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Au XVIIe siècle, la manière de s'exprimer, à la cour de Louis XIV par exemple, prend une importance démesurée dans...

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« Au XVIIe siècle, la manière de s'exprimer, à la cour de Louis XIV par exemple, prend une importance démesurée dans le jeu social : témoin le mouvement des Précieuses, dont s'est moqué Molière.

Parallèlement, l'écriture, via les Fables ou les Caractères, illustre un impératif qui lie l'art au savoir : "docere, placere, movere".

La Bruyère est en accord avec son temps lorsqu'il définit à l'expression parlée et écrite une vocation définie, qui est l'éducation : cette vocation prend la valeur d'un devoir ("on doit...").

Dans cette citation, "parler" et "écrire" semblent synonymes : l'écriture doit être le reflet de l'expression, l'expression doit être aussi parfaite et soignée que l'est l'écriture. Le mot d"instruction" est cependant surprenant : s'il signifie : "délivrance d'un savoir précis", "information", il limite beaucoup la littérature, et dans ce cas cette déclaration de la Bruyère réduit beaucoup la vocation de la grande majorité des textes poétiques ou littéraires. Dans quel sens peut-on comprendre cette vocation assignée à la littérature? I.

Un Idéal des Lumières : "savoir" grâce à la littérature Dans ce texte, qui date de la deuxième moitié du XVIIe siècle (1688) La Bruyère se montre pleinement en accord avec son temps : l'un des impératifs de la littérature est le triptyque : docere, placere, movere : instruire, plaire, émouvoir.

L'enjeu est d'allier dans l'écriture un enseignement essentiel à une forme soignée ("plaire") qui en même temps touche le lecteur ("émouvoir").

Les Fables de la Fontaine sont caractéristiques de cette vision de la littérature : elles sont poétiquement très travaillées (écrites en rimes riches) avec des jeux de rythmes qui empêchent le lecteur de s'ennnuyer; et elles délivrent toutes un enseignement, en mettant en garde contre les dangers de la société : côtoyer plus important que soi (Le pot de terre et le pot de fer), ne pas se satisfaire de ce qu'on obtient (Le Héron)... A cette époque où un mot d'esprit peut attirer la faveur du roi, soigner la qualité de son expression est essentiel : "parler" pour instruire peut signifier : montrer par l'exemple qu'on doit s'exprimer de manière spirituelle, nuancée. Ce point de vue, et en particulier le mot "instruction" évoquent déjà un idéal qui est celui du XVIIIe siècle : celui d'éduquer, d'instruire par les textes.

L'idéal des Lumières a été défini par Kant dans Qu'est-ce que les Lumières? : l'homme des Lumières doit pouvoir penser par soi-même, se forger sa propre opinion des choses pour être majeur intellectuel; et ce, entre autres, en s'instruisant dans les livres.

L'Encyclopédie de Diderot témoigne de cette volonté d'instruire.

De ce point de vue, les Caractères se livrent à une étude pleine d'ironie et de lucidité de la nature humaine. II.

Un point de vue surprenant : l'art n'est-il pas plutôt le but de la littérature? Limiter la littérature au devoir d'instruire semble être toutefois une position assez radicale, et limitée à la vision d'une époque : au XVIe siècle, les sonnets de Louise Labé ("Je vis je meurs; je me brûle et me noie"...) semblent privilégier la volonté d'exprimer la souffrance amoureuse et de créer une complicité avec un lecteur qui connaît déjà ces tourments, plutôt que d'informer le lecteur sur les symptômes de l'amour.

Au XIXe, le mouvement des symbolistes et des parnassiens prend le contre-pied de cette vision "utilitariste" de la littérature pour affirmer sa gratuité, par exemple avec la formule : "l'art pour l'art".

Dans Emaux et camées, Théophile Gautier, poète parnassien, écrit un poème à la gloire du blanc, qui se revendique comme pure poésie gratuite. L'importance accordée à l'instruction attire la satire des écrivains contemporains euxmêmes, en premier lieu Molière, qui se moque dans Les.... »

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