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Article encyclopédique
LA YOUGOSLAVIE AU XXe SIÈCLE
La Yougoslavie naît de l’idée de proximité linguistique ou ethnique des Slaves
du Sud qui a été élaborée par des intellectuels et propagée au xixe siècle,
surtout en Croatie au travers du mouvement illyrien.
Dès 1914, le gouvernement
du royaume de Serbie annonce que son principal objectif de guerre est la
création d’un État unifiant les Serbes, les Croates et les Slovènes.
Le 29
octobre 1918, les Slaves du Sud de l’Empire austro-hongrois en déliquescence
proclament leur indépendance.
Le 1er décembre 1918, une délégation les
représentant et le prince-régent de Serbie, Alexandre Ier Karadjordjevic
(1888-1934), fondent le royaume des Serbes, Croates et Slovènes.
La première Yougoslavie.
Les années 1920 sont une période d’instabilité politique dans le nouveau
royaume.
Les institutions du nouvel État (monarchie parlementaire) tardent à se
mettre en place.
La Constitution n’est proclamée qu’en juin 1921.
La vie
politique est dominée par les partis favorables au centralisme et à l’unitarisme
yougoslaves : le Parti démocrate et le Parti radical serbe.
Les crises
gouvernementales se succèdent.
La question croate domine la vie politique : les
principales forces politiques croates rejettent jusqu’en 1925 la Constitution du
pays.
Le 20 juin 1928, Stjepan Radic (1871-1928), le chef du Parti paysan
croate, périt victime d’un attentat en pleine séance de l’Assemblée nationale.
Au bout de dix années de vie commune, les élites politiques des différents
groupes nationaux ne sont pas parvenues à trouver un consensus sur
l’organisation et la forme de l’État.
Les années 1930 sont marquées par l’instauration de la dictature et un
glissement du pays vers les puissances fascistes.
Le 6 janvier 1929, le roi
Alexandre Ier proclame la dictature en s’appuyant sur l’armée.
Il prend le
contrôle des pouvoirs exécutif et législatif, suspend la Constitution de 1921,
interdit les partis politiques et les associations se réclamant d’une identité
particulariste et renforce la loi sur la sécurité de l’État.
Il tente d’imposer
l’idée d’une nation yougoslave unitaire, à l’encontre de la diversité nationale.
En octobre 1929, il modifie le nom de l’État qui devient le « royaume de
Yougoslavie ».
N’ayant pas une base populaire solide, le souverain tente de
consolider son assise en accordant une Constitution en septembre 1931.
Alors que
le pays est affaibli par la crise économique mondiale, que les États fascistes
se renforcent et que les menaces extérieures se précisent (Italie, Hongrie), le
roi Alexandre Ier est assassiné à Marseille le 9 octobre 1934 par un terroriste
macédonien de l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (VMRO) au
service des nationalistes croates du mouvement oustacha et macédoniens.
En 1939,
une banovine (province) croate autonome (pays croates et une partie de la
Bosnie-Herzégovine) au sein de la Yougoslavie est créée, ouvrant la perspective
d’une évolution fédéraliste du pays.
La Seconde Guerre mondiale : occupations, guerres civiles et résistances.
Pour la Yougoslavie démembrée en 1941, le conflit mondial a plusieurs dimensions
: à la guerre contre les forces de l’Axe - puissances d’occupation (Allemagne,
Italie) - succède une guerre civile opposant les communautés nationales les unes
aux autres, mais aussi chaque communauté contre elle-même.
Consécutivement au
putsch du 27 mars 1941 orienté contre l’Axe, Hitler déclenche le 6 avril 1941
une offensive rapide et brutale contre la Yougoslavie : le pays capitule
officiellement le 17 avril.
Le gouvernement issu du putsch quitte le pays avec
le jeune roi Pierre II (1923-1970) pour se replier au Royaume-Uni.
Les
vainqueurs se partagent le territoire yougoslave en fonction de leurs intérêts
stratégiques ou de leurs prétentions nationales.
L’État indépendant de la Croatie (Nezavisna Drzava Hrvatske, NDH) est proclamé
le 10 avril 1941 par le mouvement oustacha (le mot signifie « insurgé »), créé
en 1929 en réaction à la dictature du roi Alexandre Ier.
