Australie 1984-1985 Les revers de Bob Hawke Pour le Premier ministre travailliste Robert (Bob) Hawke, 1984 a été l'année de...
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Australie 1984-1985
Les revers de Bob Hawke
Pour le Premier ministre travailliste Robert (Bob) Hawke, 1984 a été l'année de la déception, peut-être
même le début de la fin de sa lune de miel avec les Australiens.
Hawke avait pourtant bien commencé
l'année: jouissant d'une popularité qu'aucun dirigeant de l'après-guerre n'avait connue, il avait ramené le
pays sur la voie de la croissance économique.
Pourtant, l'année 1984 s'est terminée sur un grave revers
électoral: à la surprise générale, le Parti travailliste australien (ALP) n'a été reconduit au pouvoir pour un
mandat de trois ans que par une marge extrêmement étroite.
Hawke avait convoqué les élections le 1er décembre 1984, après trente mois au pouvoir, sûr d'augmenter
de deux à cinq points les 49,5% de votes qui avaient propulsé l'ALP au gouvernement en mars 1983
après trente-quatre ans de règne conservateur quasi ininterrompu.
Sa cote de popularité personnelle
dépassait alors les 60%.
En cherchant à prolonger son mandat, il poursuivait un double but: infliger une
défaite écrasante à l'opposition des conservateurs libéraux, ce qui aurait accru les chances du Labour de
rester au pouvoir pour un troisième mandat, jusqu'en 1990 ; et gagner une majorité au Sénat, contrôlé
par des partis charnières.
Un bilan économique positif
Le moment était bien choisi.
Les Australiens, élevés dans le mythe que leur continent était le pays de
Cocagne, le Lucky Country à la prospérité infinie, ont traversé la crise économique et la récession
industrielle de l'administration libérale de Malcolm Fraser, le prédécesseur de Hawke, comme pris dans un
gigantesque cauchemar.
Hawke avait mis fin à cette période noire et redonné vie au mythe.
En moins de
deux ans de pouvoir, les travaillistes ont réduit le chômage de 10,1% à 8,5%, et pratiquement diminué
de moitié l'inflation, ramenée à son taux le plus bas depuis 1972.
Ils ont sorti l'économie de la stagnation
où elle se trouvait pour porter le taux de croissance à un rythme de 6,25% en 1984.
Les secteurs agricole
et tertiaire se sont développés favorablement, l'achat de véhicules a crû de 18%, et celui de l'habitat
privé de 20% par rapport à 1983.
Ces résultats positifs ont été dus en partie à des circonstances
extérieures favorables comme la reprise de la croissance mondiale, et à de soudaines et providentielles
pluies qui ont mis fin à une des plus difficiles sécheresses qu'ait connues l'Australie.
Mais la clé des succès économiques du Parti travailliste a résidé dans l'accord sur la progression des prix
et salaires passé en 1983 entre le gouvernement Hawke et la toute-puissante ACTU (Australien Council of
Trade Unions), l'unique centrale syndicale.
Grâce à cet accord, l'ex-conseiller juridique et président de
l'ACTU de 1967 à 1977, Bob Hawke lui-même, a obtenu, au nom de l'intérêt national, que les syndicats
acceptent des ajustements salariaux bi-annuels en échange de concessions sur les prestations sociales
(allocations familiales, etc.) et de la surveillance des prix.
L'accord a remarquablement bien fonctionné au
cours de l'année 1984, maintenant la croissance du salaire moyen à 4,4%.
Il a également ramené les
grèves à leur plus bas niveau depuis seize ans.
Cela a été le plus grand succès de Hawke.
Il a permis en
outre de contenir l'inflation, de rétablir la confiance nécessaire aux milieux des affaires, et il a fourni à
Hawke la substance de sa philosophie du "consensus", thème central de sa campagne électorale de
décembre 1984.
Le programme électoral de l'ALP était peu chargé d'idéologie ou de promesses concrètes.
Tout l'accent a
été mis sur les résultats obtenus par le "grand réconciliateur" Hawke, "l'homme du peuple" au style
messianique.
"Pouvez-vous imaginer un autre leader pour continuer à faire progresser l'Australie?"
clamaient les affichettes travaillistes.
"Bob Hawke a remis l'économie sur les rails.
Notre économie a
maintenant le plus fort taux de croissance du monde." Mais le message n'est pas passé.
Le vote
travailliste a baissé de 1,6%, sa majorité est tombée de 25 à 16 sièges dans une Chambre des
représentants élargie de 125 à 148 membres, et Hawke a échoué dans sa tentative de gagner une
majorité au Sénat.
A l'intérieur comme à l'extérieur du Parti travailliste, Bob Hawke a provoqué une irritation grandissante
avec son style de plus en plus présidentiel et démagogique.
Le mécontentement des adhérents de base
file:///F/Lycée/angui/0/450130.txt[12/09/2020 18:50:49]
est allé croissant en voyant Hawke jeter aux orties le credo travailliste et gagner des satisfecits du
patronat pour son approche modérée, pour la libéralisation de la banque et les finances, pour le
flottement du dollar australien, et pour l'ouverture du pays à seize banques étrangères, début 1985 - et
ce pour la première fois dans l'histoire du pays.
Par contre, sur les thèmes traditionnels des travaillistes
comme la promotion de la justice sociale et la redistribution des richesses - par l'introduction de droits de
succession, ou d'impôts sur la richesse et sur le capital - le gouvernement Hawke est resté évasif.
Voulant
flatter l'électorat centriste, Hawke le pragmatique s'est aliéné petit à petit l'électorat travailliste, en évitant
périodiquement de s'engager sur des dossiers brûlants.
Ainsi, en août 1984, il a fait marche arrière sur un
projet de suppression d'aide aux écoles privées.
Une controverse sur les impôts a dominé la fin de l'année 1984 et le début de 1985, alors que le pays se
préparait à un "sommet" national prévu pour juillet 1985 visant à une réforme du système fiscal.
Les
impôts sur le revenu sont passés en effet de 13% des salaires en 1969, à 20% en 1984.
Le
gouvernement a diminué légèrement les impôts directs en 1984 et a promis de mieux faire encore en
1985.
Mais on se demandait, fin 1984, comment l'administration Hawke escomptait remplir les caisses de
l'État, car la part des impôts sur le revenu dans les recettes fédérales a augmenté d'année en année pour
représenter plus de la moitié du budget gouvernemental.
Dans les milieux proches des syndicats, on
redoutait que....
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