Article encyclopédique L'IRAK AU XXe SIÈCLE Au début du xxe siècle, les territoires destinés à forme...
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Article encyclopédique
L'IRAK AU XXe SIÈCLE
Au début du xxe siècle, les territoires destinés à former l’Irak actuel sont
divisés en trois provinces (Bagdad, Bassorah et Mossoul) dépendant de l’Empire
ottoman.
Dans la partie arabe de la Mésopotamie ottomane, les chiites,
majoritaires, ne reconnaissent aucune légitimité au pouvoir de la Sublime Porte,
chantre du sunnisme face à la Perse voisine, chiite.
La direction religieuse
chiite est basée dans les quatre villes saintes du pays (Najaf, Kerbela,
Kazamayn et Samarra).
À partir du xixe siècle, elle s’érige en pouvoir spirituel
et temporel, contestant à l’État ottoman et à ses représentants locaux tout
droit de parler au nom de l’islam.
Les religieux chiites se font les hérauts à
la fois de la lutte contre le colonialisme européen en terre d’islam, mais aussi
d’un constitutionnalisme qui triomphe avec l’adoption de Constitutions dans les
deux empires musulmans, persan en 1906, et ottoman en 1908.
Rejet de la domination britannique.
La Première Guerre mondiale provoque l’effondrement de l’Empire ottoman et la
Mésopotamie ottomane est occupée militairement par les troupes britanniques dans
le cadre d’une campagne qui durera de 1914 à 1917.
La population irakienne
répond en masse à l’appel des oulémas (théologiens et juristes) chiites à
combattre l’invasion britannique et à défendre l’« État musulman ».
Le jihad («
guerre sainte ») de 1914-1916, qui voit les tribus chiites se battre aux côtés
de l’armée ottomane, est le mouvement armé le plus massif que connaît alors la
région contre une occupation militaire européenne.
Les idées nationalistes
arabes sont alors pratiquement inconnues en Irak même.
Seuls les officiers
d’origine irakienne qui ont servi le futur roi Faysal Ier (1921-1933) dans sa
révolte arabe contre les Ottomans au Levant (1916) en faisaient profession.
Une
fois que les forces britanniques se sont rendues maîtresses du pays, elles se
retrouvent face à une direction religieuse chiite qui préconise l’établissement
d’un « État arabe et musulman en Irak sans lien de dépendance envers une
puissance étrangère ».
L’attribution au Royaume-Uni par la SDN d’un mandat sur
l’Irak en 1920 catalyse tous les mécontentements ; la lutte contre la domination
britannique culmine avec un soulèvement généralisé, connu en Irak sous le nom de
« révolution de 1920 ».
La construction du futur État indépendant.
L’État irakien sera une création coloniale.
Sir Percy Cox (1864-1937), le
résident britannique à Bagdad, proclame le premier gouvernement irakien le 23
octobre 1920.
Au lendemain de la révolution intervenue la même année, réprimée
dans le sang, les responsables britanniques ont pris acte de l’impossibilité de
gouverner directement l’Irak.
Ils décident donc de fonder une institution arabe
locale, dont l’État irakien moderne est l’héritier.
L’armée nationale est créée
en 1921 comme corps supplétif des forces britanniques et Faysal, qui a pris part
à la révolte arabe de 1916 et qui est l’un des fils du chérif Hussein ibn Ali de
La Mecque (1853 ?-1931), est choisi par le Royaume-Uni pour être roi d’Irak.
Le
bras de fer avec la direction religieuse chiite se poursuit néanmoins.
Les
religieux interdisent, par des fetwas (avis juridiques), l’élection d’une
Assemblée constituante devant approuver le traité anglo-irakien.
La naissance de la « question irakienne ».
L’exil forcé de Cheikh Mahdi al-Khalisi, le grand ayatollah de l’époque, en
1923, marque l’échec du projet islamique souverainiste.
La direction religieuse
vaincue se replie dans les villes saintes.
Tous les rouages du nouvel État sont
investis par des élites arabes sunnites, cheikhs de confréries soufies, grandes
familles sunnites, ex-officiers chérifiens ou hauts fonctionnaires de l’époque
ottomane.
Les chiites sont ainsi tenus à l’écart des instruments du pouvoir
(essentiellement l’armée et le gouvernement), comme ils l’avaient été tout au
long de la domination ottomane.
À la question chiite s’ajoute, à partir de 1925,
la question kurde, avec le rattachement à l’Irak du vilayet de Mossoul par la
SDN.
Les Kurdes, qui ont manifesté par des soulèvements et des pétitions leur
refus d’être rattachés à un État se définissant comme « arabe », ne se sentiront
jamais représentés par les pouvoirs successifs.
Ainsi naît la « question
irakienne », que l’on peut définir comme le rapport de domination
confessionnelle des sunnites sur les chiites et ethnique des Arabes sur les
Kurdes, occulté par un système politique calqué sur le modèle européen et qui
entend être « moderne ».
De fait, la vie politique durant la monarchie (1921-1958) présente tous les
attributs d’un système permettant de faire émerger une citoyenneté irakienne :
un roi, un gouvernement, un Parlement, des syndicats et des partis.
En 1931,
l’indépendance formelle de l’Irak, qui devient membre de la SDN, ne change guère
la situation.
Sous la botte militaire.
En 1936, un premier coup d’État militaire inaugure une longue série de putschs
de la part d’officiers qui prennent en otage pour longtemps la vie du pays.
Face
à une monarchie dotée d’une base politique faible, l’armée devient un acteur
central, faisant et défaisant les gouvernements.
Le roi Faysal II (1935-1958)
avalise ces coups d’État, en nommant leurs auteurs à la tête du gouvernement,
tandis que les Britanniques manœuvrent en sous-main.
Le coup d’État nationaliste
de Rashid Ali al-Gaylani (1892-1965) de 1941, abusivement présenté par les
Britanniques comme proallemand, et qui aboutit à une brève guerre
anglo-irakienne, fait exception.
Au terme de la Seconde Guerre mondiale, la
victoire des Alliés renforce la présence britannique en Irak, alors que la
société adhère de plus en plus massivement aux idées communistes et
nationalistes, arabes ou kurdes.
En 1958, un coup d’État organisé par un groupe
d’« officiers libres », sur le modèle égyptien, amène la chute de la monarchie.
Une partie de la famille royale et le Premier ministre Nuri al-Saïd (1888-1958),
accusés d’être des agents britanniques, sont lynchés par la foule.
La période républicaine s’ouvre sur un régime instable, dirigé de façon
autoritaire par Abd al-Karim Kassem (1914-1963).
Celui-ci élimine ses rivaux et
cherche des alliés politiques auprès des communistes et du mouvement kurde.
Pour
la première fois, un article de la Constitution reconnaît l’existence du peuple
kurde en mentionnant le « partenariat arabo-kurde ».
Au nom d’une identité
spécifique de l’Irak au sein du monde arabe, A.
K.
Kassem s’oppose aux «
unionistes », baassistes et nassériens, qui veulent que l’Irak rejoigne la
République arabe unie (RAU), l’union (éphémère) de l’Égypte et de la Syrie.
Sous
le régime de A.
K.
Kassem, la lutte entre « unionistes » (nationalistes arabes
de toutes tendances) et adversaires de l’union (communistes, Kurdes, mais aussi
un mouvement religieux chiite renaissant) prend l’allure d’une véritable guerre
civile, tandis que Nasser et A.
K.
Kassem s’invectivent et s’accusent
mutuellement de jouer le jeu de l’impérialisme.
En février 1963, un premier coup....
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