Alors que le président Alan Garcia n'était encore qu'au milieu du gué, les hostilités en vue des élections générales de...
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Alors que le président Alan Garcia n'était encore qu'au milieu du gué, les
hostilités en vue des élections générales de 1990 étaient déjà ouvertes.
En
dépit de ses velléités populistes et nationalistes, l'approfondissement de la
crise économique a poussé le gouvernement à appliquer des recettes plus
orthodoxes.
En effet, si la croissance est restée élevée en 1987 (7%),
l'inflation est passée de 60% en 1986 à 114,5% en 1987 et de 30 à 40%
mensuellement au début de 1988.
La balance des paiements a connu un déficit de
500 millions de dollars - dû en particulier aux importations croissantes
d'aliments - et les réserves de devises sont en voie d'épuisement.
"Expropriation" des banques
Le gouvernement attribue ces échecs à l'attitude de la grande bourgeoisie
péruvienne qui a refusé de jouer le jeu et a continué d'exporter ses capitaux à
l'étranger.
Aussi l'annonce, le 28 juillet 1987, de l'étatisation du système
financier - dix banques, six compagnies de crédit et dix-sept compagnies
d'assurance - est-elle apparue davantage comme une mesure de représailles que
comme s'intégrant à un ensemble de décisions économiques cohérentes.
Le projet
approuvé en septembre 1987 par le Congrès a en outre été considérablement
édulcoré par les parlementaires de l'Alliance populaire révolutionnaire (APRA),
le parti du président.
La majorité des établissements devaient finalement être
autogérés par les travailleurs qui possèdent plus de 50% de leurs actions.
Quant
à Perulac, la filiale de Nestlé accusée d'avoir créé une pénurie artificielle
pour mieux spéculer, elle a été confiée à des intérêts privés péruviens.
L'expropriation des banques a permis à la droite de se ressouder et d'entraîner
une partie de l'opinion publique dans une vaste campagne pour "la liberté",
orchestrée par l'écrivain Mario Vargas Llosa, qui a fait se réunir 100 000
personnes pour une manifestation à Lima le 21 août 1987.
Ce mouvement s'est
prolongé par la création d'un Front démocratique (FREDEMO) rassemblant l'Action
populaire de l'ancien président Fernando Belaunde Terry, le Parti populaire
chrétien de Luis Bedoya Reyes et le mouvement Libertad de Mario Vargas Llosa.
Selon toute vraisemblance, ce dernier allait être le candidat de cette coalition
aux élections présidentielles de 1990.
Cependant, c'est le candidat de la Gauche
unie (IU), Alphonso Barrantes, que les sondages plaçaient en tête de la
compétition.
La dégradation de la situation économique a en effet donné un
nouvel élan aux luttes populaires: la réunion de l'Assemblée nationale populaire
(ANP), rassemblant 2365 organisations urbaines et rurales dans les bidonvilles
autogérés de Villa El Salvador, du 19 au 22 novembre 1987, a montré leur volonté
de mener une action unitaire.
Tupacamaristes et sentiéristes
Parallèlement, la lutte armée s'est poursuivie.
Le phénomène le plus marquant a
été l'irruption sur le devant de la scène du Mouvement révolutionnaire Tupac
Amaru (MRTA).
Le 8 octobre 1987, une centaine de guérilleros ont célébré
l'anniversaire de la mort de Che Guevara en occupant, pendant plusieurs heures,
la bourgade de Juanjuy, en Amazonie péruvienne.
Cette spectaculaire opération
couronnait trois années d'activité des tupacamaristes, principalement dans les
zones urbaines.
L'organisation réunit des militants ayant appuyé les réformes du
général Velasco Alvarado (1968-1975) et des guévaristes.
Si elle a maintenu des
relations avec certains secteurs de la Gauche unie, elle s'est vite heurtée à
Sentier lumineux qui est allé jusqu'à exécuter plusieurs de ses propres
dirigeants pour avoir collaboré à Lima avec le MRTA.
Une véritable guerre entre
des deux organisations s'est déroulée en Amazonie au cours de laquelle Sentier
lumineux s'est allié aux trafiquants de drogue pour infliger une sanglante
défaite au MRTA en mars 1987 ; elle s'est terminée par un partage des zones
d'influence.
La guérilla maoïste ne s'est pas véritablement étendue....
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