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Arthur RIMBAUD, Poésies – « À la musique ». Place de la Gare, à Charleville. 1. Sur la place taillée...

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« Arthur RIMBAUD, Poésies – « À la musique ». Place de la Gare, à Charleville. 1.

Sur la place taillée en mesquines pelouses, 2.

Square où tout est correct, les arbres et les fleurs, 3.

Tous les bourgeois poussifs qu'étranglent les chaleurs 4.

Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses. 5.

L'orchestre militaire, au milieu du jardin, 6.

Balance ses schakos dans la Valse des fifres : 7.

Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ; 8.

Le notaire pend à ses breloques à chiffres. 9.

Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs : 10.

Les gros bureaux bouffis traînant leurs grosses dames 11.

Auprès desquelles vont, officieux cornacs, 12.

Celles dont les volants ont des airs de réclames ; 13.

Sur les bancs verts, des clubs d'épiciers retraités 14.

Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme, 15.

Fort sérieusement discutent les traités, 16.

Puis prisent en argent, et reprennent : " En somme !...

" 17.

Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins, 18.

Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande, 19.

Savoure son onnaing d'où le tabac par brins 20.

Déborde - vous savez, c'est de la contrebande ; 21.

Le long des gazons verts ricanent les voyous ; 22.

Et, rendus amoureux par le chant des trombones, 23.

Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious 24.

Caressent les bébés pour enjôler les bonnes... 25.

Moi, je suis, débraillé comme un étudiant, 26.

Sous les marronniers verts les alertes fillettes : 27.

Elles le savent bien ; et tournent en riant, 28.

Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes. 29.

Je ne dis pas un mot : je regarde toujours 30.

La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles : 31.

Je suis, sous le corsage et les frêles atours, 32.

Le dos divin après la courbe des épaules. 33.

J'ai bientôt déniché la bottine, le bas... 34.

Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres. 35.

Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas... 36.

Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres... Tableau satirique du jeune Rimbaud qui peint avec ironie les bourgeois puis les jeunes gens. 9 quatrains.

36 alexandrins.

Rimes croisées du type abab. I- Le tableau des bourgeois => Le jeune poète décrit le groupe de bourgeois de manière caricaturale : caricature du notaire (« breloques à chiffres »), caricature des rentiers (« des rentiers à lorgnons »), caricature des bureaucrates (« les gros bureaux » > métonymie, du lieu pour la fonction, la personne qui fait le métier). + traits communs à la bourgeoisie : A- L'embonpoint • Les bourgeois ne sont pas minces (caricature très commune au XIXe siècle du très gros bourgeois). – Cf.

les adjectifs qui relèvent du champ lexical de la grosseurs : « gros ; grosses ; bouffis » > connotations péjoratives. – Cf.

les allusions à l’embonpoint : « bedaines ; « flamandes » (peuple qui a la réputation d’être assez gros) ; « rondeurs des reins ». – Cf.

les problèmes liés au surpoids : « qu'étranglent les chaleurs » ; « poussif » => l’embonpoint empêche de bien respirer, de bien marcher… – Cf.

jeunes filles (« celles dont les volants ont des airs de réclames » ) comparées à des « cornacs » (Cornac = Personne chargée de soigner et de conduire les éléphants qui servent aux travaux agricoles ou forestiers et aux.... »

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