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Algérie 2001-2002 Un pays épuisé par dix ans de violences Dix ans après l'interruption de la transition démocratique, la société...

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« Algérie 2001-2002 Un pays épuisé par dix ans de violences Dix ans après l'interruption de la transition démocratique, la société algérienne supportait toujours un degré inouï de violence quasi permanente. Cette transition, engagée en 1989, avait été suspendue en juin 1991, les pleins pouvoirs étant donnés à l'armée.

Cela fut suivi en janvier 1992 par un coup d'État, après que les oppositions (et d'abord les islamistes du FIS [Front islamique du salut]) étaient arrivées largement en tête du premier tour des élections législatives.

L'état d'urgence et la législation d'exception alors instaurés étaient encore en vigueur à l'été 2002 et les généraux à la tête de l'armée refusaient toute solution politique qui supposait une levée de l'état d'urgence et la tenue d'une conférence regroupant les forces politiques significatives afin de relancer le processus de légitimation et de démocratisation des institutions.

N'ayant pas à rendre de comptes à un pouvoir politique civil n'existant que pour la façade, ils ne peuvent qu'être tenus pour responsables de la manière dont fut menée la répression, impuissante à réduire la violence terroriste (on parle de 200 000 morts, de milliers de personnes torturées et disparues, sans que la vérité ait été établie sur les atteintes graves aux droits humains perpétrées par les forces de sécurité, les milices armées par l'État ou les groupes armés, les autorités entravant systématiquement toute mission ou commission d'enquête indépendante), ainsi que de la gestion catastrophique de l'économie et de la société. En novembre 2001, lors de très graves inondations à Alger (733 morts, 170 disparus, des milliers de familles sinistrées, des dizaines de maisons démolies, près de 1,2 milliard de dinars de dégâts), les autorités ont ainsi été mises en cause pour avoir bouché des voies d'évacuation lors d'une opération antiterroriste.

En Kabylie, où les émeutes n'ont pas cessé après les événements du printemps 2001 qui avaient fait officiellement 267 blessés dont 50 mortellement (à la suite de l'assassinat d'un lycéen dans une gendarmerie). Malgré un amendement de la Constitution reconnaissant tamazight (la langue berbère) comme langue nationale, le boycottage des élections législatives (30 mai 2002) par les arouch (assemblées traditionnelles) et les partis politiques (RCD [Rassemblement pour la culture et la démocratie] et FFS, dont les élus refusèrent d'organiser le scrutin) a été suivi à près de 100 %.

Ces élections ont dans l'ensemble permis d'écarter l'ancienne coalition au pouvoir au profit de nouvelles clientèles moins compromises dans la politique d'éradication des islamistes, et remis l'ex-parti unique FLN à l'honneur (35,52 % des voix), dans une Assemblée ternie par un déficit de légitimité et comptant des islamistes «modérés».

Les conflits au sein du sérail n'ont pas pour autant cessé, les majors de l'armée, qui dissimulent leur pouvoir derrière celui, formel, d'un chef de l'État choisi parmi les civils (Abdelaziz Bouteflika), n'entendant pas laisser celui-ci engranger les dividendes d'un règlement du conflit ni lui reconnaître la moindre marge de manœuvre pour gouverner. Déclin du secteur public et privatisation de l'économie Dans ce contexte, l'Algérie et l'Union européenne (UE, avec laquelle elle effectue 63 % de ses exportations et 57 % de ses importations) ont conclu un accord d'association devant déboucher sur une zone de libre-échange, malgré la protestation des organisations de défense des droits de l'homme, de partis politiques, des syndicats et du patronat (qui a demandé une réouverture des négociations avant ratification).

Voulant surtout acquérir ainsi une crédibilité, les autorités, qui n'ont pas obtenu d'atténuation des modalités de «déprotection» industrielle, se sont rabattues sur une clause antiterrorisme acquise d'avance.

L'Algérie s'est engagée à poursuivre des réformes (bancaire, fiscale, sur les droits de propriété) et des privatisations qu'elle n'avait pu mener lors du rééchelonnement de sa dette (1994-1998).

Elle engrangeait alors de bons résultats macroéconomiques en contrepartie d'une austérité draconienne imposée à la population, tandis que le climat de terreur empêchait les revendications sociales de s'exprimer. L'augmentation de la pauvreté, surtout dans les villes où vit 60 % de la population ; un taux de chômage dépassant 27 %, soit 2,3 millions de personnes, dont 70,7 % de moins de trente ans ; la pénurie de logements ; les difficultés croissantes d'approvisionnement en eau, cause d'émeutes quasi quotidiennes, et le retour de maladies comme la typhoïde ou la méningite ont provoqué une reprise des mouvements de revendication risquant de compromettre les résultats.... »

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