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« Brésil 1993-1994 Élections sur fond de corruption Le premier semestre 1994 a vu se poursuivre les révélations de cas de corruption, de pots-de-vin, de trafics d'influence prouvant que l'État brésilien demeurait l'otage de ceux qui agissent en son nom.

Cette avalanche d'affaires, en scandalisant l'opinion et en affaiblissant la position des élus mis en cause, a transformé les relations partisanes et donc pesé lourdement sur les deux événements politiques majeurs de l'année 1994, prévus de longue date: la révision de la Constitution promulguée en 1988 et les élections présidentielle et législatives fixées à l'automne 1994. De fait, les espoirs qu'avait suscités l'impeachment de Fernando Collor se sont vite envolés.

Lorsqu'en décembre 1992 celui-ci avait été contraint de démissionner de la présence de la République, consécutivement aux délits de corruption passive dont il avait été reconnu coupable, beaucoup de Brésiliens avaient cru que son départ allait inaugurer une ère nouvelle.

Mais F.

Collor, en raison de querelles de procédure, était resté en liberté et continuait de jouir de ses 10 millions de dollars frauduleusement acquis.

Par ailleurs, les commis de l'État impliqués dans de nouvelles affaires d'enrichissement personnel demeuraient souvent impunis.

De la désillusion, les Brésiliens sont passés à l'indignation quand une commission d'enquête parlementaire a mis au jour, en octobre 1993, un système de détournement de fonds, associant une vingtaine d'élus de tous bords (dont les ex-présidents des deux chambres, Ibsen Pinheiro et Mauro Benevides), deux ministres et divers hauts fonctionnaires de l'appareil exécutif et législatif.

En jouant sur la procédure budgétaire, ces personnes auraient détourné, à partir de 1989, environ 16 millions de dollars. L'enjeu des présidentielles Ce scandale étant survenu au moment où s'ouvrait la révision constitutionnelle, celle-ci n'a pu véritablement aboutir.

Le temps passé par les parlementaires à défendre ou à dénigrer leurs collègues mis en cause a, en effet, freiné l'avancée des travaux.

Les députés de la gauche populiste (Parti démocratique travailliste) ou radicale (Parti des travailleurs) étaient, en outre, hostiles au toilettage d'inspiration libérale proposé par le gouvernement.

De même, nombre des conservateurs disposés à modifier la Constitution dans ce sens redoutaient d'être sanctionnés par les électeurs que mobilisaient les syndicats attachés à la défense de leurs intérêts.

Parmi les propositions rejetées figuraient ainsi celles visant à un allégement des obligations patronales à l'égard des employés, à une circulation plus libre des capitaux étrangers et à la modification du statut des entreprises du secteur public.

Seules les questions directement liées aux formes de représentation ont été approuvées: réduction de la durée du mandat des prochains présidents à quatre ans au lieu de cinq; maintien du vote obligatoire - qui permet au clientélisme de prospérer, les pauvres, surtout les analphabètes (18% de l'électorat), profitant souvent des élections pour troquer leur vote contre des biens en tout genre -, etc. La désignation des candidats à la présidence et les intentions de vote en leur faveur se sont trouvées modifiées par le mécontentement suscité par les scandales.

Ainsi, le candidat du Parti des travailleurs (PT, gauche radicale), Luis Inácio Lula da Silva (dit "Lula"), chef de file charismatique et jouissant d'une image d'intégrité, avait-il creusé l'écart avec des concurrents plus ou moins impliqués dans les affaires en cours.

Crédité de plus de 30% des intentions de vote dès février 1994, il était donné vainqueur au second tour quel que soit son adversaire.

Nombre des clans conservateurs, craignant que sa victoire n'entraîne l'adoption de réformes structurelles (fiscale, agraire, foncière et judiciaire) susceptibles de réduire fortement leurs privilèges et leur domination séculaire, avaient dès lors choisi d'élargir leurs alliances. Deux formations aux électorats complémentaires s'étaient unies: le Parti du front libéral (PFL), deuxième formation du pays par le nombre de municipalités et de sièges parlementaires détenus, puissante dans le Nordeste, et le Parti social démocrate brésilien (PSDB) aux caciques convertis aux vertus du marché, forts dans l'État de São Paulo (16% de l'électorat du Brésil), appréciés des couches instruites de la population, mais sans influence dans les régions déshéritées.

Elles ont choisi pour candidat commun Fernando Henrique Cardoso (PSDB), sociologue devenu ministre en 1993, auteur du plan de stabilisation économique mis en oeuvre à compter de février 1994. Début juillet 1994, l'élection présidentielle semblait devoir se jouer entre F.H.

Cardoso (21% des intentions de vote) et "Lula" (37%), à moins que la capacité d'Orestes Quercia (17%) à mobiliser les appareils électoraux aux mains de sa formation centriste ne vînt brouiller les cartes.

Prêchant pour une industrialisation massive soutenue par l'intervention de l'État, et chef d'une formation bien implantée dans tout le territoire.... »

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