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Bosnie-Herzégovine 1994-1995 Quatrième année de conflit Entré dans sa quatrième année en avril 1995, le conflit bosniaque aurait, à cette...

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« Bosnie-Herzégovine 1994-1995 Quatrième année de conflit Entré dans sa quatrième année en avril 1995, le conflit bosniaque aurait, à cette date, déjà provoqué 50 000 à 150 000 morts et été à l'origine de près de deux millions de réfugiés ou personnes déplacées, sur une population de 4 350 000 personnes en 1991.

Sur le plan militaire, l'armée de la "république serbe" autoproclamée sur une partie du territoire (avril 1992) compensait toujours son infériorité numérique (60 000 hommes contre 100 000 pour l'armée bosniaque et 15 000 pour le Conseil de défense croate-HVO) par une supériorité persistante dans les armements lourds. En novembre 1994, l'échec de l'offensive lancée par l'armée bosniaque à partir de Bihac, puis l'incapacité de l'armée serbe à s'emparer de cette enclave lors de sa contre-offensive ont illustré cet équilibre des forces et la stabilisation territoriale qui s'en est ensuivie.

L'armée bosniaque et le HVO ont certes pu mettre à profit leur supériorité numérique et réussir quelques offensives limitées (mont Ozren en juin 1994, plateau de Livno et mont Vlasic en mars 1995), mais l'armée serbe a continué de contrôler plus de 60% du territoire bosniaque, de menacer les différentes enclaves musulmanes et les principales voies de communication, et de resserrer le siège de Sarajevo - commencé en avril 1992 - à chaque fois que la situation militaire ou diplomatique l'exigeait.

Le brutal écrasement de l'enclave de Srebrenica, en juin 1995, a rappelé cette réalité de façon tragique. Logiques communautaires Cet enlisement militaire a contrasté avec les importants bouleversements institutionnels et politiques survenus.

En mars 1994 ont cessé les affrontements croato-musulmans commencés un an plus tôt, puis a été constituée entre les deux communautés une Fédération croato-musulmane (accords de Washington du 18 mars 1994).

Pour la communauté serbe, l'événement le plus significatif aura été la rupture entre la Serbie et la "république serbe", avec l'instauration d'un embargo économique par la première à l'encontre de la seconde, le 4 août 1994. La mise en oeuvre de la Fédération croato-musulmane s'est en fait limitée à la constitution de quelques institutions fédérales communes (Présidence fédérale, gouvernement et Parlement) et à l'établissement d'une coopération militaire limitée entre armée bosniaque et HVO.

La création d'administrations municipales et cantonales communes ou la réinstallation des populations déplacées sont, en effet, largement restées lettre morte.

Mostar, ville placée sous la tutelle de l'Union européenne, est restée divisée en une municipalité croate (Mostar-Ouest) et une municipalité musulmane (Mostar-Est). Se superposant aux institutions républicaines d'avant guerre, entérinant la territorialisation des communautés issue de la guerre, la Fédération croato-musulmane a conduit à un contrôle renforcé et mutuellement reconnu des partis nationalistes musulman (SDA, Parti de l'action démocratique, dirigé par le président de la Bosnie Alija Izetbegovic) et croate (HDZ, Communauté démocratique croate) sur leurs territoires respectifs.

Ainsi la constitution à Tuzla, en août 1994, d'un premier canton sur les huit que la Fédération doit compter s'est-elle soldée par la marginalisation de la municipalité gérée par les partis "citoyens" (non nationalistes), par la mainmise du SDA sur ce canton à majorité musulmane et par la dégradation des relations avec la minorité croate locale. Malgré sa mainmise sur l'armée, la police, les médias et les grandes entreprises, le SDA a continué de se heurter aux partis "citoyens", comme l'ont montré en février 1995 les vives polémiques, au sein de la Présidence collégiale, sur l'islamisation de l'armée bosniaque.

Le HDZ, lui, a continué de régner sans partage sur des territoires croates de Bosnie toujours rassemblés dans une "république croate d'Herceg-Bosna" autoproclamée depuis août 1992. L'"Herceg-Bosna" représente également un espace monétaire et douanier distinct. Elle fonde sa relative prospérité économique sur son intégration à l'économie de la Croatie et sur la taxation des échanges légaux ou illégaux vers les territoires musulmans.

Malgré le rétablissement des circuits commerciaux et monétaires, ces territoires apparaissaient par contraste extrêmement démunis, la majorité de la population continuant à dépendre de l'aide humanitaire.

La relance de l'activité économique, annoncée par le Premier ministre de la République de Bosnie-Herzégovine Haris Silajdzic en 1993, s'est heurtée à la dégradation des infrastructures et à la fuite des cadres, ainsi qu'à une incurie et une corruption généralisées.

Elle a semblé finalement limitée au seul secteur de l'industrie d'armement. La rupture entre la Serbie et la "république serbe" autoproclamée en Bosnie après le refus de cette dernière.... »

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