Allemagne 2003-2004 Réforme structurelle et renversement d’alliance L’actualité politique allemande a été marquée sur le plan intérieur par la mise...
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Allemagne 2003-2004
Réforme structurelle et renversement d’alliance
L’actualité politique allemande a été marquée sur le plan intérieur par la mise
en œuvre, sous l’égide du gouvernement Schröder, du programme de réformes
«Agenda 2010».
Sur le plan international, on retiendra principalement la
poursuite du rapprochement avec la France, illustré notamment par la position
commune adoptée lors de la crise irakienne de 2003 et la participation
symbolique, le 6 juin 2004, du chancelier Gerhard Schröder aux commémorations du
débarquement allié de 1944 en Normandie.
Après la légère récession de 2003 (– 0,1 % du PIB), les perspectives de
croissance de l’économie allemande se sont un peu améliorées, le ministère de
l’Économie tablant sur une croissance d’un peu plus de 1,5 % du PIB en 2004.
Mais si le nombre de chômeurs était redescendu à 4,3 millions en avril 2004, ces
perspectives restaient fragiles.
Malgré les efforts consentis, le déficit public
est resté au-dessus des 3 % du PIB, mais, dans l'immédiat, l’Allemagne (comme la
France) ne s’est pas vu appliquer les sanctions prévues par le Pacte de
stabilité et de croissance (PSC) de l’Union européenne (UE), le Conseil des
ministres des Finances (Ecofin) ayant décidé de les geler le 25 novembre 2003.
Cependant, le 13 juillet 2004, la Cour de justice européenne annulait cette
décision, relançant le débat sur les modalités d'application du PSC.
Dans ce
contexte économique difficile, le chancelier Schröder, qui s’était maintenu au
pouvoir de justesse lors des élections législatives fédérales de 2002 et dont le
parti, le SPD (Parti social-démocrate), a enregistré plusieurs revers lors des
élections aux Länder, a présenté, le 14 mars 2003, un vaste programme de
réformes structurelles appelé «Agenda 2010».
Le programme drastique de l’ «Agenda 2010»
Outre une baisse de l’impôt sur le revenu de 15 milliards d’euros – initialement
prévue pour 2005 et avancée à 2004 –, l’«Agenda 2010» comporte un grand nombre
d’initiatives visant à réformer les composantes «santé» et «chômage» du système
de protection sociale.
Voté pour l’essentiel le 19 décembre 2003 par les deux
assemblées (Bundestag et Bundesrat), ce programme comportant de nombreux volets
a ainsi été progressivement mis en œuvre.
Fin juillet 2003 était obtenu un
accord incluant l’opposition chrétienne-démocrate sur la réforme de la
protection sociale.
Il prévoit notamment la baisse, à l’horizon 2006, des
cotisations avec pour contrepartie un large programme d’économies au sein des
caisses d’assurance.
Entrant en vigueur au début de l’année 2004, la réforme du
système public de santé augmente la participation directe des assurés avec
l’acquittement d’un abonnement trimestriel et un forfait hospitalier journalier
de 10 euros.
En outre, elle prévoit, à échéance de 2006, que le financement des
congés maladie sera assuré par les seuls salariés.
La question du financement du
déficit croissant de l’assurance dépendance pour les personnes âgées restait,
elle, ouverte.
Sur le marché du travail, les principales mesures ont porté sur
l’assurance chômage, avec un durcissement des conditions d’obtention et la
réduction dès 2005 des prestations pour les moins de 50 ans (de 18 mois à un
an).
Et pour favoriser les PME (petites et moyennes entreprises), la limite
au-delà de laquelle les licenciements font l’objet d’une protection a été
relevée de 5 à 10 salariés.
Enfin, le 1er mars 2004, la réforme des retraites
était adoptée.
Elle complète la «réforme Riester» de 2002 (du nom de l’ancien
ministre du Travail), qui encourageait le système de capitalisation mais dont
les résultats sont restés mitigés.
Contrairement à ce que préconisait le rapport
de l’économiste Bert Rürup remis au chancelier le 28 août 2003 (recul de l’âge
de départ à la retraite de 65 à 67 ans), cette réforme se contente de relever
l’âge de départ en préretraite de 60 à 63 ans.
Le SPD en grande difficulté
En faisant supporter la charge des réformes aux seuls salariés, l’«Agenda 2010»
suscite de nombreuses interrogations à l’intérieur de la société civile
allemande.
Même si le programme présenté par G.
Schröder a recueilli, après un
débat animé, 90 % d’approbation lors du congrès extraordinaire du SPD réuni en
juin 2003, il restait critiqué par l’aile gauche de ce parti.
Celle-ci demeurait
toutefois très minoritaire au sein d’une organisation dominée sans partage par
la figure du chancelier Schröder, lequel a néanmoins accepté de laisser la
présidence du parti à Franz Müntefering en mars 2004.
De son côté, l’opposition
des syndicats aux réformes gouvernementales a été un temps désamorcée par la
lutte pour le pouvoir au sein du puissant syndicat IG-Metall (été 2004).
À l’exception des élections régionales de Brême qui ont reconduit le SPD à la
tête de la cité-État, les consultations électorales de la période se sont
traduites par un désaveu du parti de G.
Schröder et un renforcement des partis
d’opposition.
Ce fut notamment le cas en Bavière (21 septembre 2003), où la
domination de la CSU (Union chrétienne-sociale) a été consacrée par une majorité
des deux tiers, et lors des élections anticipées au Land de Hambourg (29 février
2004), marquées par la victoire historique de la CDU (Union
chrétienne-démocrate).
Ce dernier scrutin s’est tenu à la suite de l’éclatement
de la coalition alliant la CDU, le FDP (Parti libéral) et la formation politique
créée....
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