Argentine 2003-2004 Retour de la volonté politique À en croire les sondages d’opinion réalisés au cours de sa première année...
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Argentine 2003-2004
Retour de la volonté politique
À en croire les sondages d’opinion réalisés au cours de sa première année au pouvoir, mai 2003-mai
2004, le président Nestor Kichner (Parti justicialiste – PJ –, péroniste) bénéficiait de près de 80 %
d’opinions favorables.
Popularité d’autant plus exceptionnelle si l’on considère les circonstances de son
élection, le 27 avril 2003 : deuxième au premier tour avec 22 % des suffrages, N.
Kichner est devenu
président après que son principal rival (Carlos Menem, également péroniste, ex-président 1989-1995 et
1995-1999) eut retiré sa candidature au second tour.
La question était alors de savoir si le nouveau
président allait pouvoir établir les bases politiques solides dont il manquait pour mener à bien un projet
chargé d’autant d’espoirs que de méfiances.
En quelques mois, N.
Kichner a comblé son déficit de
légitimité à coups de décisions.
Puis, sur le plan électoral, il a su habilement nouer des alliances, à
l’intérieur ou à l’extérieur du péronisme.
Il a ainsi remporté toutes les élections régionales de l’année,
notamment dans les provinces mais aussi dans la capitale, traditionnellement hostile au péronisme.
L’Argentine était pourtant loin d’être sortie de l’abîme.
Il est vrai que, dans la continuité du travail engagé
par le gouvernement provisoire d’Eduardo Duhalde (PJ, 2002-2003), le pays avait déjà fait quelques pas
décisifs : sortie de la crise institutionnelle dans les normes, déclaration de cessation de paiement puis
négociation avec le FMI, l’Argentine demandant une réduction d'environ 70 % de la partie négociable de
sa dette extérieure, fermeté face aux entreprises contrôlant les services publics privatisés et la production
d’énergie.
La difficile question des piqueteros (mouvement social en lutte pour des aides publiques et du travail) a
été plus ou moins maîtrisée par un mélange de cooptation et de négociation avec les différents groupes.
Les piqueteros ont été intégrés à la gestion de 10 % des allocations de subsistance distribuées par l’État
(gérant 250 000 allocations «chefs de ménage» d’un montant de 150 pesos par mois – 45 € –, en
échange d’un travail communautaire).
La répression subie par certains groupes de piqueteros,
notamment dans les provinces, fut néanmoins grave et injustifiée.
La principale tâche du gouvernement allait être de reconstruire un État anéanti par la dictature (19761983), l’hyperinflation (1989-1991), les réformes du menémisme (1989-1999) et la crise de 2001-2002.
Ainsi, l’insécurité était la principale préoccupation de la population.
L’«impunité» apparaissait comme la
cause manifeste de la corruption.
À travers ce terme, les Argentins ont d’abord désigné le fait que les
tortionnaires de la dictature, pour la plupart en liberté, restent toujours impunis.
Puis, son emploi s’est
généralisé pour dénoncer l’enrichissement illicite des hommes politiques sous le gouvernement de C.
Menem, ainsi que la corruption de la justice.
Enfin, il a désigné l’irrespect de la loi, dans l’exercice du
pouvoir mais aussi au sein d’un corps social totalement contaminé par la corruption.
Enfin, l’impunité de
la police, compromise dans la quasi-totalité des crimes, s’est ajoutée à l’ensemble ayant ébranlé l’opinion.
Son implication a ainsi été révélée dans des enlèvements pour rançonnement, devenus monnaie
courante.
Le 1er avril 2004, une manifestation de 150 000 personnes a réclamé l’intervention du
gouvernement.
Le président a cependant concentré son action sur l’aspect symbolique du problème,
multipliant les actes de condamnation de....
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