Bossuet considérait le genre romanesque comme dangereux pour les mœurs. Le roman contemporain justifie-t-il encore ce jugement ? Analyse du...
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Bossuet considérait le genre romanesque comme dangereux pour les
mœurs.
Le roman contemporain justifie-t-il encore ce jugement ?
Analyse du sujet et problématisation :
Le sujet invite à considérer dans quelle mesure un jugement du XVIIe siècle peut
s’appliquer au roman contemporain.
Le jugement est celui de Bossuet écrivain et prédicateur du XVIIe siècle célèbre
pour ses Sermons.
Bossuet considère le genre romanesque comme dangereux pour les
mœurs.
Le terme de mœurs mérite ici une attention plus précise du fait de ses multiples
significations.
Par mœurs on entendra d’une part des habitudes sociales ou individuelles
propres à une époque ,et, d’autres part une conduite morale codifiée par la société.
Dire
que le roman est dangereux pour les mœurs c’est le considérer comme un genre amoral
mettant en cause les habitudes d’une société.
Par roman contemporain, on entendra le roman du XXe siècle (essentiellement à
partir de la deuxième moitié) à nos jours.
Problématique : Le roman contemporain peut-il être considéré comme
source d’immoralité ou comme remettant en cause les habitudes sociales et
individuelles des XXe et XXIe siècle ?
I)
La remise en cause des mœurs par le roman contemporain
1)
Un regard critique sur la société
Le roman contemporain, dans la continuité du roman réaliste et naturaliste du XIX
siècle propose une vision très critique de la société, appelant à une remise en cause
de(voire à une révolte contre) l’ordre moral, social et politique.
Les deux guerres mondiales
et l’expérience totalitaire nourrissent ce sentiment de révolte.
à étudier ici la littérature
concentrationnaire ( certaines œuvres non fictives prennent une forme romanesque ; le
roman apparaît comme la forme adéquate pour dire l’indicible.
Cf.
Si c’est un homme de
Primo Levi ou La Nuit d’Elie Wiesel).
On peut noter par ailleurs le développement au XXe siècle d’un nouveau genre de
roman, la dystopie ou anti-utopie.
Ces romans, dont la dimension politique est essentielle,
décrivent un monde livré à l’arbitraire de la dictature et dénoncent la mise en place de
mœurs dangereuses.
à cf.1984 d’Orwell ou Le meilleur des mondes d’Huxley
2)
Un regard désenchanté sur le monde
Le roman contemporain remet en cause les mœurs en portant un regard
désenchanté sur le monde et en dénonçant des modes d’existence absurdes.
Le roman se
fait plus personnel, plus intime interrogeant non seulement les mœurs, mais, à travers
elle, les fondements de l’existence.
Au XXe siècle, la philosophie existentialiste, telle qu’elle
a été créée par Kierkegaard et qu’elle est véhiculée en France par Sartre, joue un rôle dans
l’évolution du genre romanesque.
Ainsi peut-on observer l'émergence dans les années
1930 de romans faisant écho aux concepts de la philosophie existentialiste, romans
prenant souventl a forme d’un récit à la première personne, voire d’un journal et
développant les thèmes de la solitude, de l’angoisse, de la difficulté à communiquer et à
trouver un sens à l’existence.
On trouve également dans ces roman une certaine critique
de la modernité et de l’optimisme humaniste.
Le roman contemporain a donc tendance à
remettre en cause les assises stables de l’existence que sont les mœurs, en révélant leur
caractère absurde.
Ex : La Nausée de Sartre, L’Etranger de Camus
II)
L’existence d’un roman contemporain « moraliste »
L’adjectif « moraliste » est associé à un groupe d’écrivains français du XVIIe et
XVIIIe siècle ( La Rochefoucauld, Montaigne, La Bruyère).
Mais il existe des romanciers
contemporains héritiers des moralistes.
1)
Les principes des moralistes
Est moraliste, au premier chef, l'auteur qui s'attache à l'étude des mœurs et qui tire
en outre de son observation un enseignement qui presque toujours est d'ordre pratique.
L'écriture moraliste se caractérise par le choix d'une forme discontinue qui n’obéit pas à
une organisation pré-établie et argumentée.
Le moraliste refuse par là le discours construit,
démonstratif et prescriptif, et conteste ainsi la posture d'autorité et de savoir qui y est
attachée et qui est précisément celle du « moralisateur » (celui qui donne des leçons de
morale).
On peut donc, par extension, considérer comme moraliste Tout individu qui écrit
au sujet des mœurs et de l'homme sans pour autant adopter la forme du....
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