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Allemagne 1991-1992 La facture de l'unification En Allemagne, l'année 1991-1992 a commencé avec une surprise de taille. A la suite...

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« Allemagne 1991-1992 La facture de l'unification En Allemagne, l'année 1991-1992 a commencé avec une surprise de taille.

A la suite de débats passionnés, le Bundestag, le Parlement, a finalement décidé le 20 juin 1991, à une très courte majorité de dix-huit voix, le choix de Berlin comme futur siège du gouvernement et des institutions.

Coût prévisionnel de ce déménagement: au minimum 170 milliards FF.

Ce vote fut un véritable choc pour de nombreux Allemands de l'Ouest - et pas seulement à cause de la facture de l'opération.

Pour la première fois en effet, il leur est clairement apparu que l'espoir, né après l'unification allemande du 3 octobre 1990, de reprendre le cours normal de leur vie appartenait désormais au passé: le paradis semblait bel et bien perdu. Les mois suivants ont démontré à plusieurs occasions combien les choses avaient changé.

Les exemples en ont été multiples: en politique étrangère, avec la reconnaissance de la Croatie; en matière économique, avec la montée de l'inflation; et en politique intérieure, avec le problème du nombre croissant d'immigrés venant d'Europe de l'Est. De nouvelles ambitions diplomatiques Frédéric II de Prusse (1712-1786) avait souhaité des funérailles "sans tambour, ni trompette".

Or, le 18 août 1991, quand il fut de nouveau inhumé à Potsdam, il eut droit à un enterrement en grande pompe, en présence du chancelier Helmut Kohl (CDU).

Sa dépouille mortelle avait en effet été transférée en République fédérale d'Allemagne (RFA) à la fin de la Seconde Guerre mondiale, juste avant l'arrivée des communistes à Berlin.

Pour certains, cet enterrement aura été une simple cérémonie du souvenir, mais pour d'autres, l'Allemagne aura ainsi démontré sa volonté de renouer avec la grande politique de la Prusse d'antan.

En tout état de cause, l'événement est apparu comme un signe avant-coureur du débat à venir sur l'évolution de la politique étrangère du pays.

Les deux guerres du Golfe et de la Croatie, et le rôle qu'a joué l'Allemagne à cette occasion, en ont clairement montré l'enjeu. Dans le conflit du Moyen-Orient, l'État a mené sa politique extérieure classique, celle que ses critiques commentateurs nomment la "diplomatie du chéquier".

Elle est restée militairement en retrait, mais, selon le chancelier Kohl, a payé environ 40 milliards FF.

La diplomatie allemande a réagi tout autrement après le 1er août 1991, date du début de la guerre en Croatie.

Très tôt, elle a favorisé une reconnaissance rapide de cette ancienne république fédérée de la Yougoslavie, ce qui a suscité un agacement marqué dans d'autres pays de la Communauté européenne (CEE).

Mais le 16 décembre, les Douze finirent par rejoindre la position allemande et décidèrent que la reconnaissance serait effective le 15 janvier 1992. Ces réactions face aux deux conflits doivent être reliées à la politique intérieure.

La guerre du Golfe était extrêmement impopulaire, le pays étant plutôt pacifiste.

En revanche, la lutte croate contre le "serbo-communisme" était bien vue par l'opinion publique, en particulier par les médias.

Il est vrai que la Yougoslavie était l'une des destinations touristiques favorites des Allemands.

L'attitude allemande dans le cas de la Croatie a cependant marqué un profond changement dans la vision de certains hommes politiques, surtout chez les conservateurs: "Mener une politique extérieure restreinte comme c'était le cas jusqu'à présent, ne correspond pas, en fait, à nos capacités économiques, technologiques et financières", soulignait ainsi en 1991 Volker Rühe (CDU, Union démocrate-chrétienne) qui allait être nommé ministre de la Défense le 31 mars 1992. L'opposition social-démocrate n'avait quant à elle, à la mi-1992, toujours pas défini sa propre approche de la politique étrangère depuis l'effondrement du communisme.

Sa réflexion n'en apparaissait qu'à ses débuts.

Certains responsables sociaux-démocrates ont ainsi estimé qu'il était temps de mener une politique étrangère "qui essaie de vivre dans la vérité". L'année 1992 aura donné un exemple de ce que pourrait être une politique extérieure "moralisée".

A cause des violations des droits de l'homme en Turquie dans la répression contre les séparatistes kurdes, le Parlement allemand a gelé la livraison d'armes à Ankara.

Et parce que ses collaborateurs avaient passé outre ces consignes, le ministre de la Défense, Gerhard Stoltenberg (CDU), a dû démissionner le 31 mars 1992.

Pourtant, si la politique étrangère de Bonn évolue de façon significative, elle le fera sans sa figure de proue.

En effet, le 27 avril 1992, et contre toute attente, Hans Dietrich Genscher (FDP, Parti libéral) a démissionné après avoir été ministre des Affaires étrangères pendant dix-huit années consécutives. Succéder à un homme aussi prestigieux sur la scène internationale que H.

D. Genscher ne représentait pas l'unique handicap du nouveau ministre des Affaires étrangères, Klaus Kinkel (FDP).

Nommé pour le remplacer après d'âpres discussions au sein de son parti, il devait se préparer à assumer de lourds dossiers tels que la revendication allemande visant à obtenir le statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, l'engagement éventuel de la Bundeswehr en dehors de la zone de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) ou la constitution du corps d'armée franco-allemand. Hausse de l'inflation et des taux d'intérêt En 1991, on n'a pas seulement enterré Frédéric II mais également l'une des règles fondamentales de la politique monétaire, qui reposait sur le fait que le mark est une monnaie plus forte que le franc français.

Or, pour la première fois depuis presque vingt ans, les prix ont augmenté en RFA beaucoup plus vite qu'en France: 4,8% contre 3,2% entre le 1er avril 1991 et le 31 mars 1992.

Le renversement de cet écart entre les deux pays aura été un signe significatif.

A la mi-1992, la politique économique allemande n'avait en effet pas encore trouvé de réponse cohérente face aux conséquences de l'unification.

Malgré l'augmentation des impôts le 1er juillet 1991, les retrouvailles inter-allemandes sont restées principalement financées par l'endettement.

De plus, les revendications salariales des syndicats n'ont pu qu'aviver le problème. L'opposition social-démocrate a réclamé, à juste titre, un "changement de cap" dans la politique budgétaire.

En 1991, les administrations publiques ont dû emprunter quelque 340 milliards FF, soit 3,7% du produit national brut (PNB), notamment pour financer les transferts (programmes d'investissement, mesures de créations d'emploi, par exemple) dans les cinq nouveaux Länder (environ 600 milliards FF en 1991).

La dette publique totale devait, selon certaines estimations, s'élever à 4 500 milliards FF à la fin 1992, soit presque la moitié du PNB.

De son côté, le gouvernement a dénoncé les revendications salariales, qu'il a jugées trop élevées.

La quasi-totalité des syndicats demandait des augmentations d'environ 10% et.... »

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