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Atala: une écriture poétique « C'est une sorte de poème, moitié descriptif, moitié dramatique», écrit Chateaubriand dans la Préface du...

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« Atala: une écriture poétique « C'est une sorte de poème, moitié descriptif, moitié dramatique», écrit Chateaubriand dans la Préface du Génie du Christianisme.

On trouve en effet dans Atala toutes les composantes d'un poème en prose.

L'œuvre propose au lecteur un vocabulaire du dépaysement, une construction très souple incluant chansons et prières, un art pittoresque et plastique.

La phrase surtout, rythmique et musicale, unifie harmonieusement la langue du récit, celle des personnages et celle de l'auteur. LE BEL AILLEURS Plantes, animaux, tribus, divinités, tout ce qui peuple ·1e roman, du tulipier aux carcajous, des Muscogulges au Manitou, nous offre des termes insolites, exotiques.

Les noms propres, en particulier, ressemblent à ceux qui ont enchanté les lectures de notre enfance, et fait rêver plus d'un explorateur: Céluta, Simaghan, Chactas, Outalissi ... Qu'il s'agisse d'espace ou de calendrier, du bûcher d'Apalachucla ou du mois de la « lune de feu», nous voici dans un autre monde.

Un monde très ancien qui est pourtant le Nouveau Monde: c'est comme un antique trésor qui brillerait pour nous d'un éclat neuf... COMPOSITION SOUPLE ET BEAUTÉ PLASTIQUE Un des plaisirs de la lecture vient de ce qu'Atala mêle très librement récit et dialogues, chansons et retours en arrière, prières et méditations, passant, comme dit la Préface, du descriptif au dramatique.

L'ensemble étant scandé par des moments de poésie naïve (p.

59: 11J'ai attaché à son cou un collier de porcelaines; on y voit trois grains rouges pour mon amour.

trois violets pour mes craintes, trois bleus pour mes espérances ...

») et par de superbes tableaux. · La beauté plastique des descriptions, des forêts profondes ou des ponts de fleurs, des myriades d'oiseaux, des ruines ancestrales, des solitudes du- 11 désert».

des nuages impétueux ou de la majesté des fleuves, culmine bien évidemment aux funérailles d'Atala (p.

117-125).

Il faudrait tout citer - retenons simplement quelques lignes où se mêlent indissolublement la profondeur du temps et celle de l'espace, la lumière et les pleurs: La lune prêta son pâle flambeau à cette veillée funèbre.

Elle se leva au milieu de la nuit, comme une blanche vestale qui vient pleurer sur le cercueil d'une compagne.

Bientôt elle répandit dans les bois ce grand secret de mélancolie, qu'elle aime à raconter aux vieux chênes et aux rivages antiques des mers ...

(p.

120). Dans cette atmosphère de puissante émotion, la voix grave du père Aubry, « roulant dans le silence des déserts». éveille les échos de la Nature entière, et jusqu'au chœur des morts.

Car, ici comme ailleurs, au charme visuel se joint une musique, celle de la phrase même, qui se fait chant comme le monde se fait spectacle. LA PROSE AU BORD DU VERS Nous passâmes auprès du tombeau d'un enfant [.

..

) Et le secret des bois, et l'absence des hommes [...

) Au centre de ce bois, s'étendait une arène. La prose de Chateaubriand est riche en alexandrins « blancs 1 », et surtout en octosyllabes : J'entonnais ma chanson de mort[ ...

) Et que de longs embrassements unissent la liane.... »

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