Allemagne 1994-1995 Nouveaux défis pour le chancelier réélu En consacrant sa une, le 1er août 1994, à l'éloge de la...
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Allemagne 1994-1995
Nouveaux défis pour le chancelier réélu
En consacrant sa une, le 1er août 1994, à l'éloge de la "machine de pouvoir"
(Machtmaschine) de Helmut Kohl, Der Spiegel abandonnait pour la première fois
l'attitude très critique qu'il avait eue vis-à-vis du chancelier dès son arrivée
au pouvoir, en 1982.
Par ce mouvement très symbolique, l'hebdomadaire avait
anticipé la nouvelle victoire de H.
Kohl aux élections législatives fédérales du
16 octobre 1994.
Affaibli en 1993 par la récession et de nombreuses affaires financières et
politiques - entre autres hommes politiques mis en cause, le ministre de
l'Économie Jürgen Möllemann, impliqué dans une affaire de pots-de-vin, a dû
démissionner -, le chancelier a réussi à retourner la situation en sa faveur au
cours du Superwahljahr 1994, l'année des 19 élections.
Mais ce qui paraissait
être un succès indéniable s'est vite révélé être une victoire au goût amer.
La
population, devant accepter des sacrifices sociaux croissants et recherchant
toujours une nouvelle identité nationale depuis la chute du Mur de Berlin en
1989 et l'unification du pays en 1990, n'a accordé qu'une faible majorité à H.
Kohl.
Succès économiques et politiques tout relatifs
Le retournement en faveur du chancelier s'est opéré dans les premiers mois de
1994.
Sorti renforcé du congrès de la CDU (Union chrétienne démocrate), son
parti, le 23 février, H.
Kohl a aussi profité des faux pas de son concurrent du
SPD (Parti social-démocrate), Rudolf Scharping, qui, entre autres bévues, avait
confondu revenus bruts et nets en présentant son programme fiscal.
Surtout, l'accumulation d'indicateurs positifs en matière économique a aidé le
chancelier dans sa remontée.
Le nombre des demandeurs d'emploi, qui, pour la
première fois en RFA, avait dépassé la barre des 4 millions en janvier 1994, a
ensuite baissé de près de 200 000 en un an.
Avec une croissance de 2,3% en 1994,
la reprise conjoncturelle à l'Ouest a dépassé les attentes des experts.
Les
exportateurs ont augmenté leurs ventes de 10% et regagné ainsi, pour la première
fois depuis cinq ans, des parts du marché mondial.
A l'Est, un retour
d'optimisme s'annonçait après l'échec, fin 1993, de la lutte acharnée des
mineurs de Bischofferode (Thuringe) pour la survie de leur entreprise.
La
croissance dans les nouveaux Länder s'est accélérée en 1994 pour atteindre 9,2%
contre 5,8% en 1993.
De plus, la Treuhandanstalt (THA), organisme chargé depuis
1990 de la privatisation en ex-RDA, a achevé son programme fin 1994.
Elle avait
alors privatisé 14 500 entreprises ou parties d'entreprises, 3 661 autres
avaient dû être fermées et 350 restaient à privatiser par des organismes
succédant à la THA.
Les succès politiques se sont multipliés en parallèle pour le chancelier Kohl.
Le 23 mai 1994, son candidat à la présidence de la République, Roman Herzog, l'a
emporté sur le candidat du SPD, succédant ainsi au très populaire Richard von
Weizsäcker, qui avait occupé cette fonction, largement symbolique, pendant dix
ans.
En passant de 37,8% à 38,8% des voix, la CDU a aussi conforté son avance
sur le SPD aux élections européennes du 12 juin 1994.
Enfin, aux législatives
d'octobre, les partis de la coalition sortante, CDU et FDP (Parti libéral), ont
obtenu 48,4% des voix, contre 43,7% pour les principaux partis d'opposition, le
SPD et les Verts (Bündnis 90/Grünen).
Helmut Kohl s'apprêtait alors à battre le
record de longévité au pouvoir du premier chancelier de RFA Konrad Adenauer
(1949-1963).
La victoire de H.
Kohl et l'amélioration des conditions de vie de la population
étaient pourtant toutes relatives.
Réélu chancelier de justesse par le nouveau
Parlement fédéral (Bundestag) le 15 novembre 1994, H.
Kohl n'y a plus disposé
que d'une majorité de 10 voix.
De même, malgré son rattrapage économique, le PIB
dans les nouveaux Länder n'atteignait toujours que 10,3% de celui de l'Ouest en
1994, pour un poids démographique dans la population totale de près de 20%.
La
croissance y demeurait tributaire des transferts d'État (200 milliards DM),
destinés à financer le renouvellement des infrastructures, les subventions ou le
traitement du chômage.
Le ministre fédéral des Finances Theo Waigel a alors favorisé la rigueur,
réussissant à faire descendre le déficit de l'État au-dessous du seuil de 3% du
PIB.
Si la RFA remplissait ainsi, dès 1994, les conditions posées pour la
réalisation de l'union monétaire européenne, la contrepartie en était des coupes
sensibles dans les dépenses sociales (environ 20 milliards DM) et une hausse des
prélèvements obligatoires à un nouveau niveau record de près de 45% du PIB.
Après avoir augmenté les cotisations retraite et l'impôt sur les produits
pétroliers en 1994, le gouvernement a, en effet, réintroduit en janvier 1995 la
surtaxe de solidarité, déjà prélevée en 1991-1992, et a relevé pour la première
fois les cotisations à la nouvelle assurance dépendance (Pflegeversicherung).
Or, déprimant la demande intérieure, la seule surtaxe de solidarité a freiné la
croissance d'un demi-point.
De plus, les succès de la politique de rigueur,
jugés favorablement dans les milieux financiers internationaux, ont
contribué à une forte appréciation du DM, conduisant, au début 1995, à un
renchérissement en un an de 7% des exportations allemandes.
Le P-DG de
l'entreprise automobile Mercedes, Helmut Werner, a annoncé en avril 1995 de
nouvelles délocalisations de sites de production.
En revanche, les syndicats de la métallurgie ont lancé, en février 1995, leur
première grève depuis onze ans, après avoir accepté des hausses de salaires d'à....
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