Allemagne 1998-1999 De l'euphorie à la déception En 1998-1999, près de dix ans après la chute du mur de Berlin,...
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Allemagne 1998-1999
De l'euphorie à la déception
En 1998-1999, près de dix ans après la chute du mur de Berlin, l'Allemagne aura
connu de profonds changements.
L'ère du chancelier Helmut Kohl a pris fin,
l'euro a été introduit comme nouvelle monnaie européenne, et à partir de mars
1999, avec l'intervention de soldats allemands dans la crise du Kosovo, le pays
s'est trouvé impliqué dans une guerre pour la première fois depuis la création
de la RFA en 1949.
Dès le début de 1998, la fin du gouvernement chrétien-libéral de H.
Kohl était
prévisible.
De fait, aux élections législatives fédérales du 27 septembre, son
parti, la CDU (Union démocrate-chrétienne), n'a recueilli avec la CSU (Union
sociale-chrétienne) que 35,1 % des voix, contre 41,5 % en 1994.
En revanche les
sociaux-démocrates du SPD (Parti social-démocrate) sont passés de 36,4 % à 40,9
%, ce qui leur a permis d'engager des négociations pour former une coalition de
gauche avec les Verts.
Disposant de 345 sièges sur 669 au Bundestag (chambre
haute), les deux partis ont élu Gerhard Schröder (SPD) comme septième chancelier
de la RFA, le 27 octobre.
L'issue de ces élections avait fait l'effet d'un véritable séisme politique.
Pour la première fois en RFA, un nouveau chancelier arrivait au pouvoir à la
suite d'échéances électorales normales; jusqu'alors, de tels changements avaient
toujours été provoqués par des crises de coalition intervenant au cours d'une
législature.
Pour la première fois aussi, les Verts allaient participer au
gouvernement fédéral, obtenant trois ministères, dont celui des Affaires
étrangères confié à Joschka Fischer, par ailleurs nommé vice-chancelier.
Contrairement à son prédécesseur, G.
Schröder pouvait enfin compter, dans un
premier temps, sur une majorité de même sensibilité au Bundesrat (chambre
basse).
Ainsi, l'élection d'un social-démocrate comme chef d'État par la
Bundesversammlung, où sont représentées les deux chambres, devenait possible.
Élu le 23 mai 1999, Johannes Rau a succédé au chrétien-démocrate Roman Herzog le
1er juillet suivant.
Ambitieux plan de réformes
Le très pragmatique G.
Schröder avait promis que le changement politique ne
serait pas trop brutal.
Or, sous l'influence notamment des Verts, l'accord de
coalition passé en octobre 1998 a prévu la création d'une taxe écologique ainsi
que l'abandon du nucléaire comme source d'énergie.
Le code de la nationalité
fondé sur le droit du sang devait également être réformé.
Le président du SPD,
Oskar Lafontaine, alors ministre des Finances, faisait pour sa part pression sur
la banque centrale, pour qu'elle baisse ses taux d'intérêt afin d'infléchir la
politique économique.
Il envisageait aussi une réforme fiscale favorisant le
pouvoir d'achat des bas revenus, aux dépens des grandes entreprises.
En
décembre, G.
Schröder invitait patronat et syndicats à des rencontres
multilatérales destinées à former une "alliance pour l'emploi".
L'objectif premier de la nouvelle coalition était de faire baisser le chômage.
Et, dans un premier temps, la conjoncture économique semblait en effet lui être
favorable.
La croissance, pour 1998, a été de 2,8 % et le nombre des
sans-emploi, qui était de 4 823 000 en janvier 1998, a baissé de 350 000 en un
an.
L'inflation pour sa part avait pratiquement disparu, avec 0,3 % au début de
1999, et l'excédent commercial a atteint son niveau le plus élevé depuis 1989.
Les entreprises allemandes ont poursuivi leurs engagements internationaux.
Daimler-Benz a fusionné avec l'américain Chrysler pour devenir le troisième
constructeur automobile du monde.
En novembre 1998, la Deutsche Bank est devenue
le premier institut financier du monde en achetant la banque américaine Bankers
Trust.
Dans la chimie, Hoechst s'alliait au concurrent français Rhône-Poulenc
pour créer la nouvelle entité Aventis.
L'euphorie des premières semaines du gouvernement Schröder a pourtant rapidement
cédé la place à la frustration.
Dès l'automne, l'économie commençait à souffrir
des effets retardés de la crise dans les pays émergents.
Le climat de confiance
qui régnait dans l'industrie s'est dégradé et l'amélioration de l'emploi s'est
interrompue sur fond de vives critiques du patronat à l'encontre du
gouvernement.
La démission d'Oskar Lafontaine
Malgré leur caractère sans doute exagéré, ces attaques ont atteint d'autant plus
facilement leur but que le SPD paraissait à la peine depuis son accession au
pouvoir, après onze ans dans l'opposition.
Des clivages sont apparus entre G.
Schröder, plus proche des industriels, et O.
Lafontaine, soucieux de l'électorat
ouvrier populaire.
De plus, la coalition s'est trouvée affaiblie par la crise
des Verts.
Ceux-ci n'ont recueilli que 6,7 % des voix aux élections fédérales
contre 7,3 % en 1994.
G.
Schröder a alors entrepris de réviser de nombreux
projets gouvernementaux.
Ayant fait passer une partie de la réforme fiscale en
décembre 1998, il a retiré d'autres projets de réformes sous la pression du
patronat.
Ainsi, en février, l'abandon du nucléaire était remis en cause.
Ce
projet avait en effet été critiqué par la France et le Royaume-Uni qui
craignaient le non-respect de contrats à long terme, concernant le retraitement
de déchets nucléaires allemands.
Plus grave pour le chancelier, la CDU
Co
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Encyclopédie de l'État du monde
réussissait à faire campagne contre la réforme du code de la nationalité, à la
veille des élections dans le Land de Hesse.
A l'issue de celles-ci, SPD et Verts
ont perdu la majorité dans ce Land, ce qui allait faire perdre à....
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