour beaucoup comme un échec
personnel de l'homme d'État.
Pour tenter de relancer la dynamique de
réconciliation après une décennie de guerre larvée, ce dernier a proposé, en
février 2001, de passer à la "concorde nationale".
Un concept flou visant à
ratisser large mais ne contentant personne (pas plus les islamistes que les
laïco-républicains) et semant le doute au sein même de la coalition
gouvernementale.
Du reste, si les grandes villes semblaient épargnées, la
violence (attentats des groupes armés et opérations militaires), dont la presse
locale se faisait quotidiennement l'écho, a continué à frapper l'intérieur du
pays.
Mise en cause de l'armée dans les massacres
Cette violence attestait que la nouvelle "guerre d'Algérie" n'était pas encore
terminée.
Le 4 mars 2001, l'assassinat d'une Française dans la petite ville de
Koléa (30 km à l'ouest d'Alger) a porté à cinq le nombre d'étrangers tués en
Algérie depuis le début de l'année.
Les derniers assassinats d'étrangers
remontaient à 1996.
Plus de 120 d'entre eux ont été tués depuis 1993, dont une
quarantaine de Français, des Croates, des Italiens et des Russes.
Assassinats et attentats sont imputés officiellement à deux groupes islamistes,
opposés à la politique de réconciliation nationale d'A.
Bouteflika : les Groupes
islamiques armés (GIA) d'Antar Zouabri, actifs au sud et à l'ouest d'Alger, et
le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) de Hassan Hattab,
cantonné en Kabylie, qui affirme ne s'attaquer qu'aux forces militaires et de
sécurité.
Dans ce contexte de violences récurrentes, la publication en France,
par les Éditions La Découverte, de deux livres témoignages : Qui a tué à
Bentalha ? de Nesroullah Yous (2000), évoquant les "manipulations" de la
violence islamiste par les services secrets algériens lors du massacre de 400
personnes à Bentalha (grande banlieue d'Alger) en 1997, et surtout La Sale
Guerre (février 2001), écrit par un ancien officier des forces spéciales, Habib
Souaïdia et accusant l'armée algérienne d'être impliquée dans de nombreux
massacres, ont soulevé une énorme polémique dans le pays et à l'étranger et mis
une nouvelle fois le doigt sur l'opacité d'un conflit géré jusqu'ici à huis
clos.
Réagissant pour une fois publiquement, la hiérarchie de l'armée a vivement
dénoncé, au travers d'un "ordre du jour" du chef d'État-Major Mohamed Lamari, ce
qu'elle considère comme une tentative de "saper la cohésion dans les rangs de
l'armée".
Cette mise en cause des militaires a....
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