Birmanie (Myanmar) 1985-1986 Ne Win prépare sa succession Immobilisme et rébellions, culte du secret et xénophobie, telles sont les caractéristiques...
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Birmanie (Myanmar) 1985-1986
Ne Win prépare sa succession
Immobilisme et rébellions, culte du secret et xénophobie, telles sont les caractéristiques de la Birmanie
depuis son indépendance en 1948, qui lui ont valu le surnom mérité de "pays ermite".
Le système politique birman est à la fois simple et très curieux.
Le général Ne Win, depuis sa prise du
pouvoir par un coup d'État en 1962, est véritablement l'homme fort, le guide qui dirige tout par luimême.
Mais, en raison de son âge (soixante-quinze ans en 1986), il prépare la succession.
En 1981, il
s'est fait remplacer à la présidence de la République par le général San Yu, tout en conservant le poste
clé de président du parti unique, le Parti du programme socialiste birman (PPSB), qui lui confère la réalité
du pouvoir.
Lors du Ve congrès du PPSB, en août 1985, San Yu a été officiellement désigné comme
successeur de Ne Win en accédant à la vice-présidence du parti, alors que les généraux en retraite, Aye
Ko et Sein Lwin, étaient réélus comme secrétaire général et secrétaire général adjoint, respectivement.
Secondé par ces trois disciples qu'il connaît depuis bientôt quarante ans, Ne Win tire les ficelles de
l'armée, la seule force structurée du pays.
Les députés du Congrès national du peuple, élus en octobre
1985, ne jouent aucun rôle, le peuple entérinant le choix du candidat unique présenté par le parti unique,
et le Premier ministre Maung Maung Kha ne fait office que de figurant.
Le mot "socialiste" recouvre moins une idéologie qu'une attitude xénophobe, et n'a servi de prétexte que
pour nationaliser le commerce tenu par les Indiens et les Chinois ainsi que les firmes étrangères
contrôlées par les Occidentaux.
Le régime est avant tout nationaliste et bouddhiste, donc contre les
manipulations d'argent et pour une sage austérité ; quant au général Ne Win, âgé et malade, il consacre
autant de temps à se réconcilier ses anciens ennemis ou à distribuer des dons pour racheter ses péchés
et préparer sa prochaine réincarnation, qu'à s'occuper des affaires politiques.
Guérillas tous azimuts
Les Birmans proprement dits vivent dans la plaine centrale mais sont cernés par des minorités habitant
dans les montagnes qui couvrent 47% du territoire national.
Dès 1948, les Karen sont entrés en révolte,
suivis par les Shan (plus d'un million), qui en 1958, lorsque leurs chefs traditionnels refusèrent de
renoncer à leurs privilèges, organisèrent une armée de l'État shan, forte de 2 000 hommes en 1986.
Utilisant le paravent de la lutte nationale, des groupes de bandits dirigés par d'anciens membres du
Kuomintang ont créé d'autre part des prétendus mouvements de libération, comme l'Armée unifiée shan
ou l'Armée révolutionnaire de l'État shan, pour camoufler leurs activités de trafiquants de drogue.
Toutes
les autres minorités, les Pa-O (200 000), les Wa coupeurs de têtes (400 000), les Lahu (100 000) ont
copié ce modèle pour se lancer dans des guerres dites d'indépendance, mais en réalité pour s'emparer
d'une part de ce gâteau fabuleux que représente l'héroïne du Triangle d'or.
En 1986, l'anarchie était à
son comble dans l'État shan, tous ces brigands ne s'alliant que pour mieux s'entretuer.
L'Armée pour
l'indépendance Kachin (AIK), fondée par des chrétiens baptistes, s'est soulevée en 1961 contre
l'instauration du bouddhisme comme religion d'État.
Bien que peu nombreux (environ 500 000), les
Kachin, surnommés les "aimables assassins" pour la férocité joyeuse qu'ils montrent dans la guerre, sont
des adversaires redoutables pour Rangoun, et ils frappent jusque dans Myitkyina, où ils ont assassiné un
général de l'armée birmane en octobre 1985.
Sur la frontière de l'Inde et du Bangladesh, les Chin (500
000) et les Mizo (100 000) sont aussi en révolte, comme les Môn (400 000) et les Karenni (100 000) sur
la frontière de Thaïlande.
Si l'Inde, depuis juin 1984, a passé des accords de coopération militaire avec Rangoun pour empêcher la
Chine d'envoyer des armes à ses propres minorités - en utilisant les Kachin et les Mizo comme
intermédiaires -, la Thaïlande en revanche a continué de fournir de l'aide aux rebelles et, pour cette
raison, n'est pas parvenue à nouer des liens étroits avec la Birmanie, malgré la visite de conciliation qu'a
effectuée à Rangoun, en février 1986, le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de
Thaïlande, Sitthi Savétasila.
Par contre, les relations avec la Chine se sont améliorées depuis la visite, en
mars 1985, du président Li Xiannian à Rangoun et celle de Ne Win en mai suivant à Pékin.
Par voie de
conséquence, les activités du....
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