Belgique 1992-1993 Le fédéralisme en héritage La mort du roi Baudouin, le 31 juillet 1993, est venue s'ajouter à un...
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Belgique 1992-1993
Le fédéralisme en héritage
La mort du roi Baudouin, le 31 juillet 1993, est venue s'ajouter à un contexte où l'avenir de l'État central
apparaissait incertain.
Loin d'atténuer le conflit linguistique, l'évolution de la Belgique vers le fédéralisme
a semblé, en effet, l'exacerber et en renforcer la dimension économique.
Les accords de la Saint-Michel
(29 septembre 1992) ont marqué un pas de plus vers l'autonomie des régions, désormais dotées de
gouvernements et de prérogatives plus étendues, il a également été décidé que leur conseil serait élu au
suffrage direct (pour cinq ans); le Sénat a vu sa composition modifiée (une partie de ses membres devant
être désignée par les communautés linguistiques) et ses pouvoirs réduits.
Tout ce qui n'a pas été
expressément attribué à une région est donc resté de la compétence de l'État, notamment la politique
étrangère, la Défense, la sécurité publique, la protection sociale, l'orientation de la politique économique;
les attributions des régions englobant tout de même des domaines aussi importants que l'aménagement
du territoire, l'environnement, le logement, les transports et l'emploi.
Le gouvernement de Jean-Luc Dehaene, qui a succédé en mars 1992 à Wilfried Martens - tous deux
sociaux-chrétiens flamands -, a obtenu à l'Assemblée, le 6 février 1993, la majorité des deux tiers,
nécessaire à faire voter le nouvel article 1 de la Constitution: il avait réussi le mois précédent à se
concilier les écologistes en acceptant, malgré les vives critiques des milieux économiques, l'instauration,
en 1994, d'"écotaxes" sur les emballages et les produits jetables.
Mais il n'est pas allé plus loin dans la
partition du pays, refusant de régionaliser la Sécurité sociale comme le demandait l'opinion flamande.
Celle-ci considère que la Flandre paie trop pour une Wallonie vieillie et économiquement déprimée; la
volonté d'indépendance y a gagné du terrain, le principal obstacle étant le statut de Bruxelles,
majoritairement francophone mais enclavée en Flandre et revendiquée par celle-ci comme capitale.
Éviter la crise politique
Ce contexte a rendu plus fragile le gouvernement Dehaene, dont la marge de manoeuvre financière était
très restreinte.
L'économie belge partage les incertitudes européennes, avec une inflation modérée
(environ 2,5% en 1992) mais une faible croissance (1,3% en 1992) et une forte dépendance vis-à-vis de
l'étranger aussi bien en ce qui concerne le commerce extérieur que les investissements productifs; la
pénétration du capital étranger s'est accentué dans les médias, par exemple; cependant la Banque
Bruxelles Lambert (deuxième banque du pays) est restée en mains belges après une tentative d'OPA
(offre publique d'achat) du groupe néerlandais ING (Internationale Nederlanden Groep).
Point positif, le
sauvetage de la dernière grande entreprise belge de chantiers navals a été accompli en décembre 1992
par la firme néerlandaise Begemann.
La Société générale de Belgique (SGB, groupe Suez) a, pour sa part,
poursuivi son redressement, mais au prix d'un désengagement de certaines activités industrielles peu
rentables, notamment en Wallonie.
Quant à la compagnie aérienne Sabena, elle a assuré sa survie en
nouant une alliance avec Air France en avril 1992.
En termes d'emplois, le bilan a été peu favorable: une nouvelle augmentation du chômage (plus de 8%
de la population active) a, en effet, été enregistrée en 1992.
Or il est apparu clair que la dette publique,
proportionnellement la plus élevée d'Europe (plus de 130% du PIB), limitant la capacité de financement
de l'État, devrait être réduite pour répondre aux critères de convergence des politiques économiques
établis dans le traité de Maastricht relatif à l'Union européenne.
Des coupes ont été réalisées sur le
budget de la Défense, avec la suppression du service militaire (décidée en juillet 1992) le 1er janvier
1994.
L'arbitrage entre les deux principaux partis de gouvernement, socialistes francophones et sociauxchrétiens flamands, s'est révélé toujours plus difficile au fil des mois; après plusieurs alertes, Jean-Luc
Dehaene a présenté sa démission au roi Baudouin Ier en mars 1993; mais celui-ci l'a refusée, favorisant
ainsi l'élaboration d'un nouveau....
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