Brésil 1982-1983 La banqueroute économique Lourdes de conséquences pour l'avenir, deux séries d'événements ont marqué l'année 1982 au Brésil: l'intervention...
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Brésil 1982-1983
La banqueroute économique
Lourdes de conséquences pour l'avenir, deux séries d'événements ont marqué
l'année 1982 au Brésil: l'intervention du FMI et l'élection à la tête des États
les plus importants de la fédération de gouverneurs appartenant aux partis
d'opposition.
Prévue de longue date, l'insolvabilité financière est apparue au
grand jour en 1983.
Après avoir égrené l'habituel chapelet de déclarations
euphorisantes, c'est en septembre 1982 que les autorités brésiliennes ont ouvert
de discrètes négociations avec le FMI et les grandes banques commerciales
occidentales, en vue du rééchelonnement de la dette extérieure du pays.
Avoisinant 90 milliards de dollars à la fin de 1982, cet endettement plaçait le
Brésil au premier rang mondial des pays débiteurs.
C'est à cette même époque que le président Figueiredo s'adresse à l'Assemblée
générale de l'ONU pour y prononcer un vibrant plaidoyer en faveur des pays en
voie de développement.
"La politique économique des grandes puissances détruit
des richesses sans rien bâtir en retour", déclarait alors le général Figueiredo,
retrouvant à cette occasion les accents tiers-mondistes qui ont marqué ces
dernières années la diplomatie brésilienne.
Pourtant, la suite des événements
allait démontrer que l'étau de la dette extérieure plaçait le Brésil sous la
coupe des banques et du Trésor américain, obérant ainsi sérieusement les
velléités d'indépendance de la diplomatie brésilienne à l'égard de Washington.
Ces mêmes contraintes extérieures limitent aussi l'autonomie des gouvernements
du Venezuela, du Pérou, de l'Argentine, et du Mexique.
Ce tournant dans les relations entre les États-Unis et les principaux pays
latino-américains est amorcé au milieu de l'année 1982, quand le Mexique annonce
qu'il n'est plus en condition d'honorer ses engagements financiers
internationaux.
Méfiantes, les grandes banques commerciales commencent à
restreindre les prêts aux pays latino-américains.
Quelques semaines auparavant,
l'Argentine avait déclenché la guerre aux Malouines: une aventure militaire qui
plonge le pays dans une grave crise et alourdit sa dette extérieure de 9
milliards de dollars.
Le fait que les neuf premières banques américaines aient
déjà engagé un montant équivalent à 120% de leur capital dans des prêts à
l'Argentine, au Mexique et au Brésil montre la dimension internationale des
difficultés économiques et sociales de ces pays.
La défaillance financière brésilienne fait suite à une récession économique
d'une ampleur sans précédent, dont les premiers signes sont apparus dès 1974, à
la suite du premier choc pétrolier.
La vulnérabilité du pays est devenue plus
évidente encore en 1978 lorsque les taux d'intérêt de l'eurodollar ont commencé
à grimper, aggravant les charges de la dette.
On assistait en même temps à une
forte détérioration des termes de l'échange, conséquence du renchérissement des
importations et de la chute simultanée des prix des produits d'exportation
brésiliens.
Stimulé par une forte inflation, le PIB s'est encore accru de 6,8%
en 1979 et de 7,9% en 1980.
Mais en 1981 - et pour la première fois depuis
l'après-guerre - celui-ci déclinait de 1,9%.
Et on s'attendait en 1982 à une
croissance proche de zéro, tandis que les experts prévoyaient une nouvelle chute
de 4% en 1983.
En dépit de la contraction de l'activité économique, les taux
d'inflation ont continué à augmenter pendant ces dernières années: 77% en 1979,
110% en 1980, 95% en 1981, 99% en 1982 et 100% prévus pour 1983.
Une étude, publiée avant que ne soient connues les nouvelles restrictions
imposées par le FMI, démontrait que l'économie brésilienne devrait avoir un taux
de croissance annuel de 5% à partir de 1983, pour espérer atteindre en 1985 le
même niveau d'emploi industriel qu'en 1980.
A São Paulo, centre industriel du
pays, le niveau de l'emploi dans l'industrie en 1982 restait inférieur en effet
à celui enregistré en 1976.
Pour mieux mesurer l'impact global de la récession,
les chiffres cités ci-dessus doivent être rapprochés de certaines données
socio-économiques et démographiques.
Ainsi, alors que 40% de la population
économiquement active reçoivent des revenus égaux ou inférieurs à un salaire
minimum (correspondant à 100 dollars environ), le marché du travail augmente
chaque année de 1,3 million de personnes.
Le simple maintien du statu quo social
demanderait la poursuite d'objectifs de croissance économique hors de portée du
gouvernement militaire.
C'est dans ce contexte de "stagnation" et de crise sociale que le pays prend
connaissance du plan de redressement négocié entre les autorités brésiliennes,
le FMI et les banques occidentales.
À l'issue d'un premier cycle de discussions
conclu en février 1983, le Brésil obtient l'accord de la communauté financière
internationale pour un ajournement du versement des 4 milliards de dollars dus
au titre de l'amortissement de la dette en 1983.
Le FMI accorde en outre à
Brasilia un prêt de 5,4 milliards de dollars - le plus important jamais concédé
par cette institution - tandis que les banquiers occidentaux avanceront 4,4
milliards de dollars.
Deux milliards de dollars supplémentaires (sous forme de
prêts à court terme) ont été consentis par la Banque de règlements
internationaux et les banques privées européennes et américaines.
Le Brésil
s'engage en revanche à payer tous les intérêts de la dette dus en 1983, à
rembourser les emprunts à court terme et, surtout, à appliquer le programme de
politique économique dicté par le FMI et les banquiers occidentaux.
Ce plan qui
court jusqu'en 1986 comporte trois volets: la suppression des subventions
officielles et des incitations fiscales à l'agriculture, la réduction du déficit
du secteur public et la modification de la politique salariale.
Une fois encore,
l'objectif du FMI est essentiellement d'ordre financier.
Au prix d'une forte
contraction des dépenses publiques et de la consommation, on tente d'obtenir un
excédent commercial de 6 milliards de....
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