Analyse du sujet et problématisation : Le sujet porte sur la fonction du personnage romanesque. Le personnage de roman est...

« Analyse du sujet et problématisation : Le sujet porte sur la fonction du personnage romanesque.

Le personnage de roman est envisagé dans son rapport au lecteur, dans ce qu’il dit au lecteur sur lui-même. Par « accès privilégié à la connaissance du cœur humain » on entendra une meilleure compréhension de la sphère affective des sentiments humains. La formulation du sujet ( « dans quelle mesure ? ») invite à examiner la validité d’une telle affirmation ainsi que ses limites. Problématique : Le genre romanesque permet-il au lecteur de mieux comprendre la sphère affective des sentiments humains ? Le personnage de roman est-il un miroir grossissant du cœur humain ? Ce sujet met en jeu la puissance analytique du genre romanesque par rapports aux autres genres littéraires. I) Le personnage de roman donne un accès privilégié à la connaissance du cœur humain. 1) Le genre romanesque permet une plongée au cœur de l’intériorité des personnages Le roman tente souvent d’expliquer les ressorts des sentiments humains, en proposant une analyse psychologique des personnages afin de percer les mystères du « cœur » de l’homme.

Analysant les fondements des sentiments et états d’âmes humain, le roman cherche à aider l’homme mieux se connaître lui-même et à mieux vivre. Ex : Le roman d'analyse qui se consacre à explorer les sentiments de personnages souvent partagés entre l'amour et la vertu, le désir et le renoncement.

Dans un décor resserré, le roman d'analyse décrit leurs réactions devant une passion soudaine qui les déborde, un choix de vie difficile.

Anxieux, tourmentés, les personnages interprètent les attitudes, les paroles, les regards des autres; ils s'analysent eux-mêmes, avec exigence, avec lucidité et donne donc des clés au lecteur pour mener sa vie dans la meilleure direction possible ( cf : La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette.) 2) Des points de vue multiples pour une connaissance exhaustive du cœur humain Le propre du genre romanesque est la possibilité de multiplier les points de vue. Le romancier, en effet, peut alterner entre une focalisation zéro ou interne, qui toutes deux offrent une vision différente de l’intériorité affective du personnage.

Alors que la focalisation interne va plonger au plus profond dans la conscience du personnage, dans ses émotions les plus intimes, la focalisation zéro permet souvent de révéler la part inconsciente de la sphère des sentiments du personnage.

La combinaison de ces deux points de vue permet donc de sonder de la manière la plus complète possible le cœur de l’homme. Ex : La pratique constante de l’oscillation entre focalisation zéro et focalisation interne, selon la technique des « restrictions de champ » dans les romans de Stendhal. II) Mais le personnage de roman est stéréotypé 1) Le personnage romanesque est daté, marqué par un contexte Le personnage de roman se présente comme la vision d’un homme à un temps et à un moment donnés.

Il est un cas particulier qui ne peut prétendre à une généralisation sans bornes spatiales ni temporelles.

La connaissance du cœur humain qu’il peut offrir n’est donc que partielle. Ex : · · 2) La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette : une analyse du cœur d’une femme vertueuse au XVIIe siècle. Les romans de Jane Austen, sondant le développement du sentiment amoureux et des relations matrimoniales dans l’Angleterre du XXe siècle. Le personnage romanesque est souvent extra-ordinaire Le personnage romanesque se présente traditionnellement comme un personnage extra-ordinaire, hors normes qu’il soit présenté comme un héros accomplissant des exploits fabuleux ou comme un anti-héros.

Le personnage romanesque ne peut refléter l’homme véritable, dans sa banalité, sous peine d’ennuyer le lecteur.

Ainsi son caractère nécessairement extra-ordinaire l’empêche d’être un miroir véritable du cœur humain dont il est plutôt le miroir déformant, caricatural. Ex : · · 3) Les personnages des romans fantastiques ; cf.

Eve Future de Villiers de l’Isle Adam : amour de l’androïde et de Lord Ewald ne peut se présenter comme le reflet des sentiments humains et ces personnages ne peuvent percer les mystères du cœur humain du fait du caractère.... »