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Born again. Il en est du Canada comme des chrétiens fondamentalistes: il est "né à nouveau" le 17 avril 1982...

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« Born again.

Il en est du Canada comme des chrétiens fondamentalistes: il est "né à nouveau" le 17 avril 1982 avec la proclamation de la nouvelle loi constitutionnelle.

Mais il faut se rendre à l'évidence: la situation économique, toujours aussi dépendante de celle des États-Unis (70% des échanges commerciaux), n'est guère reluisante.

Alsands, le joyau des mégaprojets énergétiques - pétrole synthétique - en Alberta, dans l'Ouest du pays, devait rapporter des milliards de dollars et créer au moins soixante mille emplois.

Les pétrolières Shell et Gulf l'ont abandonné.

Les projets de rechange dans l'extrême Nord, l'Arctique (mer de Beaufort: gaz, pétrole), et dans l'extrême Est, au large de Terre-Neuve (Hibernia, pétrole), se heurtent par ailleurs à des difficultés.

Alors que le gouvernement fédéral rêve d'indépendance énergétique pour 1990, cette situation a été masquée en 1981 par la querelle constitutionnelle. Certes, les Canadiens demeurent les sujets d'Elizabeth II.

Cependant, les modifications constitutionnelles se feront désormais au Canada.

Le Premier ministre, Pierre Elliott Trudeau, a toujours voulu "un Canada réellement indépendant".

Confronté à l'origine aux provinces, il a fini par isoler sa province natale, le Québec, pour se gagner l'appui des neuf provinces anglophones. A la notion de dualité anglophone et francophone, qu'il se défend de nier, Trudeau préfère celle de peuple du Canada, multiculturel, issu bien sûr des Anglais et des Français mais nourri également des autochtones et des néo-Canadiens.

Dans cet immense territoire désarticulé, fondé sur des frustrations régionalistes, cette vision paraît peu réaliste.

Il n'existe aucun parti d'envergure nationale ; les conservateurs concentrent leurs forces dans l'Ouest, et les libéraux les leurs dans l'Est.

Soixante-quatorze des soixante-quinze comtés fédéraux du Québec sont détenus par les libéraux.

Ces mêmes Québécois, qui répondent massivement présents à Ottawa, votent depuis des lustres pour des gouvernements provinciaux autonomistes.

L'Ouest anglophone a le sentiment d'être le fournisseur énergétique du Centre et de l'Est mais s'estime mal payé de retour.

Cette impression d'injustice est telle qu'un parti séparatiste a vu le jour.

Le Western Canada Concept, dirigé par un agent immobilier, a fait élire, en février 1982, son premier député, Gordon Kesler, Albertain, un pétrolier-rancher-cavalier de rodéo. Dans cette région encore relativement prospère et qui avait peu connu le chômage, les budgets fédéraux viennent renforcer l'inquiétude.

Ceux-ci sont impitoyables: et leurs effets risquent d'être désastreux: maintien des taux d'intérêt élevés, ralentissement de l'économie, crise du logement et augmentation du chômage -10,3% de la population active canadienne, 13,6% au Québec, un record depuis la crise de 1929.

Il y a aujourd'hui 400 chômeurs pour un seul emploi disponible.

Symboles de la mauvaise gestion fédérale, les deux budgets ont été l'occasion d'un procès en règle de l'équipe Trudeau, au pouvoir depuis quatorze ans.

Cibles des syndicats, des gouvernements provinciaux et du Conseil économique du Canada, ils sont critiqués même par les milieux d'affaires.

Le déficit est de près de 20 milliards de dollars canadiens et la dette publique dépassera les 100 milliards. Dans ce contexte de double échec, politique et économique, une atmosphère de fin de règne prédomine à Ottawa, qui ne trouble cependant pas Trudeau. La remuante province francophone est au centre de la question nationale canadienne.

Les nationalistes du Québec, dont l'option se trouve pourtant dans une impasse, semblent convaincus de représenter un peuple différent.

Ils voient le reste du Canada comme un magma anglophone indifférencié.

Le Parti québécois (PQ), ouvertement "souverainiste", est au pouvoir depuis six ans.

Aveuglés par la "trudeauphobie", les dirigeants péquistes ne voient pas toujours l'intérêt bien compris de la province.

Le Québec n'échappe pas à la langueur économique de l'Amérique du Nord.

L'année fiscale 1982-83 a commencé sans budget.

Pour éviter l'augmentation du déficit prévu de 3 milliards de dollars, le Premier ministre René Lévesque se voit obligé de "couper" près d'un milliard dans le secteur public.

Les salariés des services public et para-étatique constituent sa clientèle électorale privilégiée.

Ils ont le droit de grève depuis 1964 et en font largement usage.

La paix sociale sera-t-elle perturbée? Début 1982, le climat économique restait morose.

Les usines, notamment celle de meubles, chaussures et textiles, fermaient. L'accès à la propriété ne sera bientôt plus qu'un songe et l'on craint pour la santé précaire des PME qui emploient la majeure partie de la main-d'œuvre industrielle (77%). file:///F/Lycée/angui/3/450580.txt[13/09/2020 02:24:50] Le Québec: la province frondeuse Même si, dans un proche avenir, le gouvernement québécois n'a rien à craindre de l'opposition.... »

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