Brésil 1992-1993 La chute de Fernando Collor Ce n'est qu'au dernier instant, le 29 décembre 1992, alors que tous les...
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Brésil 1992-1993
La chute de Fernando Collor
Ce n'est qu'au dernier instant, le 29 décembre 1992, alors que tous les recours
avaient été épuisés, devant le Sénat réuni en session extraordinaire pour voter
son impeachment, que le président Fernando Collor, au pouvoir depuis 1989, a
fait savoir qu'il démissionnait.
Cette annonce clôturait huit mois de procédures politiques et juridiques visant
à déterminer la responsabilité et la participation directe du chef de l'État
dans des affaires de corruption impliquant ses proches collaborateurs.
Les
agissements du président et de ses proches avaient été soumis à la triple
enquête de la police, de la commission du Congrès et de la presse.
Puis les
collégiens, suivis de leurs parents, étaient descendus dans la rue pour exiger
le départ du chef de l'État.
Malgré toute cette agitation, dans un contexte
social fort explosif au départ, aucune menace n'a pesé sur l'ordre démocratique,
et les institutions politiques et judiciaires sont parvenues, sans interférence
insurmontable, à mener le processus à terme.
Il s'est agi là d'une victoire pour
un pays encore hanté par vingt ans de dictature militaire et n'en finissant plus
d'exorciser sa culture autoritaire.
Malgré le soulagement qui a donc accompagné
l'épilogue de ce sordide épisode, c'est avec un mélange d'espoir et
d'appréhension que la population a vu l'installation du gouvernement du
vice-président Itamar Franco.
Les marchés ont très mal réagi à cette trop longue période d'incertitude
politique.
La croissance du PIB a été négative (-0,9%) en 1992 et, malgré la
faiblesse de la production et des investissements, l'inflation s'est maintenue
au taux moyen de 23% par mois, pour un total cumulé de l'ordre de 1150% pour
l'année.
L'évolution de la conjoncture au premier trimestre de 1993 a indiqué
une nouvelle hausse de l'inflation mensuelle qui a atteint en moyenne 29%.
Au plan social, l'horreur s'est poursuivie.
Le choléra, menaçant presque
exclusivement les plus pauvres, est entré dans la vie quotidienne.
A São Paulo,
la police a tué 110 prisonniers désarmés en matant, à l'arme automatique, une
émeute dans le pénitencier de Carandirú.
Parce que les réservoirs, les citernes
et les aqueducs promis n'ont pas été construits, le Nordeste a souffert de la
pire sécheresse qui ait frappé la région en quarante ans.
Dénonciation de la corruption
En avril 1992, le président Collor était parvenu à se rapprocher du Congrès et
disposait pour la première fois de la base parlementaire indispensable à
l'approbation de ses réformes.
Au plan économique, la conclusion des
négociations sur la dette externe avec les principales banques étrangères
permettait d'espérer une reprise des investissements.
Les préparatifs et les
consultations préalables en vue du "sommet" pour l'environnement, qui a eu lieu
en juin 1992 à Rio de Janeiro, donnaient au pays une occasion de s'illustrer sur
la scène internationale.
Poussé par des motifs qui sont demeurés obscurs, c'est ce moment que choisit le
frère du président, Pedro Collor, pour lancer de très sérieuses accusations
contre Paulo Cesar Farias, le trésorier de la campagne de son aîné en 1989.
Il
affirmait que celui-ci était à la tête d'un important réseau de trafic
d'influence, profondément incrusté dans les ministères de l'administration
fédérale.
Dans ses propos, P.
Collor laissait entendre que son frère était au
courant et protégeait son ami et collaborateur.
D'autres révélations, largement
diffusées par la presse écrite, qui joua dans cette affaire un rôle de premier
plan, obligèrent la police fédérale à ouvrir une enquête et amenèrent le Congrès
à former sa propre commission d'investigation.
Son enrichissement frauduleux ayant été démontré sans qu'il eût pu se disculper,
Fernando Collor, clamant toujours son innocence, appela la majorité silencieuse
à lui manifester son appui, habillée de vert et de jaune, les couleurs
nationales.
Le dimanche 16 août 1992, les Brésiliens répondirent en arpentant
par centaine de milliers le pavé, tous vêtus de noir...
Les manifestations de
jeunes défilant le visage bariolé eurent, par ailleurs, un effet catalyseur.
La
simplicité non partisane des mots d'ordre réclamant la fin de la corruption, la
fin de l'impunité et la moralisation de la vie publique créa un vaste mouvement
d'opinion que la classe politique se dut d'accompagner.
Du jour au lendemain,
même (et surtout) des hommes politiques à la réputation douteuse tels que Paulo
Maluf, candidat à la mairie de São Paulo et qui, après avoir sabordé le PDS, a
fondé le PPR (Parti progressiste réformateur) destiné à soutenir sa probable
candidature à la présidence du pays, et Orestes Quercia, chef du PMDB (Parti du
mouvement démocratique brésilien) devinrent les grands défenseurs de la moralité
publique.
Les patrons, sans lesquels la grande corruption n'existerait pas, se
rallièrent au mouvement.
Homme politique de second rang connu pour ses sautes d'humeur, le vice-président
Itamar Franco est sorti de l'ombre où....
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