Axes possibles de discussion du texte de Kant 1. À. la recherche d'une tension interne au texte Le texte de...
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Axes possibles de discussion du texte de Kant
1.
À.
la recherche d'une tension interne au texte
Le texte de Kant pose un problème quant à sa logique interne.
En effet, Kant
semble à la fois dire que c'est la situation essentielle de la philosophie, par
opposition aux sciences, d'être inachevée et instable, mais de l'autre, il semble
conserver l'horizon d'une philosophie qui serait une philosophie dernière, pro
prement scientifique.
Il ne tranche donc pas clairement la question de savoir si
l'instabilité de la philosophie est nécessaire ou seulement contingente.
Les deux
arguments, qui semblent se compléter, ont en fait quelque chose de contra
dictoire: Kant dit qu'on ne peut apprendre la philosophie parce qu'elle n'existe
pas encore; et que même si elle existait, on ne serait pas philosophe en l'ap
prenant.
Dans un cas, la philosophie semble pouvoir devenir une science, et
dans l'autre non.
2.
Si vous êtes un husserlien convaincu
Kant déclare peut-être un peu abusivement que jamais la philosophie ne sera
terminée - de même d'ailleurs qu'il a, à notre avis, une position trop relativiste
quant à la question du fondement de la philosophie.
En effet, si l'on suit Husserl,
le vrai fondement d'une philosophie qui soit une « science rigoureuse» a été
posé de manière indubitable par Descartes lorsqu'il pose le «cogito» comme
vérité première pouvant servir de fondement à toutes les autres.
Kant a raison
de considérer que la philosophie cartésienne n'a, ensuite, pas réussi à être
« inébranlable en toutes ses parties».
Mais Husserl, en reprenant la démarche
de Descartes, dans ses Méditations cartésiennes, a fondé une philosophie - la
phénoménologie - que l'on peut considérer comme aussi certaine et stable que
les mathématiques - précisément d'ailleurs parce que, comme ces dernières,
en suspendant la question du rapport au monde empirique et en ne s'attachant
qu'aux idéalités transcendantales [voir Husserl], elle se pose d'emblée comme une
construction indubitable.
3.
:Sur la distinction entre philosophie et mathématiques
La conception des mathématiques présentée par Kant n'est plus recevable
aujourd'hui.
Kant souscrit à la vision classique selon laquelle les propositions
premières (axiomes) sont des évidences (comme « le tout est plus grand que la
partie), et que les mathématiques sont donc une connaissance certaine.
Or l'his
toire des mathématiques n'est pas seulement l'accumulation de nouveaux
résultats: elle passe aussi par des remises en cause de leurs fondements même,
ce qui n'est donc pas quelque chose de propre à la philosophie, exclusivement.
La plus célèbre de ces révolutions réside dans l'invention de géométries non
euclidiennes.
Riemann et Lobatchevski ont, chacun à leur manière, tenté de
proposer une démonstration par l'absurde du 5 e postulat d'Euclide (« Par un
point extérieur à une droite passe une seule parallèle à cette droite»), et ne
sont parvenus à aucune contradiction.
Les deux géomètres découvraient ainsi
que d'autres géométries étaient possibles, une infinité d'autres, selon les cour
bures dé l'espace.
Comme l'explique l'épistémologue Robert Blanché, dans
L'Axiomatique, le fondement des mathématiques s'en trouve radicalement
modifié.
Car, à partir de là, il n'est plus possible de considérer....
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