Analyse du sujet et problématisation Ce sujet met en jeu la puissance d’évocation et d’évasion de la poésie. La poésie...
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Analyse du sujet et problématisation
Ce sujet met en jeu la puissance d’évocation et d’évasion de la poésie.
La poésie est ici appréhendée en tant que genre littéraire, en opposition avec les
autres genres.
Il s’agit un genre littéraire très ancien aux formes variées qui se constitue
aussi bien en vers qu'en prose et dans lequel l'importance dominante est accordée à la
"forme".
La poésie fait une utilisation maximale des ressources de la langue : le travail sur
la forme démultiplie la puissance de la signification des mots.
Elle apparaît donc comme le
genre par excellence de l’évocation, ce terme ayant au départ une connotation magique.
En effet, évoquer consiste à faire apparaître visuellement une entité de façon quasi
magique.
La poésie a donc, par son travail sur la forme et sur les potentialités de
signification des mots, un réel pouvoir d’évocation.
Mais retenons aussi le second sens
d’évoquer : rappeler des évènements passés.
L’expression « évocation du voyage » fait écho au poème « Invitation au voyage de
Baudelaire » et permet de questionner la puissance d’évasion de la poésie à travers son
pouvoir d’évocation.
Le questionnement sur le caractère approprié du genre poétique à cette fin
évocatoire invite à passer en revue les autres genres littéraires sur ce sujet d’autant plus
que le sens le plus courant du nom « évocation » est la simple mention ou allusion : on
retrouve donc des évocations dans l’importe quel type de texte
Il convient de bien avoir à l’esprit tous ces différents niveaux de sens du terme
évocation.
Le terme de voyage mérite aussi d’être analysé : ce voyage peut avoir lieu aussi
bien dans le temps que dans l’espace.
Problématique : La poésie peut-elle faire voyager, rendre compte d’un voyage ?
A-t-elle le pouvoir de rendre présent par les mots un voyage auquel elle convierait son
lecteur ?
Invite souvent à un voyage inoubliable et vertigineux ( le voyage = le parcours du
poème) : lecteur porté, bercé par le rythme et la mélodie poétique + poème est une
sorte de voyage initiatique au terme duquel on découvre beauté et vérité.
I)
Si le récit apparaît comme le genre le plus approprié à
l’évocation du voyage…
Il s’agit de traiter ici du genre du récit de voyage (réel ou imaginaire)qui apparaît a
priori comme ce qui évoque le plus immédiatement le voyage et transporte le lecteur dans
de nouveaux horizons.
On prend ici le terme d’évocation dans son sens le plus courant
d’allusion ou de mention.
- La dimension narrative du récit de voyage lui permet d’évoquer le voyage réalisé
de façon complète, mêlant les descriptions des nouvelles contrées explorées et la narration
des évènements et péripéties arrivées au narrateur durant ce voyage.
Il est vecteur
d’évasion et d’exotisme.
Ex : Dans L’Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil, Jean de Léry alterne des
chapitres descriptifs très détaillés sur la faune et la flore du Brésil avec des chapitres
narratifs racontant ses aventures au Brésil (notamment les chapitres sur le voyage en mer
qui prend souvent une connotation épique)
- Le récit de voyage, surtout lorsqu’il est fondé sur un voyage réel, témoigne par
ailleurs d'un souci de vérité.
Ce qui est dit doit être fidèle à ce qui a été vu, le locuteur doit
rendre compte de ses découvertes avec la plus grande exactitude.
Cela implique que la
subjectivité demeure en retrait: les sentiments ou les opinions du locuteur doivent s'effacer
autant que possible devant l'observation de la réalité.
Le discours du récit de voyage se
veut donc objectif et transparent: ce qui est visé, c'est la parfaite concordance des mots
et des choses vues.
Le récit de voyage veut rendre les choses vues présentes aux yeux du
lecteur de la façon la plus objective.
Cette dimension authentique implique, même dans
les récits de voyage imaginaire, une recherche du pittoresque :
Ex : Les récits de voyages de Jules Vernes où fourmillent des détails précis afin de
garantir une objectivité de l’auteur.
- Le récit de voyage apparaît aussi comme le genre par excellence de l’évocation du
voyage car, il implique un processus d’illusion référentielle, d’identification du lecteur à
l’écrivain-voyageur.
Il s’agit, en effet, d’un récit utilisant très souvent la première
personne ; le lecteur a donc l’impression d’être le héros du voyage et de découvrir, en
même temps que le narrateur, de nouveaux horizon.
II)
… la poésie a une puissance d’évocation sans pareil…
- La poésie peut être fondée sur un voyage que le poète veut faire partager : elle
est parfois choisie comme vecteur de l’exotisme.
C’est le cas surtout de la poésie
symboliste du XIXe siècle à travers des poètes comme Baudelaire ou Verlaine, par
exemple.
La poésie de Charles Baudelaire dans Les Fleurs du mal (1857) est
fortement imprégnée de l’Orient, de ses odeurs, de ses parfums et couleurs, et des
sensations puissantes de l’Ailleurs qui représentent une alternative au morne
quotidien du poète.
( cf.
Le poème « Invitation au voyage », qui invite le lecteur à
partir dans un pays imaginaire mais ayant une dimension très orientale :
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.)
Une partie du recueil des Romances sans parole de Verlaine est fondée sur ses
voyages en Belgique : il s’agit de la section intitulée « Paysages Belges » où certains noms
de poèmes sont des noms de villes belges : « Walcourt », « Charleroi », « Bruxelles ».
- La poésie....
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