Belgique 1988-1989 L'apprentissage du fédéralisme L'affaire de l'offre publique d'achat sur la Société générale de Belgique (SGB), qui avait occupé...
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Belgique 1988-1989
L'apprentissage du fédéralisme
L'affaire de l'offre publique d'achat sur la Société générale de Belgique (SGB), qui avait occupé le devant
de la scène au printemps 1988, est passée à l'arrière-plan avec le retrait partiel du financier Carlo De
Benedetti, qui n'a pas insisté après sa défaite lors de l'assemblée générale du 14 avril.
Une mainmise
italienne a été évitée, mais au prix de la dépendance d'un grand groupe français, la Compagnie financière
de Suez: au début de 1989, celle-ci détenait (directement ou indirectement) environ 56% des actions,
contre 15% pour le groupe italien et 22% pour les principaux actionnaires belges.
Cette influence n'est guère appréciée des Flamands, d'autant que Suez s'est engagée résolument dans
une politique de restructuration, menée plus en fonction de la stratégie internationale du groupe que des
intérêts spécifiques de l'économie belge.
Mais une vente d'actions sur le marché boursier belge en 1989
devait renforcer la composante nationale, et le "savoir-faire" de Suez allait peut-être permettre à la SGB
de retrouver son dynamisme en tant qu'opérateur industriel et de diversifier ses activités dans le
bâtiment, le tourisme et les services.
La Compagnie financière n'a-t-elle pas affirmé fin 1988 que sa filiale
serait bénéficiaire dès 1989?
En tout cas, les leçons de l'expérience ont été tirées: le gouvernement a fait adopter une loi "anti raiders"
instituant la transparence des opérations boursières en matière de prises de contrôle.
L'autonomie des communautés et des régions
La nouvelle coalition gouvernementale (sociaux-chrétiens, socialistes et fédéralistes flamands), constituée
le 10 mai 1988 après une longue crise, détient une majorité suffisante pour mettre en oeuvre des
réformes de structure, et les élections communales du 9 octobre ont été pour elle un succès, au moins en
Wallonie et à Bruxelles.
Il lui reste cependant à s'entendre sur un allègement de la politique d'austérité,
que les socialistes, nouveaux venus au gouvernement, ne peuvent pas cautionner dans sa version
antérieure ; des sujets comme les modalités de la réduction des impôts directs (qui a été décidée pour
1990), l'augmentation des traitements des fonctionnaires (revendiquée avec vigueur par les intéressés,
policiers y compris, à la fin de 1988), l'évolution de la protection sociale, constituent ainsi des sources
potentielles de conflits.
Mais le dossier le plus délicat reste la question linguistique.
Deux signes d'évolution ont été enregistrés en
1988-1989.
L'un est symbolique: le bourgmestre des Fourons (commune en majorité francophone mais
rattachée à la Flandre), José Happart, qui avait si souvent défié le pouvoir central, a renoncé à un
nouveau mandat.
L'autre fait nouveau, plus fondamental, est l'entrée en vigueur, au 1er janvier 1989,
d'un important transfert de compétences de l'État vers les "communautés" (flamande, française,
germanophone) et les "régions" (Flandre, Wallonie, Bruxelles), qui ont désormais pouvoir de décision sur
des questions aussi vitales que l'enseignement, l'action économique ou l'aménagement du territoire, et
gèrent environ 40% des dépenses publiques.
Cette mise en oeuvre du fédéralisme paraît de nature à
atténuer les conflits, chacun étant maître chez soi ; elle ne résout pas pour autant un certain nombre de
problèmes: coordination des infrastructures et des politiques économiques à l'échelle nationale (des
commissions paritaires ont été créées à cet effet), représentation à l'étranger (où, en matière
économique notamment, les initiatives tendent à se disperser), statut de Bruxelles (une question qui est
appelée à resurgir un jour ou l'autre).
L'installation du fédéralisme se fait heureusement sur une toile de fond économique et financière plutôt
favorable: le taux de croissance a dépassé 3% en 1988, alors que l'inflation continuait à se réduire
(1,2%).
Fait significatif, la principale multinationale belge, Solvay, a annoncé une forte augmentation de
son bénéfice en 1988.
De nombreux mouvements ont été enregistrés dans le capital et les localisations
des entreprises.
Certes, ils ont parfois entraîné des réductions d'activité ou des fermetures, mais ils
témoignent aussi du processus de modernisation engagé.
Le déficit budgétaire de l'État reste cependant très élevé et la dette publique est, en proportion du PNB,
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la plus forte de la Communauté....
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