Blaise Cendrars, L'Or Un jour, il a une illumination. Tous, tous les voyageurs qui ont défilé chez lui, les menteurs,...
Extrait du document
«
Blaise Cendrars, L'Or
Un jour, il a une illumination.
Tous, tous les voyageurs qui ont défilé chez lui, les
menteurs, les bavards, les vantards, les hâbleurs, et même les plus taciturnes, tous ont
employé un mot immense qui donne toute sa grandeur à leurs récits.
Ceux qui en disent
trop comme ceux qui n'en disent pas assez, les fanfarons, les peureux, les chasseurs, les
outlaws, les trafiquants, les colons, les trappeurs, tous, tous, tous parlent de l'Ouest, ne
parlent en somme que de l'Ouest.
L'Ouest.
Mot mystérieux.
Voici la notion qu'il en a.
De la vallée du Mississipi jusqu'au-delà des montagnes géantes, bien loin, bien
loin, bien avant dans l'ouest, s'étendent des territoires immenses, des terres fertiles à
l'infini.
La prairie.
La patrie des innombrables tribus peaux rouges et des grands troupeaux
de bisons qui vont et viennent comme le flux de la mer.
Mais après, mais derrière ?
Il y a des récits d'Indiens qui parlent d'un pays enchanté, de villes d'or, de
femmes qui n'ont qu'un sein.
Même les trappeurs qui descendent du nord avec leur
chargement de fourrures ont entendu parler sous leur haute latitude de ces pays
merveilleux de l'Ouest, où, disent-ils, les fruits sont d'or et d'argent.
L'Ouest ? Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi y a-t-il tant
d'hommes qui s'y rendent et qui n'en reviennent jamais ? Ils sont tués par les Peaux
Rouges ; mais celui qui passe outre ? Il meurt de soif ; mais celui qui franchit le col ? Où
est-il ? Qu'a-t-il vu ? Pourquoi y a-t-il tant parmi ceux qui passent chez moi qui piquent
directement au nord et qui, à peine dans la solitude, obliquent brusquement à l'ouest ?
(1) outlaws : hors la loi
Roman dans lequel le narrateur évoque la mythique ruée vers l'or en racontant l'histoire
de Johan Suter.
Le passage se situe au moment où, fermier paisible du Missouri, Suter est intrigué par ce
que les gens de passage lui racontent de l'Ouest => monologue intérieur.
I- La rêverie de Suter
A- Un discours indirect libre
Discours indirect libre : entre discours direct et discours indirect.
Marques du discours direct : toutes les interrogations (avec les points d’interrogation).
Ex
« Mais après, mais derrière ? » ; « L'Ouest ? Qu'est-ce que c'est ? »… Phrases averbales >
pensées.
Marques du discours indirect => 3e personne du singulier ; pas de guillemets…
=> Focalisation interne.
On suit les pensées du personnage (rares interventions du
narrateur).
B- Le débat intérieur
• Passage de la 3e personne du singulier (> récit, coupé de la situation d’énonciation) à la
1e personne du singulier (> discours, ancré dans la situation d’énonciation) : « ceux qui
passent chez moi ».
=> Débat intérieur.
• Le personnage réfléchit, pense.
Cf.les énumérations du premier § renforcées par « tous,
tous, tous » + toutes les questions....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