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Athérosclérose
Athérosclérose (3)
Les hyperlipoprotéinémies
Points à comprendre
Les anomalies du métabolisme lipidique sont à l’origine
de perturbations biologiques avec des conséquences
importantes en termes de santé publique.
Elles sont en
grande partie responsables du développement de l’athérome et des pathologies cardio-vasculaires.
Cependant, ce rôle central ne doit pas faire oublier que
le risque cardio-vasculaire d’un patient ne se mesure pas
qu’aux perturbations lipidiques et que tous les facteurs
doivent être pris en compte lors de l’évaluation initiale et
de la mise en place du traitement.
De plus, il existe des
anomalies cliniques beaucoup plus rares en relation avec
des perturbations spécifiques exposant à des risques non
vasculaires.
A savoir absolument
Perturbations du métabolisme
du cholestérol
Quelques rappels biochimiques
et données générales
• Les lipides plasmatiques sont transportés dans l’organisme par les lipoprotéines.
• Le cholestérol total représente l’ensemble du cholestérol présent dans toutes les lipoprotéines.
• De très nombreuses études épidémiologiques ont montré qu’il existait un lien très fort entre la quantité du cholestérol porté par les lipoprotéines LDL et le risque de
pathologie cardio-vasculaire, et notamment coronarienne.
• Rappelons que les LDL mettent le cholestérol à disposition des cellules.
Elles résultent dans la circulation de
l’action de lipoprotéines lipases sur des lipoprotéines
riches en triglycérides et sur le foie : les VLDL.
Ces lipoprotéines sont transformées dans la circulation en IDL et
LDL.
Des échanges avec les HDL, par l’intermédiaire
d’une protéine de transfert (CETP), permettent de les
enrichir fortement en cholestérol en remplacement des
triglycérides.
Cah.
Nutr.
Diét., 36, hors série 1, 2001
• L’accumulation du LDL-cholestérol dans la circulation
peut résulter de plusieurs mécanismes.
Une mutation
génétique du récepteur des LDL ou de son ligand, l’apolipoprotéine B100, conduit à une augmentation du cholestérol total (souvent très élevé, > 3 g/l) et du LDL-cholestérol également très élevé (> 2,20 g/l en moyenne).
Ces hypercholestérolémies familiales (1/500 naissances)
sont dues à des mutations autosomiques dominantes et
peuvent être diagnostiquées précocement (quoique présentes dès la naissance, il n’est pas utile de les rechercher
avant 2 ans, sauf pour les formes homozygotes qui sont
très graves et qui doivent être recherchées uniquement
si les deux parents sont porteurs hétérozygotes : 1/106
naissances).
Dans ces formes sévères, il peut exister des
dépôts extra-vasculaires de cholestérol sous forme de
xanthomes tendineux, xanthélasma ou gérontoxon.
D’autres anomalies avec plusieurs mutations (formes
polygéniques) sont en règle générale moins sévères,
mais beaucoup plus fréquentes.
• Il existe des formes secondaires en relation avec des
maladies ou des traitements : régime riche en acides gras
saturés, hypothyroïdie, syndrome néphrotique (plus souvent dyslipidémie mixte), cirrhose biliaire, cholestase,
gammapathie monoclonale (rare), syndrome de Cushing
(souvent dyslipidémie mixte), contraceptifs hormonaux
(essentiellement liés à l’action des progestatifs), anorexie
mentale, inhibiteurs de protéase (souvent mixte).
• Fredrickson classe les hypercholestérolémies pures
dans les formes IIa (cf.
tableau I).
• Le risque lié à l’accumulation de LDL-cholestérol est
l’apparition d’une maladie cardio-vasculaire, principalement coronaire.
Ce risque est d’autant plus élevé que le
LDL-cholestérol est élevé.
Dans les formes familiales, des
infarctus du myocarde peuvent être observés avant l’âge
de 20 ans dans les formes homozygotes ou 40 ans dans
les formes hétérozygotes sévères.
• Quand des problèmes vasculaires sont détectés, la
prévention des rechutes est appelée “prévention secondaire”, avant l’apparition des accidents, on parle de “prévention primaire”.
