Allemagne 1997-1998 La fin de l'ère Kohl L'année 1997-1998 a été marquée, en Allemagne, par le sentiment qu'une époque finissait....
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Allemagne 1997-1998
La fin de l'ère Kohl
L'année 1997-1998 a été marquée, en Allemagne, par le sentiment qu'une époque
finissait.
D'une part, le chancelier Helmut Kohl (au pouvoir depuis 1982)
paraissait plus affaibli que jamais, alors que les élections législatives de
l'automne 1998 approchaient.
D'autre part, l'Union monétaire européenne devant
entrer en vigueur au 1er janvier 1999 évoquait avant tout pour de nombreux
Allemands la disparition prochaine du mark, ce symbole du succès de la
République fédérale dans l'après-guerre.
Pour le chancelier et son gouvernement, la conjoncture paraissait pourtant
plutôt favorable, après la forte dégradation de 1995-1996.
L'inflation a
atteint, avec 1 % au début de 1998, son niveau le plus bas depuis dix ans.
Les
entreprises sont sorties renforcées de la crise.
Leurs exportations ont augmenté
de 13 % en 1997, provoquant une véritable flambée des profits (de 70 % pour le
leader industriel Daimler-Benz, de 20 % pour Siemens).
Le Dax, principal
baromètre de la Bourse, a progressé de 75 % entre janvier 1997 et mai 1998,
contribuant à une véritable ruée des petits épargnants vers les actions.
Les
grandes entreprises se sont, dès lors, fortement engagées à l'étranger.
Dans
l'automobile, l'achat du prestigieux constructeur britannique Rolls-Royce par
Volkswagen a fait fureur, en juin 1998 (la marque devait être cédée à terme à
BMW).
Début mai, Daimler avait annoncé sa " méga-fusion " avec l'américain
Chrysler, la nouvelle entité devenant le cinquième constructeur automobile du
monde.
La difficile sortie de crise
Le retour de la croissance n'a pourtant guère ramené la confiance de la
population.
L'activité globale (+2,4 % en 1997) s'est trouvée ralentie par la
crise du bâtiment et par la politique de rigueur.
Le déficit public est tombé en
1997, passant sous la barre des 3 % maximum requis pour l'entrée dans l'Union
monétaire.
La consommation a stagné et les salaires réels bruts ont diminué,
pour la première fois depuis des décennies.
Enfin, la crise financière en Asie a
provoqué, dès la fin de 1997, une chute des exportations vers la région.
Le climat de morosité qui régnait dans le pays depuis la dernière récession
s'est trouvé encore accentué avec l'abandon, en septembre 1997, du projet de
réforme fiscale envisagé par le gouvernement.
L'opposition social-démocrate
avait certes une part de responsabilité dans cet échec.
Disposant d'une majorité
à la Chambre basse (Bundesrat), le SPD y avait rejeté les propositions de la
coalition chrétienne-libérale au pouvoir.
Or, cet abandon a surtout été
considéré comme une faiblesse de H.
Kohl.
Reformstau (" embouteillage des
réformes ") a même été consacré moi de l'année par l'Association pour la langue
allemande en décembre 1997.
Point noir pour le chancelier, le chômage atteignait un nouveau niveau record en
janvier 1998 avec 4 823 000 sans-emploi (hors corrections saisonnières).
Un
certain nombre de suppressions d'emplois ont découlé de la poursuite des
restructurations des entreprises.
Dans le secteur bancaire, la Bayerische
Vereinsbank et la Hypo-Bank ont annoncé leur fusion en juillet 1997.
Les deux
anciennes entreprises phares de la métallurgie, Krupp et Thyssen, ont fait de
même durant la même période.
Ce n'est qu'au cours des derniers mois avant les
élections législatives de 1998 que le nombre des sans-emploi a commencé à
reculer, dans la partie ouest du pays.
Pour accentuer l'évolution dans ce sens,
le gouvernement s'est engagé dans une politique d'aide à l'emploi, durant la
campagne électorale.
Le processus de rattrapage des nouveaux Länder, commencé après l'unification
d'octobre 1990, s'est interrompu en 1997-1998.
L'écart de richesse s'est même à
nouveau creusé, le chômage touchant 20 % de la population active, contre 10 % à
l'Ouest.
La profonde déception des Allemands de l'Est a eu de lourdes
conséquences pour le chancelier.
Lors des élections régionales en Saxe-Anhalt,
le 26 avril 1998, son parti, l'Union démocrate chrétienne (CDU), a reculé de 12
points, n'obtenant que 22 % des suffrages.
En revanche, le DVU (Union du peuple
allemand, extrême droite) a enregistré une brusque montée, atteignant 13 %.
Ces résultats ont montré combien le pays reste divisé sur les plans politique et
mental.
Certes, l'extrémisme de droite fait rage aussi à l'Ouest.
Ainsi,
l'invitation d'un de ses représentants comme intervenant dans un séminaire de
l'académie de la Bundeswehr (l'armée allemande) a, en automne 1997, mis dans
l'embarras le ministre fédéral de la Défense, Lothar Rühe.
Mais la situation est
apparue plus préoccupante à l'Est, où la pensée xénophobe est répandue,
notamment parmi les jeunes.
Autre signe de division, les Verts, après leur échec
en Saxe-Anhlt, se sont trouvés dépourvus de représentation parlementaire à
l'Est, tout comme le Parti libéral (FDP), partenaire de la coalition
gouvernementale.
En revanche, l'ex-parti communiste, le PDS (Parti du socialisme
démocratique), a confirmé son implantation solide, mais exclusive à l'Est,....
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