Balzac, Le curé de Tours. Ce monde d'idées tristes était tout entier dans les yeux Impossible d'afficher l'image liée. Le...
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Balzac, Le curé de Tours.
Ce monde d'idées tristes était tout entier dans les yeux
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gris et ternes de mademoiselle Gamard ; et le large cercle noir par
lequel ils étaient bordés, accusait les longs combats de sa vie
solitaire.
Toutes les rides de son visage étaient droites.
La charpente
de son front, de sa tête et de ses joues avait les caractères de la
rigidité, de la sécheresse.
Elle laissait passer, sans aucun souci, les
poils jadis bruns de quelques signes parsemés sur son menton.
Ses
lèvres minces couvraient à peine des dents trop longues qui ne
manquaient pas de blancheur.
Brune, ses cheveux jadis noirs
avaient été blanchis par d'affreuses migraines.
Cet accident la contraignait à porter un tour
; mais ne sachant pas le mettre de manière à en dissimuler la naissance, il existait souvent
de légers interstices entre le bord de son bonnet et le cordon noir qui soutenait cette demiperruque assez mal bouclée.
Sa robe, de taffetas en été, de mérinos en hiver, mais toujours
de couleur carmélite, serrait un peu trop sa taille disgracieuse et ses bras maigres.
Sans
cesse rabattue, sa collerette laissait voir un cou dont la peau rougeâtre était aussi
artistement rayée que peut l'être une feuille de chêne vue dans la lumière.
Son origine
expliquait assez bien les malheurs de sa conformation.
Elle était fille d'un marchand de
bois, espèce de paysan parvenu.
A dix-huit ans, elle avait pu être fraîche et grasse, mais
il ne lui restait aucune trace ni de la blancheur de teint ni des jolies couleurs qu'elle se
vantait d'avoir eues.
Les tons de sa chair avaient contracté la teinte blafarde assez
commune chez les dévotes.
Son nez aquilin était celui de tous les traits de sa figure qui
contribuait le plus à exprimer le despotisme de ses idées, de même que la forme plate de
son front trahissait l'étroitesse de son esprit.
Ses mouvements avaient une soudaineté
bizarre qui excluait toute grâce ; et rien qu'à la voir tirant son mouchoir de son sac pour
se moucher à grand bruit, vous eussiez deviné son caractère et ses mœurs.
D'une taille
assez élevée, elle se tenait très-droit, et justifiait l'observation d'un naturaliste qui a
physiquement expliqué la démarche de toutes les vieilles filles en prétendant que leurs
jointures se soudent.
Elle marchait sans que le mouvement se distribuât également dans
sa personne, de manière à produire ces ondulations si gracieuses, si attrayantes chez les
femmes ; elle allait, pour ainsi dire d'une seule pièce, en paraissant surgir, à chaque pas,
comme la statue du Commandeur.
Dans ses moments de bonne humeur, elle donnait à
entendre, comme le font toutes les vieilles filles, qu'elle aurait bien pu se marier, mais elle
s'était heureusement aperçue à temps de la mauvaise foi de son amant, et faisait ainsi,
sans le savoir, le procès à son cœur en faveur de son esprit de calcul.
Cette figure typique du genre vieille fille était très-bien encadrée par les grotesques
inventions d'un papier verni représentant des paysages turcs qui ornaient les murs de la
salle à manger.
Mademoiselle Gamard se tenait habituellement dans cette pièce décorée
de deux consoles et d'un baromètre.
A la place adoptée par chaque abbé se trouvait un
petit coussin en tapisserie dont les couleurs étaient passées.
Le salon commun où elle
recevait était digne d'elle.
Il sera bientôt connu en faisant observer qu'il se nommait le
salon jaune : les draperies en étaient jaunes, le meuble et la tenture jaunes ; sur la
cheminée garnie d'une glace à cadre doré, des flambeaux et une pendule en cristal jetaient
un éclat dur à l'oeil.
Quant au logement particulier de mademoiselle Gamard, il n'avait été
permis à personne d'y pénétrer.
L'on pouvait seulement conjecturer qu'il était rempli de
ces chiffons, de ces meubles usés, de ces espèces de haillons dont s'entourent toutes les
vieilles filles, et auxquels elles tiennent tant.
Telle était la personne destinée à exercer la plus grande influence sur les derniers jours de
l'abbé Birotteau.
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Le romancier fait ici le portrait de Mademoiselle Gamard, une « vieille fille »…
Étude du portrait.
I- Le....
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