• Des études cliniques d’intervention (voir Pour approfondir) ont montré qu’il était possible de réduire significativement le risque de récidive d’un accident cardio-vascu2S101
Athérosclérose
Tableau I
Classification de Fredrickson des hyperlipidémies
Phénotype
Lipoprotéines
élevées
Concentration
plasmatique
du cholestérol
I
Chylomicrons
Normale à
IIa
LDL
IIb
Athérogénicité
Pourcentage
des
hyperlipidémies
Rarement
observée
55 ans pour les femmes ;
– sujets obèses (index de masse corporelle > 30 kg/m2)
ou en surpoids androïde (index de masse corporelle
entre 25 et 30 kg/m2 et avec un tour de taille > 100 cm
pour les hommes et > 90 cm pour les femmes).
Dans ces conditions, il faut apprécier le risque vasculaire
lié au LDL-cholestérol qui est le marqueur de risque lipidique le plus pertinent.
Il peut se mesurer directement ou
être calculé encore actuellement le plus souvent par la
formule de Friedwald, utilisable que lorsque les triglycérides sont inférieurs à 4 g/l : LDL-C = cholestérol total –
HDL-C – triglycérides/5.
Toutes ces données sont à calculer avec des concentrations en g/l.
• La prescription à indiquer sur l’ordonnance est : “exploration d’une anomalie lipidique (EAL)” qui comprend systématiquement le cholestérol total, les triglycérides et le
HDL-cholestérol.
2S102
Concentration
plasmatique
des triglycérides
Cet examen est réalisé à jeun et il est souhaitable, dans
le cadre d’un dépistage, d’effectuer une glycémie pour
rechercher un éventuel diabète sucré.
• Si le LDL-cholestérol est > 1,30 g/l, il faut répéter cet
examen pour le confirmer (2 à 4 semaines d’intervalle
doivent être respectées, sans mettre le patient sous traitement et sans régime, car il est important d’apprécier
quel est son risque vasculaire réel dans des conditions
de vie normale).
Il est important de respecter cette
règle, car si le diagnostic se confirme, le patient sera
engagé à vie dans une stratégie de prévention d’accident vasculaire.
• Si le résultat n’est pas confirmé, il faut le répéter tous
les 3 ans, sauf en cas de diabète sucré où l’examen doit
être annuel.
• S’il est confirmé (au moins 2 examens sur 3), il faut alors
proposer une prise en charge spécifique.
Si le sujet n’appartient pas à un groupe
à haut risque vasculaire
Il suffit de réaliser à jeun un simple dosage du cholestérol et des triglycérides.
– Si le cholestérol total est > 2 g/l, il faut réaliser une
exploration d’une anomalie lipidique pour évaluer le
LDL-cholestérol.
Quand il est > 1,60 g/l, ce résultat doit
être confirmé par au moins une 2e détermination et il faut
proposer une prise en charge spécifique s’il reste pathologique.
– Si le résultat est normal (cholestérol total < 2 g/l), il n’est
pas utile de le répéter avant l’âge de 45 ans pour les
hommes et 55 ans pour les femmes, sauf apparition de
nouveaux facteurs de risque.
Examen d’un patient hypercholestérolémique
• La première étape est de réaliser un bilan clinique
complet à la recherche :
– des antécédents familiaux (faire un arbre généalogique) ;
– des signes cliniques en faveur de pathologie artérielle ;
– de dépôts extra-vasculaires de cholestérol (xanthomes,
xanthélasmas) ;
– d’une identification d’autres facteurs de risque vasculaire (tableau III) ;
– d’une forme secondaire (tableau II).
• La réalisation d’examens complémentaires ou le recours
à un spécialiste cardiologue ne se justifie que si existent
des anomalies cliniques ou si le patient accumule plusieurs facteurs de risque sévères.
Cah.
Nutr.
