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Bâtir le plan (1) : ce qui vaut pour tous les sujet DURÉE : 40 À 45 MINUTES Fil conducteur...

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« Bâtir le plan (1) : ce qui vaut pour tous les sujet DURÉE : 40 À 45 MINUTES Fil conducteur de la réflexion, la problématique préfigure le plan de progres­ sion du devoir mais n'en détaille par toutes les étapes et articulations.

Quant aux matériaux rassemblés, ils sont à l'état de «chaos».

Il faut donc, sur la base de la problématique, organiser les matériaux de manière à établir un itinéraire aussi complet que possible. Nécessité du plan Ne partez pas à l'aveuglette.

Quel que·soit le sujet, vous devez faire un plan. Attention à certaines formulations qui paraissent vous en dispenser! ◊Exemple: «De quelles servitudes l'homme souffre-t-il ?».

Sur un tel sujet, ne vous contentez pas d'énumérer une à une les servitudes en question. Procédez au moins à une classification: servitudes naturelles/servitudes histo­ riques ( et/ou culturelles), servitudes objectives (matérielles-externes)/servi­ tudes subjectives (psychologiques-internes).

Une problématique minimale doit vous amener à vous demander si toutes les servitudes répertoriées sont réelle­ ment des servitudes -+ ce qui exige une analyse du mot «servitude» (au sens fort et au sens faible, au propre et au figuré) ; le problème se posera de savoir si toutes les servitudes peuvent être mises sur le même plan, s'il ne faut pas distin­ guer entre celles qu'on subit par consentement (la liberté fait peur ou«engage» -+ servitude/soumission volontaire) et celles qu'on subit par nécessité (besoins naturels/mon corps tel qu'il est et que je peux pas changer, etc.), par contrainte (l'esclave, le serf, l'oppression politique).

On ne manquera pas de se demander si toutes ces servitudes, quelles qu'elles soient, ne sont pas dépassables (et même effectivement dépassées) par l'homme défini comme être libre, comme conscience-qui-se-choisit.

Une bonne réflexion sur ces problèmes exige une mise en ordre des idées, des exemples, des connaissances.

Ne pas faire de plan sur.un tel sujet, c'est prendre le risque d'un devoir-inventaire superficiel et, sur­ tout, de tenir un discours contradictoire en croyant éviter les difficultés1. Le plan ne permet pas seulement d'éviter le hors-sujet.· Il est encore et surtout la condition impérative d'une réponse convaincante à la question posée : l'ordre des raisons ajoute au contenu des idées, à la clarté du discours.

Avec la compréhension du sujet, l'organisation de la réflexion est le second grand cri­ tère de correction de la dissertation philosophique. Le jour de l'épreuve, vous serez peut-être «stressé>>.

Et vous aurez tendance à passer le plus rapidement possible à la rédaction, dès que vous aurez rassemblé quelques matériaux.

Attitude compréhensible mais irrationnelle : c'est juste­ ment si vous prenez le temps de faire un plan complet de votre dissertation que vous la rédigerez plus rapidement en fin d'épreuve . . Trois exigences Fondamentales 1.

Le plan doit être spécifique : entendez par là qu'il n'y a pas, en philosophie, de plan«prêt-à-porter», que celutci doit être«taillé sur mesure», approprié au sujet que vous traitez.

C'est pourquoi- il doit être élaboré à partir du sujet lui­ mêine, donc de l'analyse et de la problématisation du sujet.

Nous verrons que certains types de sujets impliquent des formes particulières d'organisation de la dissertation.

Mais, en règle générale, il ne peut pas y avoir de plan type : le sujet de philosophie pose un problème spécifique; la réflexion doit donc être organi­ sée de manière spécifique. 2.

Le plan doit être organique : entendez par là que ses différentes phases doi­ vent s'enchaîner de manière à former une progression continue de la réflexion.

C'est pourquoi on sera particulièrement attentif au problème des transitions.

Le plan ne doit être ni un schéma artificiellement plaqué sur le sujet - c'est le risque du plan type ni une succession discontinue de points 1.

Lire, au chapitre suivant, ·un exemple de problématisation sur ce type de sujet : « Quels sont les � principaux obstacles à la connaissance scientifique?» (p.

