Analyse du sujet et problématisation Le théâtre est envisagé ici à la fois comme genre littéraire et comme lieu public...
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«
Analyse du sujet et problématisation
Le théâtre est envisagé ici à la fois comme genre littéraire et comme lieu public où
ont lieu des représentations, des spectacles.
Le terme de « lieu » est employé ici au sens
propre ( d’endroit, d’infrastructure) comme au figuré ( au sens plus large d’espace, et ici,
concernant le théâtre, de média littéraire).
Le théâtre est un genre littéraire particulier
puisqu’il conjugue une forme textuelle, écrite ( le texte dramatique) et une forme incarnée,
dynamique, spectaculaire ( la représentation théâtrale) qui est une transposition et
actualisation de la forme textuelle.
Le terme de conflit implique que le théâtre soit le genre littéraire et le lieu de la
confrontation, du combat, de l’opposition, de la rupture.
L’expression « en quoi » implique que l’on ne réfute pas la thèse présentée, que
l’on accepte le présupposé selon lequel le théâtre est le lieu par excellence du conflit.
Il
s’agit donc de faire un plan thématique qui évolue du plus évident au plus subtil.
Problématique : Pourquoi le théâtre a-t-il pour enjeu essentiel la rupture
et l’affrontement ?
I)
L’action théâtrale repose sur le conflit et la crise
Le conflit est le moteur de toute l’intrigue théâtrale et de la représentation sur scène
de cette intrigue.
1)
Le conflit : centre de l’intrigue théâtrale
L’intrigue théâtrale dans tous les genres de théâtre ( comédie, tragédie, drame,
vaudeville …) repose sur un conflit à résoudre (conflit social, politique, familial,
amoureux…).
Le théâtre repose sur un drame (ou drama) c’est-à-dire, au sens
étymologique du terme, sur une action.
Cette action, dans toutes les formes de théâtre,
progresse par l'opposition des caractères, des situations, des projets, et se cristallise en
véritable conflit ou affrontement, le théâtre poussant à son paroxysme cette opposition
première.
Ce qui se joue au théâtre, ce sont avant tout des rapports de pouvoir.
Ex :
·
conflit politique : entre le héros aristocrate et le pouvoir royal
dans le théâtre de Corneille ( dans le Cid, par exemple, où l’honneur
féodal se place au dessus de l’autorité royale).
·
Conflit social : les conflits entre le maître et le valet de Molière
à Hugo (Ruy Blas) sans oublier, naturellement, le théâtre de
Beaumarchais (Le mariage de Figaro, pièce subversive dans son
évocation de la relation entre maître et valet et pièce qui se présente
comme annonciatrice de la Révolution française) ou celui de Marivaux (
dans l’Ile des esclaves, où les relations entre maître et valet sont
inversées, faisant état de l’inégalité scandaleuse entre ces deux
conditions)
·
Conflit amoureux : le cercle infernal de la passion amoureuse
dans les tragédie de Racine où l’amour est toujours en crise car non
partagé.
2)
Le dialogue conflictuel au théâtre
Le théâtre est un genre littéraire fondé sur la parole.
L'action est transposée dans
la parole notamment par le dialogue.
Cette dimension dialogique permet au théâtre une
confrontation de thèses et d’opinions.
Le conflit théâtral est donc avant tout dialogique,
intellectuel : c’est un affrontement par le Verbe soulignant souvent un combat existentiel.
Ex par excellence de ce conflit dialogique et verbal : la scène d’agôn qui présente
l’affrontement de deux héros par le combat et/ou par la parole.
Cf.
Œdipe Roi de Sophocle :
la scène d’affrontement entre Œdipe et Créon ( face à face prenant la forme d’un débat
judiciaire à montrer quels outils littéraires et dialogiques créent cet effet d’affrontement.)
3)
La représentation théâtrale : une actualisation du conflit
La représentation figure, actualise le conflit mis en place dans l’intrigue et accentue
son ampleur.
Le conflit n’est plus seulement littéraire et dialogique : il est présenté
concrètement sur la scène du théâtre et n’échappe pas à un certain effet de réel, même si
le spectateur sait bien que la représentation théâtrale est un artifice ne pouvant se
confondre avec la réalité.
Dans tous les cas, s’il n’y a pas effet de réel dans la
représentation théâtrale, il y a du moins un effet d’image, de figuration qui marque l’esprit
du spectateur du fait de son aspect visuel.
Ex :
·
Figuration sur la scène du crime (aboutissement irréversible du
conflit)dans nombre de pièces de Jean Genet : cf.
Les Bonnes ou Haute
Surveillance ( violence du crime à chaque fois) à expliquer la façon dont la
mise en acte des didascalies permet une figuration des affrontements sur
scène qui a un impact fort sur le spectateur.
II)
Le théâtre : un conflit scène/salle ou représentation/public
Le théâtre apparaît comme lieu de rupture à travers un affrontement qui se joue
entre la scène et les spectateurs
1)
Le rapport frontal entre scène et salle
Le rapport frontal, le vis à vis entre les comédiens sur la scène et le public dans la
salle peut se présenter comme un rapport d’affrontement et de rupture.
»).
Cette rupture
est marquée de façon symbolique par la ligne imaginaire séparant la salle de la scène.
Cette ligne imaginaire témoigne de la nécessité pour le spectateur de prendre conscience
de la rupture entre ce qui est représenté sur scène et sa propre vie.
Elle sert souvent à
désamorcer l’illusion scénique.
Même lorsque cette rupture semble désamorcée, par des
répliques adressées au public notamment ( apartés), elle témoigne de l’affrontement à
l’œuvre et de la séparation entre le public et la scène, rappelant de façon brutale, voire
agressive au spectateur qu’il n’est justement qu’un spectateur.
Ex : La tirade finale d’Irma dans Le Balcon de Jean Genet, tirade adressée aux
spectateurs leur révélant de façon brutale leur véritable fonction et désamorçant tout
processus d’illusion scénique, renvoyant ainsi la salle et la scène dos à dos.
2)
Le « viol » du spectateur
La représentation théâtrale peut agir comme un véritable « viol » sur le spectateur.
Ce « viol » peut avoir deux raisons différentes : soit la violence même de la pièce telle que
le dramaturge l’a écrite présente une violence telle ( violence physique ou morale) qu’elle
agresse le spectateur ( cf.
Œdipe Roi, la scène....
»
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