Australie 1988-1989 Après la fête Hélas! même la plus longue des fêtes a une fin. Certes les célébrations du bicentenaire...
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Australie 1988-1989
Après la fête
Hélas! même la plus longue des fêtes a une fin.
Certes les célébrations du bicentenaire commémorant
l'arrivée des premiers Européens sur le sol australien, commencées en grande pompe en janvier 1988 ont
duré toute l'année.
Une exposition universelle à Brisbane a accueilli dix-huit millions de visiteurs et
l'inauguration, en septembre, de l'impressionnant nouveau Parlement à Canberra en a certainement été
l'événement le plus marquant.
Pourtant, ce palais de la démocratie, en partie enterré afin de témoigner de l'enracinement de la
démocratie occidentale dans cet environnement austral, a symbolisé pour d'autres, du fait de son
immensité, l'éloignement des dirigeants par rapport au peuple.
Dans un pays où l'égalitarisme fait partie
des mythes dominants et où, s'agissant du Parti travailliste, il (ALP) en constitue l'essentiel, on pourrait
trouver là l'expression politique d'une certaine aliénation...
Le système électoral au secours des travaillistes
Il n'empêche que tout au long de l'année 1988, Bob Hawke, le Premier ministre, a continué de surfer au
faîte des sondages ; mais certains signes montraient que cette popularité ne suffisait plus à assurer une
hégémonie travailliste dans le pays.
Aux élections législatives du 1er octobre 1988, au Victoria, et du 4
février 1989 en Australie occidentale, l'ALP a vu la défection de, respectivement, 3% et 6% de son
électorat.
En toute logique, les gouvernements travaillistes de ces deux États, dirigés par John Cairn et
Peter Dowding auraient dû être battus - mais ils furent réélus de justesse, avec des majorités réduites.
En fait, le régime électoral en Australie, à savoir le vote "alternatif", élimine pour l'électeur australien le
dilemme cornélien du vote utile.
Car il peut exprimer une série de préférences en plaçant en première
place un candidat d'un petit parti ou groupuscule proche de ses préoccupations, tout en sachant que sa
deuxième, voire troisième préférence pour un candidat "orthodoxe" sera prise en compte dans le
dépouillement final.
C'est ainsi que dans l'État d'Australie occidentale, les 6% de "premières préférences"
perdues par les travaillistes en février 1989 ont été récupérées par un nouveau groupe de pression,
Greypower, qui défend avec acharnement les intérêts des retraités des classes moyennes.
Mais ses
électeurs ont tout de même placé l'ALP - un moindre mal - en deuxième place! En d'autres termes, les
électeurs ont voté contre le parti au pouvoir mais pas pour l'opposition.
C'est précisément là que résidait le défi pour l'opposition: canaliser un désenchantement certain à l'égard
des travaillistes et le transformer en soutien pour la coalition du Parti libéral et du Parti national.
Avec le
lancement, en décembre 1988, de leur manifeste Future Directions, l'opposition conservatrice proposait
"un retour aux valeurs traditionnelles".
Outre des projets de privatisation, ce programme exploitait toutes
les craintes - la peur des changements économiques, l'insécurité, l'immigration asiatique, la drogue, la
dégradation de la vie familiale, etc.
- qui, selon les sondages, inquiétaient "l'Australie profonde".
Pour
mieux vendre le programme, le Parti libéral alla même jusqu'à se débarrasser, le 9 mai 1989, de son
leader John Howard, coupable d'avoir donné une image trop terne au parti, pour remettre en selle
Andrew Peacock, le fringant, plus modéré et surtout plus médiatique chef de l'opposition entre 1983 et
1985.
Le même jour, l'autre parti de la coalition, le Parti national, a également remplacé le dernier de ses
dirigeants quelque peu rustre, Ian Sinclair, par un "jeune loup", Charles Blunt.
Vivre au-dessus de ses moyens?
Les conservateurs avaient visé juste.
Car en 1988, il a été question dans la presse de "la fin du rêve
australien" - celui de posséder son propre logement - réalisé auparavant par presque 70% des foyers.
La
flambée des prix de l'immobilier dans les deux grandes villes de Sydney et Melbourne (ils ont triplé en
quatre ans) a privé les jeunes ménages de cette possibilité.
Même pour ceux qui se sont endettés pour
atteindre cet objectif, les taux d'intérêt élevés (19%), nécessaires pour enrayer l'inflation (7,7% en
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1988), rendaient cette entreprise cauchemardesque.
Le gouvernement Hawke a néanmoins poursuivi sa politique d'austérité en 1988 en tablant sur un surplus
budgétaire de 5 milliards de dollars australiens.
Mais il a peu à peu pris conscience de la grogne existant
au sein de sa base et de la nécessité de jeter du lest pour s'assurer du soutien du puissant mouvement
syndical.
Le 12 avril 1989, Paul Keating, le ministre des Finances, a annoncé une série de mesures en
faveur des classes moyennes et des revenus modestes: une hausse de 6,5% des salaires demandée par
les syndicats et une réduction d'impôts de 4% pour le contribuable moyen.
En contrepartie, les syndicats
acceptaient une plus grande flexibilité de l'emploi et une amélioration de la productivité.
En outre, une
augmentation substantielle des retraites et des allocations....
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