131). c_ passés en revue : organiser, ce n'est pas simplement assembler.

Il faut que le plan «fonctionne».

Là encore, c'est en partant de la problématique que vous répondrez à cette exigence. 3.

Le plan doit être critique : entendez par là que la réflexion ne doit être ni dogmatique - affirmer des thèses sans les démontrer - ni polémique - rejeter des thèses sans les réfuter.

Le plan de la réflexion sera donc un plan d 'argumentation : argumenter veut dire raisonner sur des idées (des connaissances, des faits, des théories) en les confirmant par des preuves (arguments pour) et/ ou en les infirmant au moyen d'objections (arguments contre).

Examiner une question, c'est réfléchir de manière critique sur les différents points de vue possibles, sur les diverses réponses possibles.

Et, la réflexion étant discussion avec soi-même, le plan de la dissertation reflétera cette structure « disputative » de la pensée.

Encore et toujours, c'est l'esprit «problématique» qui doit gouverner la démarche. On peut penser que certains sujets ne se prêtent pas à un traitement critique, donc à un plan de la forme «discussion» ou de la forme «argumentation».

Il n'en est rien. ◊Exemples: ■ « Qu'est-ce qu'une évidence?» : Pour traiter convenablement le sujet, il ne suffit pas de décrire, d'analyser, ni même de classer, en les comparant, divers cas d'évidence (évidence sensible/ évidence intellectuelle).

Certes, ce n'est déjà pas rien.

Mais on ne comprend vraiment la question et on ne la traite philosophiquement que si on la problématise : « Qu'est-ce qu'une évidence?»-+ Estce une manifestation objective de la vérité dans l'esprit? Ou bien est-ce une impression purement subjective de vérité? Évidence = apparence ou réalité du vrai? critère ou illusion de vérité? Le sujet invite alors à une réflexion critique sur la nature et le statut cognitif de l'évidence, donc à un plan-discussion autour du problème de la vérité.

«Qu'est-ce que?»-+ «Est-ce ...

ou bien est-ce ...

?» Même le sujet-définition exige d'élaborer un plan d'argumentation. ■ «Où faut-il chercher l'origine de la passion?»: Problématique possible: Est-ce dans la nature de l'homme qu'il faut chercher l'origine de la passion, ou bien dans les règles socio-culturelles qui codifient l'existence humaine (tabous et interdits qui «barrent» l'expression naturelle des tendances et des besoins et qui feraient ainsi «dégénérer» le désir en passion)? « Où ? -+ Est-ce dans ...

ou bien est-ce dans ...

? » Le sujet invite à un examen critique des deux thèses, ici des deux lieux de naissance possibles de la passion. 102 1 Thèse, antithèse, synthèse? Toht plan de dissertation philosophique est-il alors de la forme thèse-antithèse­ sydthèse (plan dit «dialectique»)1 ? Oui et non; c'est toute la question du plan. ■ Oui, dans la mesure où le mouvement de la réflexion est d'argumentation et de discussion (d'îdées, de faits, etc.).

Dans cette mesure, tout plan est dialec­ tique : la nature même de la démarche philosophique est dialectique. ■ Non, dans la mesure où la structure critique-dialectique interne du raisonne­ ment philosophique ne signifie pas que la forme externe de la dissertation doive invariablement être celle.

du plan thèse-antithèse-synthèse (thèse= 1re partie, antithèse= 2• partie, synthèse= 3e partie ou conclusion). En effet: • D'une part, tous les sujets ne se prêtent pas aisément à la mise e.n œuvre d'un tel cadre formel: par exemple, les sujets-analyses (« Quel sens donner à...

? ») ou les sujets-conditions de possibilité ( «À quelles conditions ...

? »). Même si tout sujet invite, à un moment ou un autre, à une discussion dialec­ tique de thèses ou de points de vue contradictoires, tout sujet autorise diverses façons de conduire la discussion.

De plus, à la thèse et à l'antithèse ne corres­ pondent pas forcément le Oui et le Non.

Reportez-vous au chapitre 10, p.