L’État oustacha met en
place des camps d’extermination, dont le plus tristement célèbre est celui de
Jasenovac.
Des manifestations de résistance, sporadiques, se font jour en
différentes zones de l’espace yougoslave dès la fin du printemps de 1941.
Les
premières actions armées se produisent parmi les Serbes de la NDH, menacés de
génocide.
Le mouvement tchetnik (de « æeta », signifiant en serbe « bande »,
sous-entendu « armée » ou « peloton »...) se constitue autour d’un noyau
d’officiers serbes de l’armée yougoslave, animé par le colonel Dragoljub
(Draza)Mihajlovic (1893-1946).
Il mène des actions de guérilla contre un
adversaire croate ou musulman sur le territoire de la NDH, ainsi que contre les
Partisans communistes menés par Tito.
Le mouvement de résistance communiste déclenche une insurrection armée dès
juillet 1941 au Monténégro et en Serbie.
Les Partisans connaissent un échec au
Monténégro et à la suite d’une opération de pacification entreprise en Serbie à
l’automne, ils se replient sur le Sandjak et la Bosnie orientale.
La
capitulation de l’Italie en septembre 1943 permet aux Partisans de récupérer un
matériel de guerre important.
Le 29 novembre 1943 se déroule à Jajce la seconde
session du Conseil antifasciste de libération nationale (AVNOJ), qui se veut un
forum politique représentatif de la Yougoslavie engagée dans la lutte
antifasciste.
Un Comité national de libération, sorte de gouvernement
provisoire, dont Tito assure la présidence, est constitué.
Le principe de
l’organisation fédérale de la future Yougoslavie est proclamé.
En 1944, la
défaite du IIIe Reich paraît assurée, les Partisans ne cessent de conforter
leurs positions, ils étendent leur contrôle sur la Macédoine.
Fin septembre
1944, l’Armée rouge atteint la frontière yougoslave sur le Danube et opère sa
jonction avec les unités de Partisans.
Belgrade est libérée le 20 octobre 1944.
Il faut attendre mai 1945 pour voir la partie occidentale de l’espace yougoslave
libérée.
La Yougoslavie socialiste de Tito.
Les Partisans communistes, constituant une force transnationale opposée aux
différents nationalismes, parviennent au pouvoir en 1944-1945, Tito prenant la
tête de la nouvelle Yougoslavie qui a retrouvé ses frontières d’avant la guerre.
Le socialisme yougoslave manifeste une surprenante diversité : du modèle
soviétique de construction du socialisme suivi jusqu’en 1953 à la libéralisation
économique de 1965 à 1971, avant de revenir à une économie contrôlée dans un
cadre autogestionnaire dans les années 1970, le régime titiste expérimente
plusieurs voies et oscille entre des réformes libérales et des contre-réformes
autoritaires.
L’originalité du titisme n’a pu se développer qu’en raison du
caractère endogène du communisme yougoslave, contrairement au sort de la plupart
des démocraties populaires d’Europe centrale et orientale qui ont vu leur
histoire déterminée par le passage de l’Armée rouge.
C’est la rupture avec
l’URSS de Staline en juin 1948 qui conduit les dirigeants communistes
yougoslaves à élaborer une nouvelle voie vers le socialisme : ils instaurent les
premiers conseils ouvriers en 1950.
Ce sont les débuts de l’autogestion ouvrière
qui sera élargie et systématisée dans les années 1970.
La Yougoslavie connaît un
développement économique significatif : de pays agricole, elle se transforme en
pays moyennement industrialisé.
Toutefois les inégalités de développement ne
s’atténuent pas entre le nord du pays, plus industrialisé et plus riche, et le
sud rural.
L’originalité du titisme réside également dans le non-alignement en
politique étrangère qui contribue au prestige de la Yougoslavie parmi les pays
du tiers monde.
La vie politique est dominée par le Parti communiste, rebaptisé
en 1952 « Ligue des communistes de Yougoslavie » et par le maréchal Tito,
proclamé président à vie en 1963.
À l’inverse du royaume de Yougoslavie qui reposait sur....
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