Allemagne 1995-1996 Retour du débat sur le modèle économique Cinq ans après l'unification du pays, le 3 octobre 1990, et...
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Allemagne 1995-1996
Retour du débat sur le modèle économique
Cinq ans après l'unification du pays, le 3 octobre 1990, et deux ans après la
dernière récession, l'Allemagne a connu en 1995-1996 une nouvelle phase de
difficultés économiques.
Si leurs causes ont été en grande partie externes ou
liées aux problèmes très spécifiques du rattrapage économique dans les nouveaux
Länder, elles n'en ont pas moins profondément secoué le fameux modèle économique
et social du pays.
Occupant une grande partie des débats de politique intérieure
en 1995-1996, la crise économique a ainsi relégué au second plan les efforts de
rédéfinition de la politique extérieure.
La reprise économique de 1994 s'est révélée la plus courte que l'Allemagne ait
connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Au tournant de l'année 1995,
la conjoncture s'est sensiblement détériorée.
La croissance a diminué, passant
de 2,5 % en 1994 à 2,1 % en 1995.
L'activité poursuivant son recul au cours de
l'hiver, le gouvernement a dû réviser les prévisions pour 1996, ramenées à moins
de 1 %.
Au début de l'année, l'Office fédéral du travail évaluait à près de 4,3
millions de personnes le nombre des chômeurs, record jamais atteint depuis les
années trente.
La plus grande entreprise du pays, Daimler Benz, a annoncé une
perte record de 6 milliards DM en 1995.
En février, enfin, la faillite des
chantiers navals Vulkan choquait profondément le pays.
Un programme d'économies budgétaires drastiques
Les causes de cette crise auront été multiples.
La croissance s'est fortement
ralentie chez les principaux pays partenaires et les exportateurs allemands ont
perdu en compétitivité du fait d'une appréciation de plus de 5 % du DM en 1995,
à la suite des fortes turbulences qu'ont connues les marchés de devises.
En
Allemagne même, le secteur du bâtiment a été frappé par une véritable récession,
elle-même accélérée par une réduction sensible des aides publiques à la
construction.
Ce repli de l'État a également touché les nouveaux Länder, dont il
a révélé la fragilité du secteur privé.
L'activité à l'Est n'a représenté, en
1995, que 5 % de la production industrielle totale et la croissance économique
s'y est dégradée passant de 8,5 % en 1994 à 5,6 % en 1995.
Dans un premier temps, le gouvernement fédéral a tenté de limiter les dégâts
causés par le ralentissement conjoncturel sur les équilibres budgétaires.
Il a
ainsi bloqué ses dépenses courantes à l'automne 1995, puis à nouveau au début
1996.
Les déficits publics n'en ont pas moins atteint 3,5 % du PIB en 1995.
À la
fin d'avril 1996, le chancelier Helmut Kohl a annoncé un vaste programme public
d'économies, visant à limiter les déficits à moins de 3 % en 1997, afin de
satisfaire aux critères d'entrée dans l'Union économique et monétaire (UEM)
européenne.
Ce programme devait également profiter aux entreprises.
Ainsi le gouvernement
a-t-il décidé non seulement l'allégement des impôts sur les sociétés, mais aussi
des mesures mettant en cause des acquis sociaux, tels la pleine rémunération des
salariés en cas de maladie (Lohnfortzahlung) ou encore des aménagements de la
protection légale contre les licenciements.
Le chancelier Kohl a notamment cédé à la pression du patronat, qui avait profité
de la crise pour relancer un débat de fond sur l'avenir de l'État-providence et
sur les atouts de l'Allemagne comme site de production (Standortdebatte).
Selon
le patronat, en effet, la compétitivité de l'industrie serait menacée par le
coût trop élevé du travail et des charges sociales et fiscales.
Cette analyse a ensuite été largement partagée par la classe politique, ce qui
n'a pas empêché l'apparition de désaccords sur la question de la nécessité de
réformer en profondeur le système économique et social.
Selon les sondages, une
majorité d'Allemands se déclaraient prêts à des sacrifices.
Au mois de novembre
1995, le chef du puissant syndicat IG-Metall, Klaus Zwickel, a proposé un pacte
pour l'emploi (Bündnis für Arbeit), selon lequel les syndicats accepteraient un
gel des salaires en contrepartie de garanties d'embauche de la part des
entreprises.
Dans un premier temps, l'effort consensuel a semblé réussir.
Ainsi, au cours des
premiers mois de 1996, de nouvelles clauses d'ouverture ont elles été
introduites dans les accords salariaux de certaines branches.
La hausse des
salaires négociée dans la chimie, le bâtiment et le textile n'a cependant pas
excédé 2 %, soit à peine plus que l'inflation (environ 1,5 % au printemps).
Mais, après l'annonce du programme gouvernemental en avril 1996, les syndicats
ont rompu les négociations, accusant le chancelier d'avoir mis en cause la
stabilité sociale du pays.
Des divisions sont apparues au sein même du patronat,
au sujet d'un abandon éventuel du système de négociation collective des
salaires.
A la mi-juin 1996, 350 000 personnes se sont rassemblées à Bonn pour
manifester contre le programme
gouvernemental.
Une classe politique globalement peu populaire
Conscient du caractère peu populaire de son programme, le chancelier Helmut Kohl
avait décidé de ne le lancer qu'après les élections régionales du 24 mars 1996
en Bade-Wurtemberg, Schleswig-Holstein et Rhénanie-Palatinat, les prochaines
élections n'étant prévues que pour 1998, ce qui promettait un calme électoral
dont le chancelier avait fort besoin.
Dès 1995, la coalition au pouvoir, constituée du Parti chrétien-démocrate (CDU),
de l'Union sociale-chrétienne (CSU) et du Parti libéral (FDP), s'était, en
effet, trouvée affaiblie par les échecs du FDP aux élections régionales.
Le
ministre fédéral des Affaires étrangères Klaus Kinkel en avait assumé la
responsabilité en démissionnant du poste de chef de cette formation en mai 1995.
De plus, le gouvernement avait dû s'incliner à plusieurs reprises devant....
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