Diét., 36, hors série 1, 2001
Athérosclérose
Tableau II
Causes des hyperlipidémies secondaires
(beaucoup de ces étiologies peuvent conduire
à des formes mixtes ou isolées)
Liées à l’élévation du cholestérol plasmatique
régime riche en acides gras saturés
hypothyroïdie
maladies chroniques du foie
(principalement la cirrhose biliaire)
cholestase
gammopathie monoclonale
syndrome de Cushing
contraception orale
anorexie
porphyrie aiguë
inhibiteurs de la protéase
Liées à l’élévation des triglycérides plasmatiques
régimes riches en glucides
consommation excessive d’alcool
obésité et surpoids androïde
grossesse
diabète sucré
syndrome néphrotique
hypothyroïdie
problèmes rénaux chroniques
pancréatite
boulimie
syndrome de Cushing
hypopituitarisme
gammopathie monoclonale
maladie du stockage du glycogène
lipodystrophie
porphyrie aiguë
lupus érythémateux
bêta-bloquants, diurétiques
contraception orale
glucocorticoïdes
inhibiteurs de la protéase
Tamoxifène
Tableau III
Facteurs de risque devant être pris en compte
en dehors du LDL-cholestérol
Age : – homme de 45 ans ou plus
– femme de 55 ans ou plus ou ménopausée
Antécédents familiaux de maladie coronaire précoce :
– infarctus du myocarde ou mort subite avant
l’âge de 55 ans chez le père ou chez un
parent du premier degré de sexe masculin ;
– infarctus du myocarde ou mort subite avant
l’âge de 65 ans chez la mère ou chez un
parent du premier degré de sexe féminin
Tabagisme actuel
Hypertension artérielle permanente
Diabète sucré
HDL-cholestérol inférieur à 0,35 g/l (0,9 mmol/l),
quel que soit le sexe
Facteur protecteur
HDL-cholestérol supérieur ou égal à 0,60 g/l
(1,5 mmol/l) : soustraire alors “un risque” au score de
niveau de risque.
Cah.
Nutr.
Diét., 36, hors série 1, 2001
• En présence d’une forme familiale, il faut systématiquement proposer un dépistage (enfant, éventuellement
collatéraux, etc.) et, dans ce cas, prévoir d’emblée de
réaliser une “exploration d’une anomalie lipidique”.
Le patient devra faire l’objet d’un examen clinique attentif au moins une fois par an après l’initiation de la prise en
charge thérapeutique.
Le traitement
– Tous les facteurs de risque cardio-vasculaire modifiables doivent faire l’objet d’une prise en charge.
– La diététique est l’élément central de ce traitement
• Elle permet une réduction de 10 à 20 % du LDL-cholestérol.
• Elle est d’autant plus efficace que le LDL-cholestérol est
modérément perturbé.
• Son effet persiste et potentialise l’efficacité des médicaments.
• La première règle est d’obtenir une réduction pondérale pour les sujets obèses ou en surpoids.
• Il s’y associe des règles plus spécifiques concernant
l’apport lipidique qui devrait être inférieur à 30 % de
l’apport calorique total et le cholestérol (< 300 mg/j).
• Il est utile d’associer une activité physique.
• Le suivi de ces mesures dépend de l’accord du patient,
mais également de sa famille qui peut suivre les mêmes
règles diététiques sans effet néfaste sur leur santé.
• Ce régime doit être débuté dès que le LDL-cholestérol
est supérieur à 1,60 g/l pour les sujets à faible risque vasculaire ou 1,30 g/l pour les sujets à haut risque.
• Il faut respecter un délai de 3 à 6 mois avant d’envisager la prescription d’un médicament.
Ce délai doit être
raccourci en prévention secondaire ou en présence
d’une forme familiale sévère.
– Les médicaments
• La prescription est envisagée en cas de modifications
insuffisantes du mode de vie et en fonction des autres
facteurs de risque.
• Leur prescription doit être décidée quand le LDL-cholestérol est trop élevé.
Le seuil, au-delà duquel leur introduction est proposée, correspond à l’objectif thérapeutique (cf.
tableau IV).
• Pour un sujet sans facteur de risque, le seuil d’intervention est le LDL à 2,20 g/l, puis il faut retrancher 0,30 g/l
pour chaque facteur de risque.
Pour plus de deux facteurs de risque, le seuil est à 1,30 g/l et correspond à
celui utilisé pour la prévention secondaire (tableau IV).
