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Brésil 1983-1984 L'ombre du FMI 1983 a été une bien mauvaise année pour le Brésil. Dans le Nordeste semi-aride, la...

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« Brésil 1983-1984 L'ombre du FMI 1983 a été une bien mauvaise année pour le Brésil.

Dans le Nordeste semi-aride, la situation provoquée par une cinquième année consécutive sans pluie, aggravée par les structures foncières anachroniques et l'absence d'une politique adéquate, s'est transformée en un drame humain sans précédent.

Des inondations ont ravagé le Sud du pays, leur ampleur s'expliquant par le déboisement excessif des bassins versants des rivières.

Mais la vraie catastrophe a été économique.

A la suite du "septembre noir" de 1982, marqué par la suspension du service de l'énorme dette extérieure évaluée à l'époque à 90 milliards de dollars, les négociations s'engagèrent entre le Brésil et le Fonds monétaire international (FMI).

Si l'intervention de cet organisme auprès des banques privées créancières permit au Brésil de "rééchelonner" à un prix souvent excessif les dettes venant à échéance en 1984, il dut se soumettre en contrepartie à un programme draconien de redressement, aux conséquences sociales désastreuses.

Une fois de plus, malgré les échecs essuyés dans d'autres pays, les experts du FMI optèrent pour la "cure de récession". La "recette magique" du FMI Voici les principaux ingrédients de cette "potion amère", censée maîtriser l'inflation et produire un excédent de balance commerciale pour assurer le service de la dette extérieure: forte contraction de la masse monétaire, réduction des dépenses sociales de l'État et des investissements du secteur public, suppression de toutes les subventions, y compris celles favorisant la production de denrées alimentaires de première nécessité, dévaluations successives du cruzeiro à un rythme supérieur à celui de l'inflation, compression des importations, enfin "désindexation" de l'économie, commençant par l'érosion systématique du pouvoir d'achat des salaires. Les résultats ne sont pas fait attendre.

Au lieu de ralentir, le rythme de l'inflation a doublé, passant à...

178% en 1983! L'excédent de la balance commerciale, de 6,5 milliards de dollars, a été obtenu essentiellement par la réduction des importations.

La pénurie de capitaux a porté le loyer de l'argent à des niveaux d'usure rendant pratiquement impossible le recours au crédit pour des investissements productifs.

La spéculation financière s'est donc emballée: jamais les banques ne se seront portées aussi bien.

Pénalisées par la très forte dévaluation du cruzeiro, supérieure de 25% au taux de l'inflation, les entreprises qui s'étaient endettées à l'extérieur se sont trouvées au bord de la faillite.

La baisse des investissements publics (et privés aussi) a porté un coup fatal à l'industrie des biens d'équipement sur commande, réduite à travailler au tiers de sa capacité.

La construction navale a connu le même sort. La production industrielle a chuté au cours de l'année d'environ 8%, entraînant une réduction du PIB de l'ordre de 4% (soit -6,5% pour le PIB par habitant!). Les industries de São Paulo ont licencié 140 000 ouvriers en 1983 et plus de 400 000 depuis 1980.

Selon les branches et les régions, l'économie brésilienne a régressé au cours de ces trois années au niveau de 1976 et parfois même de 1973. Situation d'autant plus grave que dans le même temps, le taux annuel de croissance démographique était de 2,2% et celui de l'accroissement de la population en âge de travailler avoisinait 3%. Le Brésil aurait besoin de 1,5 million d'emplois nouveaux par an.

Le chômage ouvert était à la fin de 1983 de 7,5 millions de personnes dont 1 million dans la seule ville de São Paulo et ses banlieues ; selon certaines estimations, il approcherait les 10 millions en 1984.

Le sous-emploi est difficile à chiffrer, mais la prolifération soudaine de vendeurs ambulants constitue un indice sûr de son augmentation.

Dans l'agriculture, on a enregistré une poussée de la production des cultures d'exportation et surtout de la canne à sucre, dont on a extrait en 1983 huit milliards de litres d'alcool, servant de carburant pour les voitures.

En revanche, les cultures vivrières ont reculé: la production par habitant des cinq principales cultures vivrières a diminué de 25% par rapport à 1977, alors que celle de la canne augmentait de 57%.

Il n'est donc pas étonnant que les prix des denrées alimentaires se soient envolés, devançant de quelque 20% le taux général de l'inflation.

En même temps, la masse des salaires a baissé de 21,5% en termes réels, sous l'effet conjugué de la réduction du volume d'emploi et de l'érosion du pouvoir d'achat.

On comprendra aisément dans ces conditions que des phénomènes d'anomie sociale aient pu s'accentuer. Si le Brésil n'a pas encore connu des émeutes de la faim aussi intenses qu'en Tunisie ou au Maroc, le pillage des grands magasins est devenu assez courant, même à Rio de Janeiro et São Paulo, sans parler des petites villes du Nordeste où campent les "flagelados" (sinistrés) rescapés des zones frappées par la sécheresse.

La "potion amère" du FMI se justifiait d'autant moins que, malgré ces mesures drastiques, la dette extérieure a encore augmenté de 10 milliards de dollars en 1983. L'opposition a eu beau jeu de démontrer chiffres en main que le Brésil devait se résoudre à proclamer un moratoire, non pas pour dénoncer la dette mais pour amorcer enfin une négociation politique sérieuse sur sa consolidation puis les modalités de remboursement.

Selon les tenants de cette politique, ces modalités devraient être conditionnées par une amélioration des "termes de l'échange" (rapportant l'évolution des prix des produits exportés à ceux des produits importés), très détériorés depuis 1977, le retour des taux d'intérêt demandés par les banques internationales à leur niveau historique de 2 à 4% par an (et non pas de 10 à 15%), enfin l'accès des produits industriels brésiliens aux marchés des pays développés.

La dette ne pourra être remboursée que si le pays produit plus et exporte davantage.

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