Analyse du sujet et règles générales et formelles qu’il implique Ce sujet invite à élaborer un dialogue argumentatif, c’est-à-dire qu’il...
Extrait du document
«
Analyse du sujet et règles générales et formelles qu’il implique
Ce sujet invite à élaborer un dialogue argumentatif, c’est-à-dire qu’il faut mettre en
présence, à travers deux interlocuteurs, deux thèses qui s'opposent.
Il va donc falloir
procéder en deux temps: identifier dans un premier temps les deux thèses en développant
l'argumentation, puis, ensuite, se plier aux exigences du dialogue.
La discussion doit
progresser de manière cohérente, tenir compte des avis opposés, les rapprocher.
Il
convient de ne pas dialoguer dans le vide mais de faire en sorte que se dégage du dialogue
une signification globale.
Le but n'est donc pas d'obtenir que l'un des deux interlocuteurs s'incline mais que
le dialogue s'enrichisse; ce qui suppose de celui qui parle la volonté de se faire comprendre
et de celui qui écoute la décision d'écouter et de comprendre.
Quelques conseils formels
La présentation des arguments doit se faire de la même façon que pour une
dissertation ou un essai écrit.
Chaque thèse présentée (ici deux thèses) doit suivre le
schéma canonique suivant :
Introduction partielle (thèse+présentation des arguments)
- Argument n°1 + explication + justification + exemple
- Argument n°2 + explication + justification + exemple
- Argument n°3 + explication + justification + exemple
Conclusion partielle (bilan)
ATTENTION : Bien ménager des transitions logiques entre les différents arguments
Il ne faut pas oublier non plus qu’il s’agit d’un dialogue : il est donc nécessaire de
réaliser une introduction générale qui présente la situation spatio-temporelle et les
personnages.
Il faudra donc agencer les arguments choisis pour défendre chacune des
deux thèses de telle sorte qu’ils se répondent.
Il faudra construire le dialogue selon un
processus d’arguments et de contre-arguments tout en montrant que les interlocuteurs ne
sont pas totalement hermétiques à la thèse adverse et qu’ils peuvent parfois faire des
concessions.
En dernier lieu, il faut prêter attention à la mise en forme du dialogue qui doit
respecter certains codes typographiques (emploi des guillemets et des tirets) et être vivant
(emploi de verbes introducteurs variés, d’une ponctuation adéquate, d’interjections, voire
de didascalies).
Il faut, en outre, terminer par une conclusion (soir l'un a convaincu l'autre,
soit ils repartent sur les mêmes principes) qui souligne l'évolution de la situation après
l'échange d'arguments.
La question du bonheur
Le thème de ce dialogue argumentatif est un des thèmes phares de la philosophie.
On peut donc s’appuyer pour chacune des thèses sur des grandes philosophies du bonheur
mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un devoir de français impliquant que l’élève
témoigne d’une bonne culture littéraire : il s’agit donc de penser à se référer ( en exemple
notamment) à des œuvres littéraires ou à de grands auteurs.
Les deux thèses doivent défendre chacune une conception du bonheur c’est-à-dire
qu’elles doivent proposer une définition du bonheur et les moyens pour arriver à ce
bonheur.
On proposera ici seulement des pistes d’arguments concernant deux thèses
possibles sur le bonheur.
On peut noter préalablement que si les différentes philosophies du bonheur
diffèrent plus ou moins radicalement sur la manière de la concevoir et de l’atteindre, elle
gardent un trait commun : c’est de dépasser le fait d’un bonheur simplement subi, précaire
( car dû au hasard) pour tendre à la conscience du bonheur plus ou moins voulu et mérité
qui le met au pouvoir de l’homme, que ce bonheur advienne au cours de la vie terrestre,
ou post-mortem ( cela peut être envisagé, dans le cadre de notre dialogue comme le point
d’entente possible des interlocuteurs)
I)
Première thèse possible : le bonheur est lié à la moralité
- Rechercher le bonheur, c'est viser le souverain Bien.
Dans ce contexte, le bonheur
résulte de décisions humaines, il ne dépend plus seulement du hasard.(cf.
La philosophie
de l'Antiquité affirme globalement une relation entre la vie heureuse et l'exigence morale
)
- On peut considérer que le bonheur est la conséquence d’une vie vertueuse où les
désirs sont modérés.
On peut avoir différentes conceptions de cette vertueuse visant le
Bien :
·
Aristote considère qu'être vertueux, c'est réaliser pleinement
ce pour quoi on est apte: les hommes doivent exercer l’activité qui est
conforme à leur nature interne.
La vertu de l'homme consiste alors à se
consacrer à la pensée rationnelle (la theoria) une fois que les besoins
élémentaires sont satisfaits.
Le bonheur le plus grand se trouve au final
dans la vie contemplative .
On peut peut-être trouver en Rousseau un
exemple littéraire de certain aspect cette théorie aristotélicienne : le
Rousseau des Rêveries du promeneur solitaire montre que le bonheur est
dans la solitude, dans le fait de se cultiver en soi-même :
De toutes les habitations où j'ai demeuré (et j'en ai eu de charmantes), aucune ne
m'a rendu si véritablement heureux et ne m'a laissé de si tendres regrets que l'île
de Saint-Pierre au milieu du lac de Bienne.
Cette petite île qu'on appelle à Neuchâtel
l'île de La Motte est bien peu connue, même en Suisse.
Aucun voyageur, que je
sache, n'en fait mention.
Cependant elle est très agréable et singulièrement située
pour le bonheur d'un homme qui aime à se circonscrire; [...]
Les rives du lac de Bienne sont plus sauvages et romantiques que celles du lac de
Genève, parce que les rochers et les bois y bordent l'eau de plus près, mais elles
ne sont pas moins riantes.
S'il y a moins de culture de champs et de vignes, moins
de villes et de maisons, il y aussi plus de verdure naturelle, plus de prairies, d'asiles
ombragés de bocages, des contrastes plus fréquents et des accidents2 plus
rapprochés.
Comme il n'y a pas sur ces heureux bords de grandes routes commodes
pour les voitures, le pays est peu fréquenté par les voyageurs, mais il est intéressant
pour des contemplatifs solitaires qui aiment à s'enivrer à loisir des charmes de la
nature, et à se recueillir dans un silence que ne trouble aucun autre bruit que le cri
des aigles, le ramage entrecoupé de quelques oiseaux, et le roulement des torrents
qui tombent de la montagne ! [...]
·
Pour les Épicuriens, être heureux, c'est connaître l'"ataraxie"
(absence de trouble), ce qui ne peut s'obtenir qu'en sélectionnant les
désirs et en ne satisfaisant que ceux que la nature rend nécessaires d’une
part, et qu’en écartant toutes les illusions qui sont sources d’angoisse chez
l’homme, telles la croyance superstitieuse en des dieux pouvant punir les
fauteurs et la peur de la mort ( « la mort n’est rien pour nous » dit Epicure
car elle se caractérise seulement par une absence de sensation).
Le
bonheur résiderait dans une vie ascétique....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