Après la levée de la loi martiale (en vigueur depuis 1977) le 30 décembre 1985, les différents partis politiques ont...
Extrait du document
«
Après la levée de la loi martiale (en vigueur depuis 1977) le 30 décembre 1985,
les différents partis politiques ont repris leurs activités au grand jour et la
presse a adopté une plus grande liberté de ton.
L'opposition a trouvé une figure
de proue dans la personne de Benazir Bhutto, fille de l'ancien dirigeant
renversé par le coup d'État militaire du général Zia.
Son retour triomphal en
avril 1986 a pu faire croire qu'une lame de fond populaire allait contraindre
Zia ul-Haq à se retirer, sur le modèle philippin.
L'opposition, regroupée dans le Mouvement pour la restauration de la démocratie
(MRD), a exigé la dissolution du Parlement, élu librement en 1985 mais sur des
bases excluant les partis politiques.
La campagne pour de nouvelles élections
qui a suivi le retour de Benazir Bhutto a culminé dans les manifestations d'août
1986, mais s'est conclue par un échec.
Depuis, Benazir Bhutto a renoncé à
renverser le régime et a adopté une attitude moins contestataire et plus
réaliste, au grand dam de l'aile la plus à gauche de ses partisans: elle s'est
refusée à mener une campagne anti-américaine, elle a renoncé à l'agitation de
rue et a même tissé certains liens avec le parti islamiste Jamaat-i-Islami, déçu
par le général Zia qu'il avait pourtant soutenu jusqu'alors.
Selon la
Constitution, des élections générales, sur la base des partis, devraient se
tenir en 1990 et il semblait, début 1987, que ce calendrier serait respecté.
Conflits communalistes
Loin de suivre un schéma à la philippine, la vie politique pakistanaise se situe
sur deux plans: d'une part, une politique "politicienne" où la perspective
d'élections multiplie les partis et les recentrages, d'autre part, la rue livrée
à des conflits communalistes et non idéologiques.
L'échiquier politique s'est singulièrement compliqué en 1986, tout en
enregistrant une course au centre.
Les partis "historiques" sont la Ligue
musulmane, ressuscitée sous la direction du Premier ministre Junejo pour
constituer un grand parti conservateur et gouvernemental, mais restant très
hétérogène ; le Parti populaire pakistanais (PPP) de Benazir Bhutto
(centre-gauche) ; le Parti démocratique national (de Bizenjo, surtout Baloutche)
; le Jamaat-i-Islami, islamiste, et les deux Jamiat (Jamiat-i-Ulema-Islami et
Jamiat-i-Ulema Pakistan) exprimant les deux grandes sectes religieuses qui
divisent le clergé pakistanais ; mais on trouve désormais le Parti populaire
national, de Jatoy, scission centriste du PPP, le Parti national Awami de Wali
Khan, gauchiste et pro-soviétique, limité à la province du Nord-Ouest, tandis
que l'on parle d'un nouveau parti centriste dirigé par le leader de
l'opposition, Fakhr Imam.
Politiques jusqu'en été 1986, les manifestations de rue sont devenues plus
"communalistes" à partir de l'automne: attaques des processions chiites de
l'ashoura par les sunnites, heurts à Quetta entre Pathans (Pashtounes) et
Baloutches, et surtout émeutes sanglantes de Karachi, au début de 1987, qui ont
opposé les "Mohajer" (réfugiés venus de l'Inde en 1947 et parlant ourdou) aux
Pathans venus de la province de la frontière du Nord-Ouest.
La volonté de
réprimer le trafic de drogue a entraîné une levée de boucliers chez les tribus
frontalières qui tirent d'énormes bénéfices de la culture du pavot et de la
contrebande induite par la guerre d'Afghanistan.
La modération et la
stabilisation de la scène politique s'est doublée d'un accroissement des
conflits religieux et ethniques traditionnels du Pakistan.
Un autre problème brûlant pour le Pakistan est l'accroissement de la tension sur
la frontière afghane.
A la veille des négociations de Genève en mars 1987,
l'aviation soviéto-afghane a opéré une série de bombardements meurtriers sur les
camps de réfugiés afghans.
Les tensions dues à la présence de plus de trois
millions de réfugiés afghans en territoire pakistanais se sont accrues.
Des
agents du régime de Kaboul ont monté des attentats meurtriers (comme l'explosion
d'un camion piégé le 19 février 1987 près d'un bureau de la résistance afghane).
Dans certains districts, on compte plus de réfugiés afghans que de populations
autochtones.
Cependant, les mouvements autonomistes, tant pathans que
baloutches, restent marginaux dans les zones frontières.
L'année 1986 a été marquée par un regain inattendu de la tension avec l'Inde,
qui soupçonne le Pakistan d'aider les terroristes sikhs.
Au printemps 1986,
l'armée indienne s'est discrètement emparée du glacier du Sa-Chin, situé sur la
ligne contestée du cessez-le-feu qui partage le Cachemire.
En novembre 1986,
l'Inde a entrepris des manoeuvres militaires sur une large échelle dans l'État
du Rajastan, frontalier du Pakistan.
Le Pakistan a concentré à son tour des
troupes sur la frontière.
La tension....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