Analyse du sujet et problématisation Le sujet donne déjà une démarche d’analyse : il s’agit de se demander au départ...

« Analyse du sujet et problématisation Le sujet donne déjà une démarche d’analyse : il s’agit de se demander au départ quelles sont les formes du monologue pour en trouver, ensuite, les différentes fonctions au théâtre. Distinguons d’abord les différentes formes que peut revêtir le monologue : le monologue peut être un dialogue fictif où un personnage se parle à luimême pour exprimer son trouble ou dilemme. Le monologue peut prendre la forme du soliloque où le personnage seul au milieu des autres se parle à lui-même.

Ce second type de monologue peut luimême revêtir plusieurs formes : · La forme des stances, dans le théâtre français du XVIIe siècle, baroque et classique : leur structure strophique est généralement très élaborée ; les théoriciens comme les dramaturges les réservent aux tragédies et tragi-comédies pour l’expression d’un sentiment triste ou sérieux ; grâce à leurs fréquents changements de mesure, elles se prêtent particulièrement bien à l’expression de la passion. · Le « stream of consciousness », ou monologue intérieur.

Le personnage livre en vrac, sans souci de logique, les bribes de phrases qui lui passent par la tête.

Le désordre émotionnel ou cognitif de la conscience est ainsi livré au spectateur. · L'aparté : surtout dans la comédie.

propos brefs prononcés par un personnage à lui-même et au public · L'adresse au public : le spectateur devient le destinataire désigné. Il faut considérer le monologue comme une convention théâtrale : un homme seul n’est pas censé parler à voix haute.

La convention peut être alors de deux types, le monologue représentant deux réalités différentes : soit la chose représentée est la parole : le personnage s’entretient/parle avec lui-même.

Le monologue surpris (un personnage entend le personnage qui monologue) correspond à ce choix.

La convention introduit alors un écart entre le réel (un homme seul ne parle pas à voix haute) et la mimèsis théâtrale (dans le texte dramatique, la pensée d’un homme devient discours, parole proférée d’un personnage) soit la chose représentée est la pensée : le personnage s’entretient en luimême .

Le spectateur doit accepter que les mots prononcés sur scène ne le sont pas dans la fiction représentée, autrement dit les mots prononcés le comédien ne le sont pas par le personnage.

Dans ce cas, il est possible que d’autres personnages soient présents sur scène. Se poser la question des fonctions du monologue au théâtre c’est interroger les différents rôles dramatiques et scéniques qu’il peut avoir à travers ses différentes formes. Problématique : A quoi sert le monologue au théâtre et quel rapport y-a-t-il entre les différentes formes de monologues et les diverses fonctions ? ( c’est-à-dire, un type, une forme de monologue bien particulière a-t-elle une fonction précise qui lui est assignée ?) Pour ce sujet, un plan thématique apparaît comme le plus approprié. I) La fonction délibérative du monologue Le monologue est souvent une délibération : la formulation et à la résolution d'un dilemme. Le monologue intervient quand le personnage est en situation de trouble, de doute profond, de désespoir . Ex : · Le monologue d’Hermione dans Andromaque de Racine naît du désespoir amoureux de cette femme qui se voit supplantée dans le cœur de Pyrrhus par Andromaque et qui, pour se venger a chargé Oreste de le tuer. · La voix humaine de Cocteau : c’est une amoureuse trahie qui parle à son amant devant se marier le lendemain. - Le monologue permet au personnage d’explorer dans sa parole solitaire l’insupportable situation dans laquelle il se trouve.

Il représente ce moment d’émotion dans lequel le personnage se laisse aller à des « confidences » et se révèle aux spectateurs Pour l’auteur dramatique, il présente tout d’abord l’intérêt de révéler directement l’état et les pensées du protagoniste, ce que certains appellent sa fonction lyrique, il est « illumination de l’intérieur du personnage », pour reprendre l’expression de Victor Hugo.

Cette expression sincère de soi est aussi permise à un autre niveau : parce qu’il est seul, le personnage peut se livrer à une parole solitaire et ouvrir le fond de son âme et livrer ses pensées les plus secrètes.

Le monologue retrouve ainsi une certaine conformité à la nécessité de vraisemblance. Ex : Lorenzaccio de Musset, acte IV : il s’agit du premier monologue de Lorenzo dans lequel le personnage ôte son masque pour la première fois : le rusé, le corrompu Lorenzaccio est observé de l’intérieur par le pur Lorenzo qui tremble de véritablement devenir haïssable, malgré toute sa volonté et sa lucidité. - Le monologue permet finalement au personnage de résoudre le dilemme, les contradictions qui lui pesaient en tentant de faire ressurgir la raison afin qu’elle prenne le dessus sur la passion.

Cette résolution passe souvent par une série de questions que le personnage se pose à lui-même (cf.

Le monologue d’Hamlet où les interrogations se suivent exprimant les contradictions du personnages, cf.

aussi les stances de Rodrigue dans le Cid de Corneille ) ou bien même parfois par une véritable stratégie argumentative. (cf.

Andromaque de Racine : devant un choix impossible, Hermione s’expose les arguments et contre-arguments d’une conduite : sauver ou non Pyrrhus, selon que l’orgueil d’être délaissée l’emporte sur l’amour ou l’inverse) II) La fonction dramatique ou informative du monologue L’aspect lyrique et délibératif du monologue est souvent lié à un impératif informatif. - le monologue est un moyen d’exposition d’événements passés ou ne pouvant être présentés directement.

Il s’apparente alors aux formes du récit.

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