157. Sur le sujet « Faut-il redouter la mort?», la thèse est Non (il n'y a pas lieu, sur le plan théorique, de redouter la mort) et l'antithèse est Oui (pour des rai­ sons pratiques, éthiques, il vaut mieux tenir la mort pour redoutable).

Même remarque pour la dissertation rédigée au chapitre 11 : « Peut-on concevoir une liberté sans loi?».

Or, dans les deux vas, c'est la problématique qui empêche la dialectique de verser dans le formalisme. • D'autre part, et à condition que le sujet s'y prête effectivement, le plan thèse­ antithèse-synthèse doit plutôt être considéré comme une solution de rechange que comme la «panacée universelle».

Le candidat qui n'aura pas su élaborer une problématique plus fine (mi qui maîtrise mal le temps de l'épreuve) dispo­ sera avec ce plan d'un moyen commode d'organiser sa réflexion.

Considérez-le non comme un plan type mais comme un plan «d'urgence». l.

Si vous adoptez le plan thèse-antithèse-synthèse, un conseil : gardez la synthèse pour la conclusion. La synthèse de deux points de vue dont chacun a fait l'objet d'une argumentation critique complète est nécessairement une conclusion et, comme son nom l'indique, la synthèse sera de préférence... synthétique! Faire de la synthèse une partie entière du développement, c'est prendre le risque de recommencer le travail. • Enfin, le plan thèse-antithèse-synthèse peut prendre des formes caricaturales dans les copies.

La thèse et l'antithèse y sont plutôt affirmées parallèlement sans démonstration que «dialectisées».

La synthèse n'est alors qu'une tentative pour concilier, de façon purement verbale - ou incantatoire - des points de vue parfaitement irréductibles l'un à l'autre.

Du reste, même si l'argumentation est bien menée, que se passe-t-il, souvent, quand on a solidement établi et la thèse et l'antithèse? On se trouve devant un problème indécidable: thèse et antithèse sont plus fortes que la synthèse, philosophiquement plus importantes que le compromis artificiellement rédigé entre elles à.

la fin du devoir. Rien ne résume plus cruellement l'impossibilité de la synthèse dans certains cas que ces graffitis relevés à Berlin avant la chute du Mur : « To do is to be» (Platon), « To be is to do» (Marx), « Dobedobee» (Frank Sinatra)1• Entre l'idéa­ lisme platonicien et le matérialisme de Marx, quelle peut être la synthèse? Avec humour et désespoir, l'auteur de ces graffiti voulait probablement dire qu'entre l'Est et l'Ouest, entre les valeurs des deux blocs, la «troisième voie» était introuvable et qu'en fait de synthèse, on ne pouvait guère trouver mieux qu'un refrain de crooner ...

porté par un vent > 1 Partir d'un Fait ou d'une idée non pour l'admettre mais pour · l'interroger. I - Le passé est-il intéressant? Éléments d'introduction à I: Mémoire+ conscience du passé = données de la réalité humaine ➔ pas besoin d'expliquer l'intérêt porté au passé (fait naturel) : -cf.

Chaunu : citation p.

96. Mais cela ne prouve pas l'intérêt du passé. «Mais...

, en effet..., or...

, donc...

»: le plan est un plan d'argumentation et c'est à cette condition qu'il est organique. 1.Ambiguïté de la mémoire et de la conscience du passé. En effet, d'un côté : Contradictions de la mémoire : -exemples p.

97 : attention mnésique captée par l'inté­ ressant comme par l'inintéressant. Expressions contradictoires de la conscience com­ mune du passé : -expressions «c'est le passé>> ➔passé= dépassé (voir p.

97) mais aussi «c'était le bon vieux temps» nostalgie -+ passé= insurpassable. D'où: mémoire/conscience du passé ne prouvent pas suffisamment l'intérêt du passé. L'élaboration du plan Fait surgir des éléments nouveaux; c'est en quoi elle fait progresser la réflexion sur le sujet. Or, d'un autre côté : Mémoire= conservation du passé, donc le passé n'est pas le dépassé/l'inactuel : -présence virtuelle du passé : cf.

image de la mémoire comme palimpseste chez Baudelaire (couches succes­ sives des faits/sentiments du passé «embaumés dans ce que nous appelons l'oubli»). Expérience de la réminisèence/anamnèse= retour du passé dans le présent («temps retrouvé») -cf.

psychanalyse/ »travail» autobiographique prous­ tien et citation de Péguy (p.

