Aristote (~384-~322 av. J.-C.) DE LA NATURE AU DIVIN L e monde d'Aristote est hiérarchique. Les êtres y ont tous...
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Aristote (~384-~322 av.
J.-C.)
DE LA NATURE AU DIVIN
L
e monde d'Aristote est hiérarchique.
Les êtres y ont tous une
nature, une essence, plus ou moins pa,faite, c'est-à-dire plus
ou moins proche de la substance parfaite, incorruptible, la forme
pure : Dieu.
Tous les êtres, sourdement ou consciemment, tendent vers
ce suprême vivant.
Le destin de chaque être est de devenir ce qu'il est,
en réalisant sa nature.
1.
Le monde des choses muahles
A.
Le mouvement
■ Le monde est en perpétuel mouvement.
Il y en a deux sortes : natu
rel s'il se produit conformément à la nature de la chose; violent s'il
résulte d'une contrainte.
■ Le mouvement, chez Aristote, ne désigne pas seulement le dépla
cement, mais tous les changements, qu'ils soient qualitatifs, quantitatifs
ou substantiels.
La décoloration, la perception, la naissance, la crois
sance, la locomotion sont des mouvements.
■ La physique, ou science de la nature (physis : surgissement, naissance,
croissance), étudie l'ensemble des êtres qui se meuvent spontanément.
Le mot « nature » désigne soit cet ensemble, soit le principe de chan
gement interne à chaque être, qui n'est autre que son essence.
Alors
qu'une plante croît d'elle-même, de la graine à l'arbre, les objets artifi
ciels ne se fabriquent pas eux-mêmes.
B.
La finalité du mouvement
■ Le changement naturel a une fin, il est orienté.
Ce qui pousse au
changement un être naturel, c'est sa nature, qu'il doit réaliser: il devient
ce qu'il est.
Ainsi la graine devient arbre.
On ne passe pas du non-être
absolu à l'être, mais de l'être en puissance (virtuel) à l'être en acte
(effectif) : le gland n'est pas absolument autre que le chêne, il est chêne
en puissance.
Le repos qui achève le mouvement est signe de perfection,
la fin ayant été atteinte.
■ Le changement n'est pas une suite discontinue d'apparitions et de dis
paritions ; il y a quelque chose qui change, et demeure sous les quali
tés contraires : la matière.
Elle appelle une forme, dont elle « éprouve »
le manque, la privation.
■ Mais la croissance est toujours suivie du vieillissement.
Les mouve
ments naturels de dégradation manifestent la résistance de la matière à
l'action structurante de la nature.
2.
Les principes de l'être
A.
Matière et fonne
■ Les êtres d'une même espèce ont une même nature, qui se transmet de
génération en génération, et perdure ainsi à travers les individus.
Les
chiens meurent, mais l'espèce canine demeure.
Comme l'artisan, qui n'a
qu'une seule idée universelle de chaudron pour fabriquer une infinité de
chaudrons, la nature (que l'art• imite) n'a qu'une idée, immanente,
inconsciente, de chaque espèce pour réaliser une infinité d'exemplaires
dans la matière changeante.
On l'appelle la forme.
La forme d'un être n'est pas son apparence extérieure, mais son
essence, la loi de sa construction, la force interne qui ordonne la
matière.
Elle est immatérielle.
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Mais la forme n'existe pas séparément de la matière (l'idée de chau
dron n'existe pas, en soi, en dehors du chaudron, sinon de manière
purement intellectuelle dans l'intelligence).
Ce qui existe vraiment,
c'est le composé forme-matière.
La forme n'est pas quelque chose,
mais ce par quoi le quelque chose est tel ou tel, tout comme l'idée de
chaudron n'est pas un chaudron, mais ce qui permet de construire tous
les chaudrons.
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B.
Les quatre causes
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Expliquer les phénomènes, c'est en trouver les causes : elles sont de
quatre sortes.
11 La cause matérielle est ce dont est faite la chose, comme le marbre
pour la statue.
La cause formelle est la définition de la chose, son
essence qui en ordonne la matière, comme l'idée de la statue.
La cause
motrice est ce qui permet à la forme de s'incarner dans la matière,
comme le burin pour la statue.
La cause finale, enfin, est le but de la
chose, comme le plaisir esthétique pour la statue.
11 La science moderne ne conserve que les causes motrice et maté
rielle.
Tout est ainsi ramené au mécanisme, qui ne connaît que la cause
antécédente, sans plus aucune considération du caractère orienté des
phénomènes.
En disant par exemple que la cause de la statue est le mou
vement du burin, on dit quelque chose de vrai, mais on laisse de côté
l'essentiel: le projet du sculpteur.
C.
Finalisme et mécanisme
■ De même, dans le domaine naturel, on oublie parfois que les méca
nismes physico-chimiques constatés sont au service d'une fin (le
fonctionnement d'un organe par exemple).
La fonction du tout est la
cause de l'existence et de l'agencement des parties.
La médecine,
d'ailleurs, ne peut faire l'économie de ce principe pour étudier un organe.
Aristote
La fonction visuelle est la cause finale del'agencement des cellules dans
l'œil.
Le hasard n'explique rien.
■ Le déterminisme (qui dit que tout phénomène s'explique par une
cause antécédente) n'est pas contradictoire avec la finalité'.
Pris
dans un ordre immanent qui les dirige, les mécanismes sont des moyens
déterminés au service d'une fin.
Celle-ci n'est pas extérieure à l'être
naturel, elle....
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