Anthropologie culturelle 1. Ethnographie, ethnologie, anthropologie Ethnographie, ethnologie et anthropologie, disciplines voisines et souvent confondues sont trois étapes d'une même...
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«
Anthropologie culturelle
1.
Ethnographie, ethnologie, anthropologie
Ethnographie, ethnologie et anthropologie, disciplines voisines et
souvent confondues sont trois étapes d'une même recherche.
Leur
objet est le même: l'étude des différentes cultures 0 •
« [L'ethnographie] correspond aux premiers stades de la recher
che : observation et description, travail sur le terrain.
Une monogra
phie, portant sur un groupe suffisamment restreint pour que l'auteur
ait pu rassembler la majeure partie de son observation grâce à une
expérience personnelle constitue le type même de l'étude ethnogra
phique.
On ajoutera seulement que l'ethnographie englobe aussi les
méthodes et les techniques se rapportant au travail sur le terrain, au
classement, à la description et à l'analyse de phénomènes culturels
particuliers(qu'il s'agisse d'armes, d'outils, de croyances ou d'institu
tions).(...)
Par rapport à l'ethnographie, l'ethnologie représente un premier
pas vers la synthèse.
Sans exclure l'observation directe, elle tend à
des conclusions suffisamment étendues pour qu'il soit difficile de les
fonder exclusivement sur une connaissance de première main.
Cette synthèse peut s'opérer dans trois directions : géographique
si l'on veut intégrer des connaissances relatives à des groupes
voisins ; historique, si l'on vise à reconstituer le passé d'une ou de
plusieurs populations ; systématique enfin, si l'on isole, pour lui
donner une attention particulière, tel type de technique, de coutume
ou d'institution.(...)
Partout où nous rencontrons les termes d'anthropologie sociale
ou culturelle, ils sont liés à une seconde et dernière étape de la
synthèse, prenant pour base les conclusions de l'ethnographie et de
l'ethnologie.
Dans les pays anglo-saxons, l'anthropologie vise à une
connaissance globale de l'homme, embrassant son sujet dans toute
son extension historique et géographique ; aspirant•� une connaissan
ce applicable à l'ensemble du développement humain depuis, disons,
les hominidés jusqu'aux races modernes ; et tendant à des conclu
sions positives ou négatives, mais valables pour toutes les sociétés
humaines, depuis la grande ville moderne jusqu'à la plus petite tribu
mélanésienne.
On peut donc dire, dans ce sens, qu'il existe entre
l'anthropologie et l'ethnologie le même rapport qu'on a défini plus
haut entre cette dernière et l'ethnographie.
Ethnographie, ethnologie
et anthropologie ne constituent pas trois disciplines différentes, ou
trois conceptions différentes des mêmes études.
Ce sont, en fait, trois
étapes ou trois moments d'une même recherche(...).
»
Lévi-Strauss, Anthropologie structurale(p.
387-88)
2.
Sociétés primitives
L'anthropologie qui vise une connaissance globale de l'homme a
commencé paradoxalement par étudier les sociétés dites primitives
parce qu'elles sont les plus simples et les plus directem!lnt accessibles
à l'observation.
« Malgré toutes ses imperfections, et en dépit de critiques
méritées, il semble bien que, faute d'un meilleur terme, celui de
• primitif» ait définitivement pris place dans le vocabulaire ethnologi
que et sociologique contemporain.
Nous étudions donc des sociétés
• primitives».
Mais qu'entendons-nous par-là ? En gros, l'expression
est assez claire.
Nous savons que « primitif» désigne un vaste
ensemble de populations restées ignorantes de l'écriture et soustrai
tes, de ce fait, aux méthodes d'investigation du pur historien ;
touchées à une date récente seulement, par l'expansion de la
civilisation mécanique : donc étrangères, par leur structure sociale et
leur conception du monde, à des notions que l'économie et la
philosophie politiques considèrent comme fondamentales quand il
s'agit de notre propre société.
»
Lévi-Strauss, Anthropologie structurale(p.
113)
3.
Nature /culture
L'homme en tant qu'être biologique est étudié par les sciences
naturelles.
L'anthropologie étudie l'homme en tant qu'être social.
Il
convient donc d'effectuer une distinction méthodologique entre ce qui
appartient respectivement à la nature et à la culture.
* Nous dirions plus
vol o n t i e rs a u
jourd'hui : état de
nature et état de
culture.
(Note de
l'auteur)
« ...
on commence à comprendre que la distinction entre état de
nature et état de société*, à défaut d'une signification historique
acceptable, présente une valeur logique qui justifie pleinement son
utilisation, par la sociologie moderne, comme un instrument de
méthode.
L'homme est un être biologique en même temps qu'un
individu social.
Parmi les réponses qu'il fournit aux excitations
extérieures ou intérieures, certaines relèvent intégralement de sa
nature, d'autres de sa condition : ainsi n'aura-t-on aucune peine à
trouver l'origine respective du réflexe pupillaire et de la position prise
par la main du cavalier au simple contact des rênes.(...)
Partout où la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à
l'étage de la culture.
Symétriquement, il est aisé de reconnaître dans
l'universel le critère de la nature.
Car ce qui est constant chez tous les
hommes échappe nécessairement au domaine des coutumes, des
techniques et des institutions par lesquelles leurs groupes se différen
cient et s'opposent.
»
Lévi-Strauss, Structures élémentaires de la parenté(pp.
3-10)
L'étude faite par Lévi-Strauss de la prohibition de /'inceste est
l'exemple le plus célèbre de la fécondité de cette analyse.
« [La prohibition de l,.mceste] constitue une règle, mais .une règle
qui, seule entre toutes les règles sociales possède en même temps un
caractère d'universalité.
Que la prohibition de l'inceste constitue une
règle n'a guère besoin d'être démontré ; il suffira de rappeler que
l'interdiction du mariage entre proches parents peut avoir un champ
d'application variable selon la façon dont chaque groupe définit ce
qu'il entend par proche parent ; mais que cette interdiction, sanction
née par des pénalités sans doute variables, et pouvant aller de
l'exécution immédiate des coupables à la réprobation diffuse, parfois
seulement à la moquerie, est toujours présente dans n'importe quel
groupe social.
»
Lévi-Strauss, Structures élémentaires de la parenté (p.
10)
4.
La méthode structurale
• Voir p.
141.
En anthropologie, comme en linguistique*, la méthode structurale vise
à mettre en évidence la structure des systèmes considérés et à décou
vrir les lois générales qui les régissent.
A partir du travail des ethno
graphes, des modèles théoriques sont construits qui permettent l'in
telligibilité de la réalité.
Ces modèles sont des structures lorsqu'ils
répondent à certaines conditions.
« Le principe fondamental est que la notion de structure sociale ne
se rapporte pas à la réalité empirique, mais aux modèles construits
d'après celle-ci.
Ainsi apparaît la différence entre deux notions si....
»
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