Angola 1995-1996 Processus de paix et militarisation Depuis novembre 1994, date de la signature, sous très forte pression internationale, du...
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Angola 1995-1996
Processus de paix et militarisation
Depuis novembre 1994, date de la signature, sous très forte pression
internationale, du protocole de Lusaka entre le gouvernement formé par le MPLA
(Mouvement populaire de libération de l'Angola, ancien parti unique), vainqueur
des élections de septembre 1992 censées parachever un premier processus de paix
(Bicesse, 1991), et l'Unita (Union pour l'indépendance totale de l'Angola) qui
avait refusé par les armes sa défaite, l'Angola a vécu, après une guerre de deux
ans, une situation de "ni guerre ni paix".
Cette situation a résulté des retards
du processus de paix, de l'impasse politique, de l'aggravation considérable de
la crise sociale et de la militarisation du pouvoir et de la société.
Le protocole de 1994 comporte un très fort renforcement de l'intervention des
Nations unies par rapport à celle prévue en 1991, ainsi qu'une "solution
politique" - une intégration de l'ancien mouvement rebelle au gouvernement et à
l'administration, dont l'absence dans les accords de 1991 avait été un des
facteurs fondamentaux de reprise d'une guerre qui avait déjà ravagé le pays à
partir de l'indépendance de 1975.
Cependant, avec le rapport de force militaire
et la nouvelle légitimité électorale et diplomatique du gouvernement, seule
l'Unita devait désormais désarmer ses troupes avec la perspective d'une
intégration minoritaire dans l'armée gouvernementale, cette démobilisation
unilatérale constituant le préalable à la mise en oeuvre de la "solution
politique".
Enfin, rien n'a changé en termes de participation d'au-tres Angolais
(partis politiques ou "société civile") à la transition et à la définition de
l'avenir du pays: le processus est resté entre les mains des seuls signataires
(MPLA, Unita) "aidés" par la communauté internationale.
Défiance et réticences
Dans ce cadre, et vu l'aggravation considérable de la défiance entre les parties
au terme de cette guerre qui fut la plus cruelle et destructrice depuis
l'indépendance, l'application du protocole n'a avancé que sous la pression
internationale.
L'Unita a manifesté une énorme réticence à désarmer (50 % des
troupes seulement à la mi-mai 1996), tandis que les garanties militaires et de
sécurité prévues de la part du gouvernement paraissaient toujours trop peu
crédibles.
Enfin, l'Unita ne pouvait intégrer l'appareil gouvernemental qu'en
position subalterne, dans un système dominé par le MPLA; on ne pouvait donc
parler ni de partage du pouvoir ni, comme dans le protocole, de "gouvernement
d'unité et de réconciliation nationales".
Quant au gouvernement, il est demeuré
défiant sur la réalité de la démobilisation et du désarmement de l'Unita,
crainte que les contrôles insuffisants menés par l'Unavem III (Mission de
vérification des Nations unies en Angola) n'étaient guère propres à apaiser.
Sa
réticence à un partage significatif du pouvoir politique et économique avec le
mouvement de Jonas Savimbi est, par ailleurs, restée très forte.
Les
incertitudes de la deuxième phase - politique - ont ainsi constitué un obstacle
très fort à la réalisation de la première, militaire.
Les "retards" du processus de paix n'ont, dans ces conditions, pas été un temps
mort.
Militairement, les deux camps, n'estimant pas avoir encore de garanties
suffisantes pour baisser la garde, se sont réarmés (avec un déséquilibre très
grand en faveur de l'armée gouvernementale), et les courants radicaux y ont
gardé une influence importante.
Politiquement, le temps du processus de paix n'a
pas amené de rupture avec la situation de guerre: à l'abri non plus de celle-ci,
mais du protocole, les deux signataires ont en fait continué de jouir d'un
"permis de domination" dans leurs zones respectives, entre lesquelles la liberté
de circulation n'existe pratiquement pas.
Aucune activité politique ou civile
ouverte n'a pu se développer dans les zones contrôlées par l'Unita.
Du côté
gouvernemental, la législation et les institutions démocratiques mises en place
en 1991 sont restées une façade sans réalité: la liberté d'expression et
d'activité des partis ou associations est prise entre la répression et
l'intimidation (voire les assassinats), le manque de moyens financiers et
d'expression, l'absence d'information impartiale sur un processus de paix et une
politique opaque.
Aucun organe de contrôle du pouvoir ne fonctionne, l'impunité
étant la règle; le gouvernement n'a ni politique pour le pays ni pouvoir de
faire appliquer ses décisions, souvent remises en cause à l'initiative d'une
Présidence concentrant les pouvoirs.
Le Parlement, où le MPLA est majoritaire,
d'un côté avalise les résultats des négociations entre les deux signataires, et
de l'autre n'hésite pas à réduire les libertés ou même à violer la légalité
constitutionnelle - il a ainsi voté sa prorogation....
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