Analyse du sujet et problématisation : Ce sujet interroge sur la finalité du théâtre. Le théâtre est d’emblée envisagé comme...
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Analyse du sujet et problématisation :
Ce sujet interroge sur la finalité du théâtre.
Le théâtre est d’emblée envisagé
comme un genre scénique, à travers l’utilisation du verbe « représenter ».
En effet,
le théâtre n’est pas seulement constitué d’un texte dramatique, mais il trouve son
achèvement dans une représentation scénique.
La représentation de crises exceptionnelles est souvent l’objet de la tragédie qui
met en scène des conflits extraordinaires et des destins tragiques.
La représentation
de « tableaux de la vie quotidienne » est plutôt le propre de la comédie mettant en
scène des personnages ordinaire, du quotidien, souvent de façon humoristique.
Ce sujet met finalement en jeu une opposition entre les finalités des deux grands
genres théâtraux : la tragédie et la comédie.
Par « représenter des crises exceptionnelles » on peut entendre une tendance à la
dramatisation et à l’amplification des conflits.
« Proposer des tableaux de la vie quotidienne » serait donc, au contraire,
représenter fidèlement la réalité, sans chercher à amplifier ou à sacraliser les
conflits qui la jalonnent.
Problématique : Le théâtre trouve-t-il sa fin dans la représentation
amplifiée et spectaculaire de situations critiques ou dans la représentation
fidèle et désacralisée de la réalité ?
I)
La finalité spectaculaire du théâtre
1) Le théâtre, à travers la tragédie, pousse la crise à son paroxysme
La tragédie fait de la crise l’élément majeur de son intrigue.
L’action tragique vise
à pousser une situation critique à son paroxysme : des personnages de rang noble sont
impuissants face aux forces supérieures (des dieux le plus souvent) qui les manipulent.
L’enchaînement des événements et le dénouement révèlent une fatalité implacable qui
s’abat sur le héros tragique.
La tragédie, par la mise en scène de crises extraordinaires et
amplifiées, crée une distance par rapport à la réalité quotidienne, prosaïque, car l’action
tragique est toujours liée à une forme de transcendance qui provoque nécessairement la
déchéance du héros.
EX :
·
Œdipe Roi de Sophocle : le destin, incarné par l’oracle prédisant
qu’Œdipe tuera son père et épousera sa mère, s’acharne sur le héros
tragique provoquant une crise exceptionnelle.
·
Horace de Corneille : mise en scène d’une crise paroxystique à
travers l’affrontement de deux familles liées par le mariage : les Horace et
les Curiaces.
·
La crise de la passion amoureuse dans le théâtre de Racine, par
exemple, dans Britannicus.
2) Le but de cette amplification : un effet cathartique
Cette poussée de la crise à son paroxysme est nécessaire à l’effet cathartique de
la tragédie.
La catharsis est présentée comme la finalité de la tragédie, et du théâtre, par
Aristote, dans La Poétique.
La représentation de crises exceptionnelles a pour but de
provoquer, chez le spectateur terreur et pitié, afin de le purifier et de le purger de sa
violence et des conflits qui le rongent.
Le propos d’Aristote a été déformé chez les
classiques qui lui donnent une valeur non plus ontologique et existentielle mais morale.
.
(cf.
Racine et Corneille pour qui la catharsis doit « modérer, rectifier et même déraciner
en nous la passion » amoureuse afin de la rendre conforme à la raison.)
3) Les limites de la représentation de crises exceptionnelles
Le théâtre, prenant pour finalité la représentation de crises spectaculaires poussées
à leur paroxysme prend le risque de se désancrer totalement de la réalité et donc de ne
plus produire cet effet cathartique.
En effet, pour que la catharsis opère, il faut tout de
même que le spectateur puisse d’identifier au héros tragique afin de ressentir terreur et
surtout pitié (c’est le concept aristotélicien de mimésis).
Un théâtre trop extraordinaire,
trop spectaculaire peut donc manquer ce but et ne plus intéresser les spectateurs.
à évoquer la remise en cause de cette sacralisation de la crise à partir du XVIIIe siècle
avec le passage de la tragédie au drame.
La distance sacralisante de la tragédie classique,
son univers éthéré, situé hors du monde, du réel, ne convenait plus au nouveau public
bourgeois.
II)
La finalité mimétique du théâtre : une représentation d’un
quotidien
1)
Le théâtre, à travers la comédie, se veut le reflet d’une société
La comédie se présente comme la peinture d’une réalité psychologique ou sociale.
La comédie présente la fin du théâtre dans le miroir , certes grossissant et déformant, mais
néanmoins fidèle d’une réalité.
La comédie dite de mœurs notamment, s’inspire de la
réalité sociale pour dépeindre les hommes en leur temps, mais toujours sous un jour
humoristique.
La comédie de caractère, elle s’intéresse aux défauts humains en les mettant
à jour de façon souvent exagérée.
Ex :
·
Les précieuses ridicules de Molière : représentation et
ridiculisation d’un phénomène social du XVIIe siècle : la préciosité
·
L’avare de Molière : comédie de caractère, comme l’indique son
titre.
2)
Le but de ce théâtre tableau du quotidien : une fin didactique
et critique
Ce théâtre se présentant comme un tableau de la vie quotidienne vise soit à délivrer
un enseignement, une leçon au spectateur, soit à dénoncer une réalité sociale, un défaut
humain.
Le théâtre reflet de la vie quotidienne, de la réalité, possède donc une importante
portée politique et sociale.
Il cherche à prendre place dans les débats politiques et sociaux
d’une époque, étant totalement ancré dans un contexte réel.
Ex :
·
Le théâtre de Beaumarchais, par ex, le Mariage de Figaro, pièce
subversive annonçant cinq ans avant les bouleversements politiques de la
Révolution française.
·
La leçon de vie donnée par le théâtre....
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