97). -au plan collectif : notions de «mentalités»/«incons­ cient culturel» ➔poids/action du passé dans le présent. ■ ■ ■ ■ 1.

Voir la mise au point de la problématique, p.

83-84. À chaque étape du plan, faire un rapide bilan pour voir où l'on en est. -Ne jamais perdre de vue le réel de l'expérience et du langage ... Mais organiser, c'est-à-dire distinguer, « sérier» les àspects de ce réel complexe et multiple. Exploiter les connaissances en fonction des exigences du plan. Le bilan d'une partie doit être une transition entre celle-ci et · ta suivante on la marquera donc nettement. l'introduction à une nouvelle .

partie sera assurée par cette transition. Donc: s'intéresser au passé pour combler lacunes de la mémoire (y mettre de l'ordre)+ intérêt du passé parce qu'il est latent et agit souterrainement dans l'actuel. 2.

Le passé est intéressant en soi : le passé = cause objective de l'intérêt qu'on peut lui porter. Car: Présence non seulement virtuelle mais réelle, concrète de l'hier dans !'aujourd'hui-+ passé éveille l'intérêt (curiosité d'«enquête») : - voir p.

97 (expressions comme «À quoi ça servait?»/ intérêt affectif+ culturel/ambiguïté du mot «souvenir» (objet et idée): «Cette bague est un souvenir de ma mère». ■ Passé= passé de l'humanité témoignant de son pré­ sent pour l'humanité future : passé comme ayant-été­ présent voulant rester présent/intéresser l'avenir: - voir p.

96 référence à Riegl («monument intentionnel» -+ transmission d'un héritage). ■ Éclat des civilisations passés -+ passé témoignant de ce qu'il y a de grand/beau en l'homme : histoire= réac­ tualisation des valeurs : - référence à Nietzsche et à Comte p.

98 (passé intéres­ sant pour fortifier la croyance en l'homme). Si le passé n'était pas intéressant, curiosité inexpli­ cable des hommes pour «les histoires» : - voir p.

98 citation de Platon et référence à Paul Veyne. Donc, intérêt en soi du passé : parce qu'il est co-présent au présent (fragmentaire -+ intérêt archéologique: passé passé-présent à recom­ poser («puzzle»); parce qu'il a été un présent/présence de l'homme: c'est pourquoi on s'intéresse aussi aux fragments «non­ intentionnels» du passé: passé= présent-passé humain à faire revivre. ■ ■ ■ ■ D'où : intérêt pour le passé parce que intérêt du passé lui-même et en lui-même. Mais : si c'est l'homme qui est intéressant dans le passé, nous nous intéressons au passé pour y chercher ce qui intéresse le présent humain. II - Pour quelles raisons nous y intéressons-nous? Éléments d'introduction à li: Histoire = « récit animé, passionnant, des aventures humaines» (Marrou, voir p.

98). Or : l'histoire n'est pas seulement récit, « belles his­ toires», mais recherche scientifique/théorique, et le diplomate/ le politique étudient l'histoire.

Pourquoi ? Pour y trouver quoi? 1.

Le passé explique le présent. Faire un plan, organiser la réflexion, c'est articuler des éléments d'abord disparates et venus dans le désordre. ■ Règle historique traditionnelle du «post hoc, ergo propter hoc» (explication de l'après par l'avant); -voir Bloch (exemple p.

96). Psychanalyse : passé «oublié»/enfoui/ refoulé expli­ que mieux mon présent que passé conscient-+ travail de l'analyse travail scientifique d'historien (connaître son histoire = se comprendre dans sa vérité de sujet) : - voir plus haut 1.1 : mémoire = lacunes, désordre, illu­ sions -+ histoire vérité. Passé autre ou passé des autres = passé de notre présent: -exemple (voir p.

97). ■ ■ Même si elle,n'est pas exhaustive, l'argumentation formera un tout complet. Donc, s'intéresser au passé: • non seulement pour le connaître ; • mais encore pour se connaître/comprendre. 2.

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