Analyse du sujet et problématisation : La citation d’André Maurois envisage le personnage de roman comme une copie simplifiée et...
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Analyse du sujet et problématisation :
La citation d’André Maurois envisage le personnage de roman comme une copie
simplifiée et schématique des personnes réelles.
Il envisage le personnage de roman comme une construction à partir du réel – ce
qui n’est pas faux – mais le terme « construit », associé à l’adjectif « simplifié » ici
n’implique pas l’idée d’élaboration complexe, mais, au contraire, de réduction à des traits
caractéristiques et schématiques.
Il oppose ainsi la limpidité, la transparence du personnage de roman à l’énigme des
personnes réelles.
Par énigme, on peut entendre ici l’opacité, la complexité des personnes
réelle qui s’avèrent « dangereuses » selon Maurois car on ne peut lire en elles comme dans
un livre ouvert, contrairement aux personnages de roman, selon lui.
Problématique : Le personnage de roman est-il une simplification et une
schématisation des personnes réelles ? Peut-on lire en lui, comme dans un livre
ouvert ?
NB : Le sujet invite seulement à contredire le propos de Maurois : il s’agit donc
uniquement de répondre négativement à la problématique.
I)
Le personnage de roman est une construction complexe…
1)
Entre particulier et universel
Le personnage de roman est, certes, comme l’affirme André Maurois, « construit »
mais cette construction n’est pas une simplification ; au contraire, elle se présente comme
une complexification du réel, le personnage romanesque occupant une position oblique en
tant qu’actant particulier du récit et figure visant une certaine universalité pouvant marquer
les lecteurs.
Par le génie du romancier, le personnage passe du type particulier à l’universel
et à l’emblématique.
Ex : Le personnage de roman au XIXe siècle : il cristallise des postulations typiques
de l'individu dans la société marchande et devient un mythe c’est-à-dire un personnage
capable de signifier une attitude, une aspiration représentatives d'un groupe tout entier à
un moment de son histoire.
Cf.
Homais dans Madame Bovary qui incarne le mythe d’un républicanisme étroit et
sectaire, d’une culture mal assimilée et pourtant étalée, d’une « langue de bois » avide de
pouvoir.
2)
Une caractérisation explicite souvent très détaillée participant
de la complexité du personnage
La caractérisation du personnage peut être explicite : le narrateur indique les
marques de l'état-civil qui fixent les distinctions sexuelles et sociales, il brosse les portraits
ou analyse les ressorts psychologiques qui dépeignent un caractère.
La description est le
moyen privilégié de cette caractérisation explicite, de même que le choix du point de vue
omniscient qui permet de dévoiler le passé du personnage, de révéler ses pensées et d’en
faire un individu riche et complexe.
Ex : Balzac et son souhait de « faire concurrence à l’état civil » par la puissance de
son imagination et la construction de personnages riches et complexes, doté de
nombreuses caractéristiques et d’une psychologie ambivalente.
Le personnage de roman
se rapproche le plus possible, dans une volonté mimétique de l’auteur, de personnes ou
types de personnes existant dans la réalité.( cf.
aussi les personnages très marqués
socialement de Zola)
3) La caractérisation implicite est la plus à même de faire ressortir la
complexité du personnage, complexité qui commence ici même à excéder celle
des personnes réelles.
La caractérisation des personnages est plus souvent implicite : les connotations
attachées aux noms mêmes, les combinaisons narratives, les discours et les relations
sociales complètent indirectement notre connaissance du personnage et étoffent sa
psychologie, le rendant souvent plus complexe et plus riche de signification qu’il ne paraît.
Développer aussi l’idée que le personnage n’est pas seulement défini par ce qu’il est mais
par ce qu’il fait.
Il est donc changeant et se construit au fil de ses actions.
(cf.
évolution
psychologique et construction de Bardamu dans Le Voyage au bout de la Nuit de Céline qui
semblent conditionnées par ses actions et ses aventures.) Cette idée d’un personnage non
forcément défini a priori mais en construction permanente par ses actes rapproche le
personnage romanesque des personnes réelles et de leur complexité.
II)
…Souvent plus énigmatique que les personnes réelles
Le personnage de roman, bien loin d’être limpide et transparent, ne se laisse pas
saisir facilement.
Il est souvent une énigme pour le lecteur.
1)
Quand le personnage
redoublement de l’énigme
échappe
au
romancier… :
le
De nombreux romans mettent en œuvre l’égarement du sujet dans un monde qui
se veut labyrinthique, dans un réel fourmillant.
Les personnages y sont évanescents, les
rencontres inopérantes, les aventures dérisoires et énigmatiques.
Le personnage de roman
apparaît alors comme un individu sans but, évoluant à la faveur de hasards et de
coïncidences ; il semble échapper à toute prise auctoriale.
Il évolue librement et se
présente de ce fait comme une énigme encore plus mystérieuse que les personnes réelles.
Ex : Conception sartrienne du personnage : cf.
extrait de M.
François Mauriac et la
liberté :
Voulez-vous que vos personnages vivent ? Faites qu'ils
soient libres.
Il ne s'agit pas de définir, encore moins d'expliquer
(dans un roman, les meilleures analyses psychologiques sentent la
mort), mais seulement de présenter des passions et des actes
imprévisibles.
Ce que Rogojine va faire, ni lui ni moi....
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