Analyse du sujet et problématisation Ce sujet englobe la littérature dans son ensemble, sans distinction de genres. Nous devons tenter...
Extrait du document
«
Analyse du sujet et problématisation
Ce sujet englobe la littérature dans son ensemble, sans distinction de genres.
Nous
devons tenter ici de donner une définition de la littérature afin de délimiter le cadre de la
dissertation.
C’est la littérature en tant qu’art qui nous intéressera ici.
D'une manière
générale, la littérature regroupera ici les œuvres ayant soit un but esthétique soit une
forme esthétique particulière.
La dimension esthétique est donc la finalité de la
littérature, critère qui la différencie des autres types d'écrits comme le journalisme ou la
politique répondant à certaines contraintes spécifiques.
Cette définition semble exclure
les écrits purement philosophiques, politiques ou historiques.
Mais il convient d'être
particulièrement précautionneux dans la catégorisation des genres et types d'écrits
appartenant ou non à la littérature.
Un texte peut ainsi posséder une certaine dimension
littéraire sans que l'auteur ne l'ait voulu, ou alors sans que cela ne soit son but en tant
que genre.
Les critères de littérarité d'une œuvre font souvent l’objet de débats.
Nous devons aussi préalablement définir la notion complexe de morale.
La morale (du
Latin moralitas « façon, caractère, comportement approprié ») se rapporte au concept de
l'action humaine qui concerne les sujets du juste et de l'injuste, également désignés sous
le nom « bien et mal », utilisés dans deux contextes : un contexte social à travers un
système de principes parfois appelés « conduite morale » partagée au sein d'une
communauté, et une dimension plus personnelle où la morale concerne chaque individu
dans ses actions particulières qui correspond à l'idée qu'on se fait de ce qui compte pour
soi, de ce à quoi on aspire, de ce qui nous semble digne ou indigne de nous, noble ou
misérable, idée qui influence certains de nos comportements.
Il s’agit aussi ici de prendre en compte un autre sens du terme « morale », sens apparu
au XVIIe siècle, qui la considère simplement comme l’étude des mœurs.
Une littérature
morale n’est donc pas forcément une littérature moralisatrice.
Autre terme du sujet à éclaircir, le verbe « devoir » : il implique dans notre sujet une
obligation à laquelle se trouverait confrontée la littérature, celle d’être morale.
C’est cette
obligation même qu’il s’agit d’interroger.
Problématique : La littérature a-t-elle l’obligation d’être morale ? A-t-elle une fonction
nécessairement moralisatrice ?
I)
La littérature a souvent une ambition morale (au sens de
« moralisatrice »)
La littérature est souvent l’expression d’un jugement, celui de l’auteur, jugement
statuant sur le caractère bon ou mauvais de ce qu’il écrit.
- La littérature peut se faire le porte-parole d’une morale sociale.
Elle peut
prétendre à un rôle didactique, cherchant à enseigner le Bien et à prévenir contre le Mal.
Ex : Les Maximes de La Rochefoucauld, de leur vrai nom Réflexions ou sentences
et maximes morales.
L’ouvrage de La Rochefoucauld est l’œuvre d’un esprit très
pénétrant qui paraît systématiquement occupé à une considération exclusive des aspects
négatifs de la nature humaine, ce qui lui a valu la qualification de philosophe de l’amourpropre.
Le pessimisme dont il est imprégné doit beaucoup à la doctrine de Port-Royal qui
a marqué la littérature de l’époque classique.
La dénonciation de la vanité humaine, la
réfutation du libre-arbitre, la mise à nu de la faiblesse de l’être et des feintes dont il use
vis-à-vis de lui-même, ou la peinture de son insignifiance, témoignent de cet esprit
janséniste qui traverse les Maximes.
Certaines œuvres littéraires peuvent, sans avoir de prétentions didactiques, se
faire les illustratrices des valeurs morales d’une époque.
Cf.
Robinson Crusoé de Defoe
exaltant la morale protestante et la valeur du travail.
-
L’auteur d’une œuvre littéraire tend à exprimer sa morale personnelle en
faisant part de ses jugements et opinions, en osmose ou en décalage avec la
morale sociale.
Ex : Jean Genet, dans l’ensemble de son œuvre exprime une morale personnelle
créée de toutes pièces, qui s’oppose violemment à la « morale sociale » fondée sur
l’idée du Bien.
Genet propose une « morale du minoritaire » pour reprendre
l’expression de Didier Eribon, morale fondée sur le crime et sur le mal, comme seuls
moyens d’accéder à la sainteté.
II)
Mais certains courants revendiquent un désengagement moral
total au profit du primat du Beau
- A l’épanchement personnel et moral , certains auteurs ont opposé un souci
d’impersonnalité et se prononcent pour une retraite hautaine, tout entière vouée à la
célébration d'une Beauté divinisée.
Il s’agit de refuser tout engagement de ma
littérature et rêver d'une utilité plus haute qui ne doive rien aux besoins immédiats.
Ex : Les théoriciens du Parnasse et le l’Art pour l’Art.
cf.
La préface de
Mademoiselle de Maupin de Théophile Gauthier où il s’élève avec vigueur contre les
interventions des moralistes dans le domaine littéraire et il proclame l’indépendance
totale et définitive de l’art :
Une des choses les plus burlesques de la joyeuse
époque ou nous avons le bonheur de vivre est
incontestablement la réhabilitation de la vertu
entreprise par tous les journaux, de quelque couleur
qu’ils soient, rouges, verts ou tricolores.
La vertu est
assurément quelque chose de fort respectable, et nous
n’avons pas envie de lui manquer, Dieu nous en
préserve ! La bonne et digne femme ! (...) mais il me
semble naturel de lui préférer, surtout quand on a vingt
ans, quelque petite immoralité bien pimpante, bien
coquette (...) Les journalistes les plus
monstrueusement vertueux....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