Australie 1987-1988 L'année du bicentenaire Living together (vivre ensemble): c'est sous ce slogan que l'Australie a célébré, en 1988, l'arrivée...
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Australie 1987-1988
L'année du bicentenaire
Living together (vivre ensemble): c'est sous ce slogan que l'Australie a célébré, en 1988, l'arrivée des
premiers Européens il y a deux cents ans.
Fêtes fastueuses dans la baie de Sydney le 26 janvier,
manifestations artistiques prévues sur toute l'année et avalanche de publications sur "l'identité nationale".
De Canberra - avec l'inauguration du grandiose nouveau Parlement - au hameau le plus perdu, chacun a
trouvé sa façon d'exprimer sa fierté d'être un Aussie.
Même les Aborigènes, qui n'avaient guère de raison
de se réjouir de la brutale occupation du pays par les colons, au XIXe siècle, ont très habilement su
utiliser la présence des médias internationaux pour revendiquer à nouveau des droits fonciers sur leurs
terres ancestrales et des mesures concrètes en leur faveur.
Pourtant, le climat de célébration ne pouvait entièrement dissimuler la position encore fragile de
l'économie australienne.
Certes, on ne parlait plus, comme en 1986 d'une "république bananière".
En
effet, la situation désastreuse de la balance des paiements s'était améliorée en 1987 - le déficit extérieur
courant étant tombé de 14,4 milliards de dollars australiens en 1986 à 12,4 milliards.
Pour le premier
trimestre de 1988, il a diminué d'un tiers par rapport à l'année précédente.
Mais cette bouffée d'oxygène
a été due principalement à la hausse du cours des matières premières - laine, or, minéraux, qui
représentent 80% des exportations - et à l'essor du tourisme.
Cependant, les exportations des produits
manufacturés, encouragées par un dollar australien déprécié et en dépit d'une augmentation de 12% en
volume en 1987, sont pour leur part restées insuffisantes.
Les réformes macro-économiques entreprises par les travaillistes depuis 1983 (poursuivies en mai 1988
par une baisse de 49% à 39% des impôts sur les sociétés et une réduction globale de 12,5% des taxes
douanières) n'ont pas produit à court terme les résultats escomptés.
Deux handicaps ont persisté: d'une
part, le taux d'investissement des entreprises et le taux d'épargne des ménages sont restés faibles et,
d'autre part, l'effort pour la recherche (1,2% du PNB, dont un tiers seulement provenant du secteur
privé) a été inférieur de plus de moitié à celui du Japon et des États-Unis.
De plus, l'activité boursière
florissante, fondée en grande partie sur la spéculation et sur les offres publiques d'achat des raiders, a
pris un sérieux coup lors du krach d'octobre 1987: la Bourse de Sydney a enregistré un effondrement de
l'ordre de 40%.
En dépit de ces difficultés d'ordre structurel, le gouvernement de Bob Hawke pouvait en 1987 se vanter
d'un taux de croissance de 4,4%, d'une inflation tombée à 7,2% et d'un chômage stabilisé à moins de
8%.
Les comptes courants de l'année 1987 ont dégagé un solde plus important que prévu et le budget
1988-1989 misait sur un excédent de la balance des paiements supérieur à 1% du PIB.
Mais cette
réussite du programme de rigueur avait un prix politique.
Le spleen des travaillistes
L'année 1987 a plutôt bien commencé pour le Parti travailliste (ALP).
Aux élections anticipées du 11
juillet, le parti a vu sa majorité progresser à la Chambre des représentants.
Bob Hawke était alors le
premier leader travailliste à gagner trois élections consécutives au niveau national.
Cette victoire
historique n'était cependant pas aussi nette qu'il y paraissait.
Tout d'abord, ces élections reflétaient plutôt
la défaite d'une opposition déchirée par des conflits de personnalités, et, à un moindre degré, par des
désaccords sur le programme à adopter.
La coalition conservatrice ne paraissait plus crédible et sa défaite
lui a fourni l'occasion de se débarrasser de son perturbateur populiste, le septuagénaire sir John BjelkePeterson, mis à la retraite par son parti dans le Queensland, et d'affirmer le contrôle des drys (les durs) à
sa direction.
Par ailleurs, bien que l'ALP ait gagné quelques sièges "marginaux" supplémentaires, il a perdu 1% des
suffrages et sa majorité en voix a été réduite à 1,5%.
Ces pertes ont surtout été enregistrées dans ses
bastions ouvriers et ont pris valeur d'avertissement - avertissement qu'une série de revers dans diverses
élections partielles ont encore souligné.
Pourtant, ces signes n'ont guère été entendus par les dirigeants
travaillistes.
Pensant profiter de l'euphorie du bicentenaire, le Premier ministre de la Nouvelle-Galles du
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Sud, Barrie Unsworth, a annoncé des élections anticipées pour le 19 mars 1988.
Il a reçu un camouflet
magistral: la coalition conservatrice, dans un raz de marée (elle a gagné 8% des voix), est revenue au
pouvoir avec à sa tête un jeune gestionnaire d'origine hongroise, Nick Greiner.
L'ALP a ainsi vu son
hégémonie de douze ans sur l'État le plus peuplé du pays disparaître du jour au lendemain.
Pire encore, au niveau fédéral, Hawke et son gouvernement se sont vus accusés de négliger les intérêts
des travailleurs australiens au profit....
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