Analyse du sujet et problématisation Ce sujet prend place dans l’objet d’étude des « réécritures » en littérature. La réécriture...
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Analyse du sujet et problématisation
Ce sujet prend place dans l’objet d’étude des « réécritures » en littérature.
La réécriture en littérature c’est le fait de réécrire un texte en y apportant des
modifications.
La notion de réécriture est étudiée par Genette dans Palimpsestes : il crée
pour nommer cette pratique d’écriture le terme d’« hypertextualité » désignant « toute
relation unissant un texte B ( qu’[il] appeller[a] hypertexte) à un texte antérieur (qu’[il]
appeler[a], bien sûr, hypotexte) sur lequel il se greffe d’une manière qui n’est pas celle du
commentaire ».
On peut donc utiliser le vocabulaire de Genette et notamment les termes
d’hypertexte et d’hypotexte dans le cadre d’un travail sur la réécriture.
La question porte sur l’intérêt de réécrire un texte, c’est-à-dire sur la finalité et
l’utilité des réécritures en littérature.
Ce sujet met en jeu la place dans le champ de la littérature de cette notion de
réécriture et des œuvres qui en sont les produits.
Problématique : Quelle est la finalité et l’utilité des réécritures en
littérature ?
I)
Un intérêt ludique
- Les réécritures se présentent comme un jeu de langage et ainsi avant tout comme
une gageure littéraire.
Il s’agit d’imiter un modèle littéraire souvent célèbre ( puisque
susceptible d’être reconnu, identifié par les lecteurs) et d’arriver à sa hauteur, de ne pas
décevoir en n’en proposant qu’une pâle copie.
La réécriture peut donc avoir une fin
essentiellement divertissante :
Ex : Paul Reboux et Charles Müller, dans A la manière de…, recueil de pastiches de
grands écrivains
- En jouant avec son modèle, le processus de réécriture a pour intérêt de mettre du
jeu entre hypotexte et hypertexte afin de créer une distance entre eux, un espace de
création littéraire.
Il s’agit souvent d’un processus de détournement parodique d’un illustre
modèle à des fins humoristiques et satiriques.
La parodie, type particulier de réécriture,
est une manifestation d'une habitude fondamentale dans les cultures humaines, qui est de
redire et de travestir, forme essentielle du rire.
Ce détournement peut d'ailleurs obéir à
des intentions contradictoires : ce peut être au nom du naturel (le burlesque rend familière
une œuvre noble), mais aussi au nom de la fantaisie et de l'imaginaire (le registre héroïcomique ennoblit des situations triviales).
Dans les deux cas, la parodie s'inscrit dans un
jeu d'appropriation qui peut à la fois exprimer combien nous sommes prisonniers des livres,
comme Borges l'imaginait dans sa Bibliothèque de Babel, et combien aussi nous sommes
capables de nous en libérer.
Ex : Scarron dans Le Virgile Travesti, réécrit de façon parodique l’Eneïde de Virgile
en opérant un travestissement burlesque.
Il recompose l’histoire d’Enée et des origines de
Rome dans un registre différent, en l’adaptant à la vie et aux mœurs de son temps.
Il
choisit l’octosyllabes, plutôt que l’alexandrin, vers noble que choisissent souvent les
traducteurs.
Il fait preuve d’une grande désinvolture vis à vis des contraintes stylistiques
en utilisant un vocabulaire trivial ( ainsi le cheval de Troie devient-il un vulgaire « dada »)
et multiplie les situations scabreuses aboutissant ainsi à une démythification totale des
actions et des personnages, tous ridiculisés.
à En dehors du simple jeu littéraire, l'entreprise peut trahir un souci de naturel qui conteste
l'écart excessif choisi par certains genres par rapport au réel.
Ce type de parodie participe
aussi de quelque chose d'iconoclaste, et ce d'autant plus que l'œuvre parodiée est
consacrée.
- La réécriture se présente aussi comme un jeu pour le lecteur cherchant sous
l’hypertexte les différentes références présentes de façon inter-textuelles.
Le lecteur ne
perçoit ces références qu’en fonction de sa culture ce qui instaure une connivence culturelle
entre le ré-écrivain et son lecteur.
Ex : Les suites allographes de grandes œuvres littéraires imposent aux lecteur de
connaître l’hypotexte pour pouvoir en apprécier la suite :
La suite allographe de Madame Bovary : Mademoiselle Bovary de Raymond Jean,
relatant la relation entre la fille de Mme Bovary et Flaubert.
Dans certaines œuvres qui se présentent explicitement comme des réécritures,
l’hypotexte est parfois difficile à retrouver du fait de l’importance des transpositions et
modifications apportées : il s’agit donc d’un véritable défi pour le lecteur que de retrouver
les vestiges de l’ancienne œuvre et analyser les modifications qui en ont été faites.
Ex : Ulysse de Joyce : Dans ce roman de Joyce, seul le titre indique expressément
que l’on a affaire à une réécriture de l’Odyssée d’Homère : la première difficulté pour le
lecteur s’avère donc de justifier le titre de l’œuvre en cherchant les parallèles pouvant être
établis entre Stephen Dedalus, Dublinois juif au début du XXe siècle et Ulysse.
II)
Un intérêt critique
L’intérêt critique des réécritures peut-être envisagé d’une façon double : d’une part,
les réécritures peuvent avoir une utilité méta-textuelle, c’est-à-dire qu’elles établissent, de
façon plus ou moins consciente, une analyse littéraire, une interprétation, une critique
littéraire de l’hypotexte.
; d’autre part la critique, l’analyse opérée par les réécritures peut
être celle d’une société donnée.
- Le processus de réécriture peut donc être assimilé à une sorte de critique littéraire.
Pour réécrire un texte, il faut d’abord en avoir saisi les enjeux profonds et en avoir analysé
tous les procédés textuels.
La réécriture peut donc mettre en évidence certaines
caractéristiques littéraires de l’hypotexte, sous une forme qui n’est pas celle du
commentaire littéraire traditionnel.
Ex : La conception proustienne du pastiche.
Marcel Proust considérait le pastiche
comme « de la critique littéraire en action », une critique « de l’intérieur » pourrait-on dire,
et qui a marqué le genre par la qualité, la quantité et la variété de ses pastiches qui ont
accompagné toute son œuvre, en parallèle de ses réflexions de critique théorique :....
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