– Quels sont les traitements ?
Statines
• Il s’agit d’inhibiteurs de l’HMG-CoA réductase qui augmentent l’épuration du LDL-cholestérol circulant.
Elles
permettent, en règle générale, une réduction de 20 à
40 % des taux circulants.
• Elles sont métabolisées, tout ou en partie, par le cytochrome P450, sauf la pravastatine et la fluvastatine.
• Elles nécessitent des précautions d’emploi, notamment
en cas d’association avec les fibrates, la cyclosporine et
les macrolides.
Elles ont peu d’interaction avec les antivitamines K, mais il faut être vigilant à leur introduction visà-vis des paramètres de coagulation pour les patients
recevant ce traitement.
• Leurs effets secondaires sont surtout d’origine musculaire, occasionnant des douleurs qui peuvent être associées à une augmentation des CPK.
• Des augmentations des transaminases sont également
rapportées (5 %).
2S103
Athérosclérose
Tableau IV
Seuils d’intervention thérapeutique selon
les valeurs du LDL-cholestérol exprimé en g/l (mmol/l)
paramètres hépatiques et musculaires (transaminases,
CPK) se justifie surtout à l’introduction du traitement et
éventuellement avec un rythme annuel.
Intervention diététique
La prise en charge diététique est de règle dès que le
taux de LDL-cholestérol excède :
– 1,60 g/l (4,1 mmol/l),
– 1,30 g/l (3,4 mmol/l) pour les sujets ayant plus de
deux autres facteurs de risque ou ayant une maladie
coronaire.
Les hypertriglycéridémies
Intervention médicamenteuse
– LDL cholestérol*
Prévention primaire
– Sujets sans autre facteur de risque
– Sujets ayant un autre facteur de risque
– Sujets ayant deux autres
facteurs de risque
– Sujets ayant plus de deux autres
facteurs de risque
Prévention secondaire
– Sujets ayant une maladie coronaire
> 2,20 (5,7)
> 1,90 (4,9)
> 1,60 (4,1)
> 1,30 (3,4)
> 1,30 (3,4)
* L’objectif thérapeutique est d’obtenir des valeurs du LDL-cholestérol situées au-dessous des valeurs-seuils d’intervention.
• Les statines représentent le traitement de choix quand
le LDL-cholestérol est pathologique et surtout en prévention secondaire.
Les fibrates
• Leur mécanisme d’action est encore mal connu, mais
des données récentes suggèrent qu’ils agissent sur des
récepteurs nucléaires (PPAR) et que, par leur intermédiaire, ils stimulent la lipoprotéine lipase.
Ils ont un
double effet à la fois sur les triglycérides (environ 50 % de
réduction) et le cholestérol (20 % de réduction).
• Ils ont une interaction importante avec les antivitamines K et il faut réduire systématiquement la dose des
anticoagulants de 30 % lors de l’instauration d’un traitement par fibrates.
• Ils ont comme effets secondaires essentiels des atteintes
hépatiques avec augmentation des transaminases, également musculaires et éventuellement une impuissance.
Cholestyramine (Questran)
• Il s’agit de chélateurs des sels biliaires qui permettent la
captation du cholestérol au niveau digestif.
Ils ont un effet
assez modeste (de 10 à 20 % de réduction du LDL-C),
mais utile en association ou en cas d’intolérance des
autres traitements ou chez les enfants.
• Leur effet secondaire est surtout digestif : constipation
et inconfort abdominal.
• Ils interagissent avec la fonction des autres traitements
et un délai de 2 h doit être respecté entre l’administration de ces traitements et la prise de cholestyramine.
D’autres traitements sont éventuellement proposés, mais
n’ont qu’un rôle anecdotique et n’ont jamais fait la preuve
de leur efficacité réelle, notamment sur les événements
cardio-vasculaires.
Modalités pratiques de prescription
• Après introduction du traitement, il faut évaluer l’évolution des paramètres lipidiques et notamment le LDL-C
après 6 à 8 semaines.
Quand l’objectif thérapeutique est
atteint, un contrôle biannuel s’impose.
L’évaluation des
2S104....
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