Bosnie-Herzégovine 1995-1996 Une paix incertaine et fragile Marqué depuis son commencement, le 6 avril 1992, par une nette supériorité de...
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Bosnie-Herzégovine 1995-1996
Une paix incertaine et fragile
Marqué depuis son commencement, le 6 avril 1992, par une nette supériorité de
l'armée de la "république serbe" autoproclamée sur ses adversaires bosniaques
(Armée bosniaque - ABH -, majoritairement musulmane) et croates (Conseil de
défense croate, HVO), le conflit en Bosnie-Herzégovine a connu un brusque
retournement à l'été 1995.
En juillet, la chute des enclaves musulmanes de Srebrenica et de Zepa, suivie du
massacre de plusieurs milliers d'hommes, avait donné l'impression d'une
supériorité et d'une impunité persistantes des forces serbes.
Mais, dès le mois
d'août, une nouvelle offensive contre l'enclave musulmane de Bihac a été contrée
par l'armée de la République de Croatie qui, en balayant la "république serbe de
Krajina" constituée sur son territoire, a désenclavé cette ville.
Un mois plus
tard, un bombardement meurtrier sur Sarajevo a provoqué des frappes aériennes
massives de l'OTAN contre les forces serbes, que l'armée bosniaque et le HVO ont
mises à profit pour reprendre 15 % à 20 % du territoire bosniaque.
Ce renversement militaire s'explique par des évolutions politiques antérieures.
D'une part, il reflète le renforcement progressif de l'armée bosniaque et du
HVO, après la fin des affrontements croato-musulmans en mars 1994, et
l'épuisement tout aussi progressif de la "république serbe", accéléré par la
crise de ses relations avec la République fédérative de Yougoslavie (RFY,
réunissant Serbie et Monténégro) en août 1994.
D'autre part, il a traduit le
durcissement de la communauté internationale face à une "république serbe", de
plus en plus isolée dans son intransigeance.
Cette nouvelle donne militaire et diplomatique a facilité la médiation du
diplomate américain Richard Holbrooke.
Deux accords préliminaires sur l'avenir
de la Bosnie-Herzégovine ont été signés en septembre, et un cessez-le-feu
général est entré en vigueur un mois plus tard.
Enfin, après de difficiles
négociations sur la base militaire américaine de Dayton (Ohio), des accords de
paix ont été conclus le 21 novembre.
Ils ont été officiellement signés le 14
décembre 1995 à Paris par les présidents bosniaque Alija Izetbegovic, serbe
Slobodan Milosevic et croate Franjo Tudjman.
Une semaine plus tard, le
remplacement de la Force de protection des Nations unies (Forpronu) par une
Force d'application (Implementation Force, Ifor), forte de 60 000 hommes, dont
20 000 Américains, a confirmé le rôle dominant des États-Unis dans cette
dernière phase du conflit.
Des accords complexes et ambigus
Le tournant de l'été 1995 a correspondu à des évolutions politiques plus
profondes, et n'a pas contredit la dynamique générale du conflit bosniaque.
De
même, les accords de Dayton ont largement entériné la constitution de
territoires ethniques en Bosnie-Herzégovine, finalité première de ce conflit.
Avec ces accords, la Bosnie-Herzégovine s'est retrouvée partagée en deux
entités: la Fédération croato-musulmane (49 % du territoire bosniaque) et la
République serbe (51 %).
Chacune de ces entités dispose de sa propre
Constitution, de sa propre police et de ses propres forces armées, et a "le
droit d'établir des relations bilatérales spéciales avec les États voisins".
La
Fédération croato-musulmane, créée en mars 1994 par les accords de Washington,
est elle-même composée de neuf cantons (quatre musulmans, deux croates, trois
mixtes), et dotée d'institutions associant représentants musulmans et croates.
Sur un modèle similaire, les accords de Dayton ont conçu des institutions
communes à la Fédération croato-musulmane et à la République serbe (Parlement
bicaméral, Présidence collégiale, Cour institutionnelle, Banque centrale)
chargées de la politique étrangère et des questions monétaires et douanières,
ainsi que diverses instances de médiation et d'arbitrage (Commission des droits
de l'homme, Haut représentant de l'ONU, force de police internationale).
Enfin,
les accords ont prévu la poursuite des criminels de guerre par le Tribunal
international pour l'ex-Yougoslavie, créé en février 1993 par l'ONU, le libre
retour des réfugiés et l'organisation d'élections générales, conditions
préalables à un rétablissement durable de la paix.
Le dispositif mis en place par les accords de Dayton s'est donc révélé complexe
et ambigu, voire paradoxal.
Entérinant le résultat militaire et politique du
conflit, ces accords prétendent en effacer les conséquences humaines et....
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